1 : Comme nous le dit la traduction allemande de Schwer-Mut qui signifie"humeur lourde", pesanteur de l'âme. Dante la nommait la granda tristezza qui ne naît pas d'une circonstance particulière, mais de l'existence même. La mélancolie constitue l'une des quatre humeurs de la physiologie grecque du IVème siècle avant Jésus-Christ, avec le sang, la lymphe et la bile jaune; et c'est le déséquilibre provoqué par l'accumultion des "substances noires" néfastes qui amène anxiété, tristesse et même frénésie. "Si crainte et tristesse durent longtemps, un tel état est mélancolique." (Hippocrate, Aphorismes). Freud la compare au deuil; il la voit comme une impossibilité pour le sujet de se séparer de l'objet perdu et de réinvestir son être sur un substitut : "C'est une sorte d'hémorragie interne." (S. Freud, Deuil et mélancolie, 1917).
Un tel débordement d'humeur qui submerge l'individu constitue précisément une prison infernale dans la mesure où il enferme celui-ci dans son propre moi qui lui échappe sans cesse et se disperse sans qu'il puisse jamais s'unifier.


2 : Kierkegaard, Point de vue explicatif de mon oeuvre, Edition danoise, p. 567.


3 : S. Kierkegaard, Journal, 1843. Edition danoise, t. 4, p. 33.


4 : A. Rimbaud, Une Saison en Enfer, "Mauvais Sang", p. 127, éd. Poésie Gallimard. On ressent ici un état d'abattement profond du jeune-homme. Toutson être est comme mort vivant. On peut noter ici le sentiment le plus immédiatement physique de l'étouffement. La descente quasi docile dans le cercueil traduit une existence invivable traversée par le vide de la solitude et du désarroi.


5 : S. Kierkagaard, Journal, 1837. Edition danoise, tome 2, p. 235.


6 : A. Rimbaud, Vers nouveaux, Poésie Gallimard, pp. 108-109. Je souligne.


7 : A. Rimbaud, Une Saison en Enfer, "Adieu", Poesie Gallimard, p. 151.


8 : op. cit., "Nuit de l'enfer", p. 131.


9 : A. Rimbaud, Ibidem.


10 : Dans "Age d'or", Rimbaud était déjà hanté par des voix merveilleuses représentant des facettes disjointes de son "moi" éparpillé, et qui le conduisaient à la folie : "Ces mille questions/ Qui se ramifient/ N'amenent, au fond,/ Qu'ivresse et folie."


11 : Ibidem p. 133.


12 : Une Saison en Enfer, "Adieu", p. 151.


13 : Ibidem p. 152.


14 : Ibidem p. 151.


15 : Ibidem p. 151.


16 : Ibidem p. 151.


17 : Une Saison en enfer, "Matin", p. 150.


18 : C'est là l'aspiration à ce que Platon nomme la fin véritable de l'Eros, le Bien suprême qui est en même temps le seul Réel, la Beauté même.


19 : Une Saison en enfer, "Adieu", Poesie Gallimard p. 151.


20 : Etapes sur le chemin de la vie. In vino veritas. Stadier paa livets vei (Soren Kierkegaard, Samlede Vaerker,t.VI, 1902, pp. 21-33.