L'Église à nouveau propose aux chrétiens de célébrer le Carême. Célébrer, c'est-à-dire donner un relief particulier à certains aspects de la vie chrétienne, et non pas seulement comme une ascèse mais comme une fête; dans la célébration, les chrétiens reconnaissent que ce qui est célébré est joie, est paix, est intervention bienveillante de Dieu dans le coeur de l'homme. Je voudrais à cette occasion soumettre quelques propositions.
Le premier point veut voir en la liberté la direction particulière à la vie spirituelle du laïc. Jésus est venu nous libérer de toute servitude, de tout réglement mortifère. À la place, il nous propose de suivre les élans suscités par l' Esprit Saint, de nous rendre absolument disponibles à toute initiative venant de Dieu. N'être pas soumis à la règle (monastique) signifie en contrepartie une attention peut-être plus urgente et difficile à toutes les interventions possibles de Dieu, à toutes les demandes d'amour, à toutes les occasions différentes d'exprimer sa foi et de s'adresser à Dieu. Soumis ni au choeur ni à l'obéissance au supérieur ni à un certain charisme constitutif d'un ordre religieux, le laïc est tout ensemble prêt à utiliser le trésor entier des spiritualités et des charismes de toute l'Église, et encouragé à inventer encore de nouveaux mots pour dire l'Amour de l'Épouse à l'Époux. Soyons donc absolument libres lors de ce Carême, non pas scrupuleux de respecter un règlement, ce qui, malgré l'effort louable de l'obéissance, ne peut mener, en dehors de la situation très particulière des ordres religieux, qu'à la mort: la Loi est du côté du péché, seule la Foi est vivifiante. Soyons donc prêts à suivre le parcours, le plus souvent déroutant et toujours original, que nous trace Jésus par son Esprit: cela est une vraie exigence, et non du laxisme!
Deuxièmement, pourquoi ne pas mettre, avec Jean-Paul II, la personne du Christ au centre de ce Carême 1997. Osons aimer Jésus, l'aimer vraiment, et construire une relation personnelle avec lui: il désire être notre ami et plus que notre ami! Par la lecture méditée des Évangiles, mettons sous nos yeux celui qui est la Parole faite homme: regardons-le agir, enseigner, aimer, souffrir, et portons ce regard jusqu'à la prière, où nous sommes vraiment face à lui qui est Vivant. Aimons Jésus, et aimons avec lui le Père: faisons confiance à Jésus, il nous a promis son Esprit qui nous donne le droit et l'amour pour dire ``Notre Père"!
Pour réaliser ce point, il faut donc se tourner toujours plus résolumment vers la prière, et ne pas la considérer ni comme une activité réservée à certains chrétiens, ni comme quelque chose que l'on ne fait que parce que cela nous fait plaisir, ou que cela nous fait du bien (comme un week-end à la campagne ou un jogging). Allons vraiment jusqu'à considérer la prière comme un devoir, comme un appel particulier que Jésus lance à tout baptisé et même à tout homme. Dieu veut être aimé dans la prière, Dieu veut que nous lui donnions le silence de la prière, au-delà de tout contentement ou des difficultés que nous puissions rencontrer quand nous prions. Prier, malgré tout et contre toute réticence et tout ``manque d'inspiration", c'est donner vraiment son coeur à Dieu. Or Dieu nous a donné le sien!
Quatrièmement, j'aimerais que l'Aumônerie prenne vraiment au sérieux
l'invitation du Pape à participer aux Journées Mondiales de la
Jeunesse, aussi bien pour ceux qui répondront à la proposition de
l'Aumônerie de constituer un groupe de volontaires pour aider au
déroulement de ses Journées1 que pour les autres qui ne participeront
pas aux journées proprement dites. C'est une chance qui est donnée à
l'Église de France et aux jeunes chrétiens français et il me semble
qu'il faut la saisir. L'Aumônerie doit donc prier pour la préparation
et pour le déroulement de ces Journées, et plus particulièrement
pendant ce temps de Carême. Le vendredi midi, au chapelet, aux Laudes, le jeudi à
la messe, mais aussi chacun d'entre nous dans sa prière personnelle. Je
propose précisément de confier à Joseph, père de Jésus, l'Aumônerie
dans sa préparation des XIIe Journées mondiales de la Jeunesse. Alors
que le thème de ces Journées est ``Maître, où demeures-tu?", saint
Joseph a hébergé Jésus le Sauveur: demandons-lui de nous introduire
dans l'intimité, qu'en tant que père il a connue, avec son fils.
Article paru dans Sénevé
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