Jésus le Nazaréen et Marie la Magdaléenne :

l'abandon amoureux


Marie-Madeleine apparaît toujours entourée de trois autres femmes dont elle semble inséparable: Marie la mère de Jésus, Marie Jacobé et Salomé. Luc est le seul évangéliste à nous signaler, dès le début de la vie publique de Jésus, la présence de ces femmes qui l'accompagnent avec ses apôtres et l'assistent de leurs biens (Luc, VIII, 1-3). Femmes migrantes, elles le suivront partout depuis la Galilée jusqu'à Jérusalem et seront, elles aussi, les témoins de ses paroles, de ses actes et de ses guérisons. Humbles, perspicaces et très actives, elles soutiennent la communauté dans l'unité et l'espérance: ``Tous d'un même coeur étaient assidus à la prière avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères.'' (Actes des Apôtres I, 14).
Disciples fidèles et attentives au Christ, elles le suivront jusqu'au bout, c'est-à-dire au-delà des épreuves et surtout du scandale de son arrestation et de sa mort sur la croix. Les quatre évangiles signalent leur présence au Golgotha ainsi qu'au moment de l'ensevelissement du corps de Notre Seigneur. Au matin de Pâques, elles seront fidèles au rendez-vous donné par Jésus. Elles font donc partie intégrante du groupe des apôtres et des disciples qui vivent avec Jésus et en Lui l'oeuvre du salut du monde.
La présence des femmes est essentielle pour l'oeuvre pascale du Christ et la naissance de l'Eglise à partir de son corps crucifié et enseveli en notre terre. Jésus, le Fils de l'homme est ``né d'une femme'' ( Saint Paul, Epître aux Galates IV, 4); son Eglise est aussi inséparable de ses origines féminines. Et vouloir les oublier serait La couper de sa dimension charnelle et temporelle, et du même coup ne plus La comprendre comme famille et peuple!

Marie-Madeleine occupe une place centrale au coeur de ce groupe féminin: elle semble mener, prendre les initiatives, et son courage lui donne d'oser, d'affronter les regards des médisants et des pharisiens, de réaliser en vérité le saut de la foi. Son amour pour Jésus lui fait dépasser toutes ses craintes et dans le brasier ardent de son coeur elle entraîne tous les autres dans la danse mystique. Fille de Dieu, soeur et épouse de Jésus, elle deviendra mère de Dieu et des hommes au matin de Pâques lorsque le Ressuscité lui donnera mission d'aller porter la Bonne Nouvelle à ses frères: ``Va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.'' (Jean 20, 17)



Jésus ``ressuscite'' la Madeleine et lui redonne son statut de ``fille de Dieu.'' La conversion dans l'abandon d'amour.
``Le Fils de l'homme, Lui, n'a pas où reposer la tête''(Mt VIII, 20) Au milieu des femmes qui suivaient Jésus sur les routes, Marie, surnommée la Magdaléenne, est l'étrangère. Les évangiles synoptiques nous la décrivent comme une solitaire, inconnue dans ses origines et ses liens familiaux. Pourtant on l'appelle ``la Magdaléenne''... Jésus aussi sera connu sous le surnom `` le Nazaréen''. Or ce surnom n'a rien d'un titre honorifique. Bien au contraire, il est entaché d'une connotation péjorative qui indique un certain vagabondage. Le Nazaréen et la Magdaléenne seront ces deux migrants méprisés et exclus par beaucoup en Israël. Ils seront tous les deux montrés du doigt.
De plus, la Madeleine avait été libérée de sept démons par Jésus: ``Marie, appelée la Magdaléenne, de laquelle étaient sortis sept démons.'' (Luc VIII, 2). Le symbolisme hébraïque du chiffre sept désigne la plénitude. Marie était donc totalement ``possédée'', tout entière sous l'empire du démon. Une telle situation l'excluait donc de toute relation, la coupait de toute racine avec le monde et son milieu social. Rejetée par les hommes qui la comptaient pour rien, elle était envoyée à tous les diables!
Jésus est le seul qui vient vraiment vers elle avec l'attention et le regard d'amour d'un véritable ami. Il la prend comme elle est, comme une personne à part entière. Et il va lui manifester son amour en la libérant de tous ses démons. Il la ``ressuscite'', lui redonnant un visage, une vie, une liberté, une relation avec les autres. Lui seul a su toucher le fond de son être, réveiller en elle ce qui était prisonnier et écrasé. Il lui redonne une identité et un vrai nom: il lui fait ainsi recouvrer sa dignité de fille de Dieu: Marie! (Jean 20, 16), elle dont on ne s'intéressait même plus à connaître le nom.

