Rendre grâce pour la Grâce

Frédéric Jacques




La première chose qu'il me vient à l'esprit quand l'on me parle de grâce, c'est de remercier le Seigneur pour sa Grâce. Le mot en lui-même n'est pas très simple puisqu'on l'emploie dans différents sens «laïcs» comme la «grâce présidentielle» ou encore la «grâce d'une danseuse». Je serais très ennuyé si je devais parler de son sens chrétien à des non-croyants : leur dire «pour moi la Grâce c'est le don de la Foi» n'apporterait pas grand-chose au débat. Cependant c'est bien ça. Notre foi ne vient pas de nous ; elle nous a été donnée par le Seigneur, notre Dieu. Et à cet endroit pointent les premières difficultés : pourquoi l'ai-je reçu moi et alors que certains ne l'ont pas ?


Je pourrais éluder le problème en expliquant que Dieu appelle tout le monde mais que, malheureusement, tout le monde ne l'entend pas. Ce qui impliquerait alors la question de savoir pourquoi certaines personnes entendent cet appel et pas d'autres. Là interviennent sans doute des facteurs comme la peur ou bien encore la pression sociale, qui est plutôt en faveur de l'athéisme dans notre pays. Eh oui ! il n'est pas toujours facile de proclamer sa foi au grand jour. Ce n'est que par la Grâce de Dieu, qui s'exprime par le don de son esprit, que l'on peut trouver la force de le faire. Pensons aux Apôtres qui n'annoncent la Bonne Nouvelle qu'à partir de la Pentecôte. Quoi qu'il en soit, je ne suis pas plus avancé puisque la possibilité d'entendre cet appel peut être considérée comme une Grâce. Mes connaissances théologiques n'étant pas très grandes, je préfère m'arrêter là en ce qui concerne une réflexion d'ordre général, pour parler de l'expérience que je peux avoir de la Grâce.


Il pourrait paraître prétentieux de parler de soi pour la Grâce, mais c'est le seul choix pour ceux qui sont plus sensibles qu'intellectuels. Cet amour que Dieu nous envoie, qui est si fort que l'on pourrait presque avoir peur qu'il nous écrase, que l'on ne peut pas refuser tellement il est grand, magnifique et gratuit, est la Grâce. C'est lui qui nous fait croire envers et contre tout, qui nous porte à croire malgré toutes les preuves «scientifiques» dont d'aucuns voudraient voir être la négation totale de Dieu. Le Seigneur lui-même vient nous prendre par la main pour nous montrer Sa Gloire. Pour cette raison, je pense que la Grâce est étroitement liée à l'Espérance. Avant de prendre conscience de l'Amour que m'offrait Dieu, ne L'ai-je pas senti marcher à mes côtés pendant de nombreuses années ? Il était toujours là, Il ne m'abandonnait pas, même si je ne faisais pas attention à Lui. Et Il est toujours là. S'apercevoir de cette présence nous conduit directement à l'Amour. Et voilà que sans y prendre garde, j'avais reçu la Grâce de vivre avec Dieu. A-t-on besoin d'attendre la mort pour vivre avec Dieu ? Non, Il est là, au milieu de nous, pleinement avec nous. En se rapprochant ainsi du Seigneur, je lis les textes sacrés et je découvre que cela n'est rien d'autre que le mystère de l'Incarnation. Oui ! Dieu est descendu au milieu des Hommes ! Puis celui de la Résurrection. Oui ! le Seigneur est vivant parmi nous ! La Grâce de pouvoir vivre ces mystères, loin de les comprendre entièrement, mais en vivre, nous est donnée par Dieu.

Alors nous sommes poussés par notre Foi à participer aux sacrements. Comment refuser cette invitation que Dieu nous fait, d'être encore plus près de Lui ? Par l'intermédiaire de son Fils, le Père s'offre à nous. Nous ne faisons que l'accueillir humblement, ne comprenant pas toujours comment Lui, si pur, peut vouloir être en communion avec nous, qui sommes loin d'en être dignes avec tous ces péchés que nous portons. Le pardon qu'Il nous donne dans la sacrement de réconciliation est l'expression magnifique de cette Grâce. Malgré toutes mes faiblesses, Dieu me conserve Son Amour.


La Grâce nous conduit donc toujours au bonheur, à la joie. Pensons à Thérèse de l'Enfant-Jésus, et à tous les Saints et les Bienheureux, ils ont vécu pleinement cette joie apportée par la Grâce.


Seigneur, je Te rends grâce d'avoir penché Ton regard sur moi,
Ta Grâce m'a touché, je pleure de joie,
Éternellement, je veux Te louer, Te chanter,
Fais que les païens voient Ton Amour,
Que le monde se remplisse Ta Gloire,
Ô Dieu, Toi dont l'Amour emplit tout mon coeur !

F.J.

Article paru dans Sénevé


Retour à la page principale