L'initiation chrétienne, un engagement.

Olivier Morand



L'initiation chrétienne, vous le savez, c'est ce qu'accomplit celui qui reçoit le baptême. On lui donne ce nom, même quand le baptisé est enfant, mais elle prend une forme particulière chez les adultes. Le mot "initiation" est issu du verbe latin "in-ire", qui signifie "entrer". Or le verbe "s'engager" a la même signification, lorsque l'on dit, par exemple, qu'une voiture s'engage dans une route ou un chemin. C'est donc bien à la même notion qu'on a affaire. Cela pourrait peut-être suffire à justifier le texte de l'article, mais il y a d'autres éléments concordants. Dans le groupe de catéchumènes dont je faisais partie, au cours d'une rencontre de préparation, les responsables nous avaient soumis une liste d'expressions, pour nous aider à la méditation. Parmi elles se trouvait précisément le mot "engagement".



Ce mot nous paraissait à la fois essentiel et étrange. Nous nous sommes demandés en particulier si le mot ne rappelait pas trop l'armée. Au fond, c'est un peu le cas, tant les Chrétiens portent parfois le nom de "soldats du Christ". Les armées sont souvent soumises à une discipline très stricte. N'en est-il pas de même de l'Eglise du Christ ? Le Chrétien doit en effet respecter un certain nombre de commandements, et cela n'est jamais facile ; au contraire, on préférerait souvent qu'ils n'existent pas !



Mais le plus important dans ce domaine, c'est peut-être la manifestation de volonté requise pour la validité de cet engagement. Un soldat qui s'engage est fondamentalement un volontaire. Il en est de même de celui qui accomplit l'initiation chrétienne. Au cours du "baptême par étapes", le prosélyte doit apposer sa signature à trois reprises. L'entrée en catéchuménat est en effet consignée sur un registre. La cérémonie de "l'appel décisif", qui a lieu au début du Carême, comporte en son centre un rite appelé "inscription du nom". Ceux qui inscrivent leur nom s'engagent à recevoir les sacrements. Puis, juste après que le ministre a conféré le baptême, mention en est portée sur le "registre des baptêmes", que l'on appelle parfois le "livre de vie" de la paroisse.



L'Eglise catholique se voit parfois reprocher son trop grand formalisme. Je pense malgré tout, et pas seulement parce que j'ai été frotté de diplomatique, que tout cela est indispensable. Je n'oublie pas que le baptême est avant tout une grâce, qu'il est le signe de la vie éternelle, mais c'est aussi un acte juridique. Car il importe que la volonté du baptisé se manifeste dans sa libre réponse à l'appel du Christ aimant. L'engagement comporte évidemment une dimension à laquelle je veux à présent venir. On ne s'engage évidemment pas dans le vide, mais à la suite du peuple de Dieu. Celui qui devient chrétien entre dans l'Eglise, "peuple de Dieu, Corps du Christ, temple de l'Esprit". Pour filer la métaphore militaire, on parle aussi de corps d'armée. Tous ceux qui entrent dans un groupe de catéchuménat l'affirment : c'est la communauté des croyants qui les a incités à suivre ce chemin. Au cours du catéchuménat, on mesure mieux le rôle de la paroisse, de l'aumônerie. L'engagement donne la place au groupe et, comme il nous a été dit, être de l'Eglise, ce n'est pas seulement respecter quelques commandements, c'est aussi adhérer au Credo du peuple de Dieu.



Je n'oublie pas le premier sens du mot "engagement", dont la racine est "gage". Recevoir le baptême, c'est donner une sorte de gage au Christ, le signe qu'on Lui appartient déjà, le signe qu'on reconnaît que l'on Lui doit la vie. Mais le baptême est aussi un gage de la part de Dieu, puisque c'est la marque de Son Amour, et, comme l'Eucharistie, un avant-goût du Royaume.



Enfin, j'ajouterai que le Chrétien est toujours appelé à l'engagement, mais que tous ceux auxquels il prend part s'inscrivent dans ce premier engagement, celui de l'initiation chrétienne.



La déformation professionnelle m'amène à signaler une référence bibliographique. J'invite ceux qui ne le connaîtraient pas à lire ou du moins à feuilleter le Rituel de l'initiation chrétienne des adultes, nouv. éd, Paris : Desclée/Mame, 1997. Le Catéchisme de l'Eglise catholique traite du baptême aux numéros 1213 à 1284.

O.M.

Article paru dans Sénevé


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