Enfant de Dieu, elle retourne à Dieu de tout son coeur et se livre totalement à la volonté du Père dans le Christ. Elle se fait entièrement réceptive à la grâce de Dieu, et sa conversion est alors radicale: elle a su, tout simplement, ouvrir tout son être à Jésus, s'abandonner entre ses mains comme un enfant, et en cela elle a choisi la plus belle part: ``Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l'avoir révélé aux tout-petits.'' (Matthieu XI, 25).


Marie-Madeleine, la soeur attentive de Jésus: simplicité et complicité fraternelles. L'abandon amoureux à la volonté du Père.
``Marie a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée''. (Luc X, 32)

Marie, assise auprès du Seigneur pour écouter sa parole ``a choisi la meilleure part''. Que faut-il entendre par ce superlatif? Serait-ce une supériorité donnée à la vie contemplative sur la vie active? Jean Cassien (Confer. I, 8) et un certain nombre de Pères de l'Eglise l'ont cru. Toutefois, même si une telle lecture peut conserver un sens allégorique et spirituel, il est question de bien autre chose ici ! Jésus n'a rien d'un gourou ou d'un maître de sagesse enseignant à quelques auditeurs privilégiés. Dans son enseignement la seule et simple écoute n'est jamais donnée comme voie d'accès à son Royaume. Elle doit toujours s'accompagner d'une pratique. Car l'écoute peut se faire stérile ou hypocrite. La parabole des deux fils nous le rappelle: ``Un homme avait deux fils. S'adressant au premier, il lui dit: va-t-en aujourd'hui travailler à la vigne''. ``Je ne veux pas'' répondit-il; mais plus tard, pris de remords il y alla. S'adressant au second, il lui dit la même chose; l'autre répondit: ``Entendu, Seigneur'', et il n'y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du Père ? ``Le premier'' répondent-ils. Jésus leur dit: ``En vérité, je vous le dis, les publicains et les prostitués arrivent avant vous au Royaume de Dieu .'' (Matthieu 21, 28-31). De même, lorsque Jésus désigne le vrai disciple dans l'évangile de Luc, il associe l'écoute et la pratique et les pose comme inséparables pour qui est sage et construit sur le roc: ``Pourquoi m'appelez-vous ``Seigneur, Seigneur'' et ne faites-vous pas ce que je dis? Quiconque vient à moi, écoute ma parole et la met en pratique ressemble à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé, creusé profond et posé les fondations sur le roc ... Celui-là au contraire qui a écouté et n'a pas mis en pratique ressemble à un homme qui aurait bâti sa maison à même le sol, sans fondations. Les flots se sont rués sur elle et aussitôt elle s'est écroulée'' (Luc VI, 46-49).
La Madeleine a choisi de suivre Jésus jusqu'au bout. Migrante assoiffée de Dieu, elle l'écoutera et accomplira Sa Parole. Sa vie est une écoute vivante, une réceptivité totale, c'est-à-dire un accueil actif du don de Dieu. Elle ne dissocie donc pas l'écoute de la pratique. Toutes ses actions sont concentrées et unifiées vers la seule volonté du Père. Elle s'est vraiment quittée elle-même pour suivre le Christ, elle Lui a livré sa vie. Et il lui reste l'essentiel, la meilleure part qui ne lui sera jamais enlevée: l'amour pour Jésus et en Lui qui devient pour elle ``sa part d'héritage et sa coupe'' (Psaume 16). Par son adhésion totale à la volonté divine, par sa vie d'union intime au Christ elle pénètre le mystère de la vraie parenté divine et devient vraiment soeur de Jésus : ``Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma soeur, ma mère.'' (Marc III, 35).

``Le Maître est là et il t'appelle.'' (Jean XI, 28)

Marthe est allée à la rencontre de Jésus, Marie, quant à elle, est restée à la maison. A son retour Marthe appelle sa soeur en secret: ``Le maître est là et il t'appelle'' . Elle se lève en toute hâte et dès qu'elle l'aperçoit se jette en pleurs à ses pieds, en disant comme sa soeur: ``Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort.'' C'est tout ce qu'elle va dire. A la différence de Marthe, aucun dialogue ne s'établit entre Jésus et elle. Pourquoi un tel silence? Jésus connaÓt trop bien Marie. Son geste et ses pleurs ont suffi à tout exprimer. Marie est effondrée. Elle pleure et la voyant, Jésus pleure aussi: la communion dans la douleur est totale: Jésus rencontre Marie dans cette même douleur du deuil, il compatit de tout son coeur à sa souffrance, comme un frère pour sa soeur bien-aimée.
Tout semble s'écrouler pour elle, elle est en proie au désespoir: Jésus, Fils de Dieu, maître et source de toute vie et de toute résurrection, n'a pas pu empêcher que son frère Lazare meure. Tout paraît donc basculer. Mais malgré l'échec, malgré l'épreuve, elle s'appuie sur Jésus, continue au fond d'elle-même à croire en sa puissance de résurrection: elle reste attachée à ses pieds et ses pleurs touchent le coeur miséricordieux de Jésus: alors ``Jésus frémit intérieurement et se troubla''. Ses pleurs expriment sa foi dans la détresse. Ils sont un cri vers Dieu, plus forts que des mots.
Or la résurrection de Lazare approfondira et consolidera la foi de Marie: elle est prête à affronter la mystère de la mort et de la résurrection du Fils de l'homme, mystère de Vie qui surgit de la mort. Jésus lui donne de pénétrer déjà dans le mystère de la Pâque. C'est elle qu'Il choisit pour être l'apôtre des apôtres, comme l'indique l'épisode de l'onction de Béthanie où Marie répand sur Jésus le parfum de la divinité et de la royauté, l'accompagnant au lieu des noces de l'Agneau, et se consacrant à Lui comme épouse. Par sa foi la Madeleine entre dans l'intimité de l'union mystique: ``Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe vierge, sur la poignée du verrou.'' Cantique des cantiques V, 5).



Marie-Madeleine l'apôtre épouse de Dieu: la communion d'amour de Jésus et de Marie. L'abandon de l'épouse dans l'union mystique: ``Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ! Il paît son troupeau parmi les lis.'' (Cantique des cantiques VI, 3).

``Marie, prenant une livre de parfum de vrai nard d'un grand prix, oignit les pieds de Jésus et les lui essuya avec ses cheveux.'' (Jean 12, 3)
La mort et la résurrection de Lazare ont été pour Marie comme un baptême: sa blessure fut comme une ouverture à toute la force de Dieu qui l'a pleinement saisie: elle sait désormais que Jésus est plus fort que la mort. Et elle est là, debout à ses côtés, épouse qui le prècède et l'accompagne au lieu du sacrifice d'amour, du don absolu. Chez Simon le lépreux elle se tient prête à l'accueillir: ``Mon bien-aimé a passé la main par la fente et pour lui mes entrailles ont frémi.'' (Cantique des cantiques V, 4): Elle va consacrer Jésus Roi d'une royauté qui n'est pas dans l'esprit du monde, mais qui est celle du Dieu infiniment humble et aimant, livré pour le pécheurs: c'est la Royauté du Serviteur souffrant annoncée par Isaïe, c'est celle du Berger qui donne sa vie pour ses brebis. Et pour cela Marie s'est faite belle ``comme une jeune mariée parée pour son époux''. Vêtue d'une robe toute neuve, elle a déployé sa chevelure. Avec le parfum de grand nard qu'elle avait acheté pour cette occasion, elle le verse jusqu'à la dernière goutte sur les pieds de Jésus et les essuie avec ses cheveux. A la manière du prophète Samuel sur le roi David (I Sm 16, 13) ou du prêtre Sadoq sur le roi Salomon (I R 1, 39), son geste prophétique constitue le rite du sacre royal de Jésus. ``Et la maison s'emplit de la senteur du parfum.'' (Jean 12, 3): Jésus est Roi, Jésus est Dieu, il va offrir sa vie en sacrifice pour le pardon des péchés. La bonne odeur du Oint de Dieu se répand sur le monde entier qui passe des ténèbres à la Lumière, de la mort à la Vie par la donation du Fils de l'homme. La Madeleine ouvre ainsi le chemin de la Croix. Elle annonce la Passion et la Résurrection du Messie.
Et Jésus approuve Marie-Madeleine contre Judas: ``Elle a fait ce qui était en son pouvoir, d'avance elle a parfumé mon corps pour l'ensevelisement. En vérité, je vous le dis, partout où sera proclamée la Bonne Nouvelle dans le monde entier, on redira aussi à sa mémoire ce qu'elle vient de faire.'' (Marc 14, 8-9). Il souligne la portée prophétique de son geste. La Madeleine, comme Jean le Baptiste, annonce la victoire de Dieu, la gloire de son Christ Sauveur. Nouveau prophète, elle précède l'Agneau de Dieu, et le suit jusqu'au bout, jusqu'au lieu du scandale de la Croix qui a fait fuir les disciples. Et pourtant si elle est scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens, elle manifeste la puissance et la sagesse de Dieu pour ceux qui se sauvent (I Co I, 23-24).

``Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala'' (Jean 19, 25).
Debout, elles sont là, présentes au lieu insoutenable du Calvaire: les femmes n'ont pas abandonné Jésus. Avec Jésus elles traversent la nuit, elles endurent avec Lui les moqueries, les injures et les blasphèmes. Elles ``contemplent'' en Lui le mystère de l'amour fou d'un Dieu pour une humanité trop fière. On imagine bien la Madeleine, dans son grand amour de coeur d'épouse, tenir les pieds ensanglantés de son ``rabbouni'' comme nous le montre le Rétable de Ronzen (XVIème siècle, à la Basilique de Saint-Maximin, dans le Var).
Les femmes seront là aussi pour l'ensevelissement du corps de Jésus (Marc XV, 47). Comme le grain de blé, il faut que le corps du Christ soit enseveli en terre, dans notre terre, pour porter du fruit en abondance. La mort et l'ensevelissement sont intrinséquement liées à la Résurrection: `` Si le grain blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul; s'il meurt, il porte beaucoup de fruits " (Jean, XII, 24). Témoins privilégiés de cet ensevelissement, Marie-Madeleine et Marie-Jacobé regardent le tombeau et comment on place le corps de leur Seigneur. Les témoins de la Résurrection de Jésus seront donc celles qui ont participé étroitement, dans la foi, à sa Passion.


Marie devient ``mère de Dieu'' au matin de Pâque: l'enfantement de la Parole dans le coeur de Marie qui devient messagère de la Résurrection auprès des apôtres. Jésus lui confie d'être une mère spirituelle auprès des autres disciples.

``Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père.'' (Jean XX, 17)

La Madeleine avait bien retenu les paroles de Jésus, elle se rappelait la résurrection de Lazare, Jésus manifestant ainsi qu'Il était la Vie et la résurrection. Elle attend donc, confiante et anxieuse, la venue de ce troisième jour où le Fils de l'homme devait se lever d'entre les morts. Elle part alors dans la nuit (Jean XX, 1) pour être au tombau au lever du jour. L'étonnement et le trouble devant le tombeau vide ne figent pas Marie sur place. Une seule idée surgit das son esprit: il faut prévenir Pierre et les autres disciples! Elle court donc sans plus tarder à leur rencontre. Cet acte détermine la Madeleine dans son courage et sa mission d'apôtre. Mais alors que les disciples s'en retournent chez eux (Jean XX, 10), Marie reste là, seule, en attente de Dieu, comme une mère attentive et confiante, mais aussi anxieuse. Elle se tient debout, appuyée contre le tombeau, et elle pleure: ses pleurs sont comme un cri de révolte à l'égard de ceux qui ont tué Jésus et qui ont fait disparaître son corps.
Elle voit deux anges, en blanc, l'un à la tête et l'autre au pied, où on avait mis le corps de Jésus. Ces deux envoyés de Dieu l'aident à faire le cheminement spirituel pour retrouver, mais autrement, celui qu'elle cherche avec tant de courage. Les anges lui disent intérieurement: ``Femme pourquoi pleures-tu?'' Et elle crie du plus profond de son ceur: ``Vous savez bien pourquoi je pleure: ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où ils l'ont déposé.'' Et suivant l'inspiration des anges, elle se retourne enfin du tombeau: ``Pourquoi donc chercher parmi les morts celui qui est vivant?'' Et là, effectivement, elle voit Jésus debout au milieu du jardin de la vie. Mais elle ne sait pas que c'est Jésus comme nous-mêmes nous ne savons pas que c'est Jésus que l'on rencontre à travers nos frères qui sont les membres de son corps. Jésus lui dit: ``Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?'' Jésus qu'elle n'a pas encore reconnu reprend la question des anges pour amener Marie-Madelene jusqu'au bout de sa recherche et le découvrir. En se faisant connaître de Marie-Madeleine Jésus va couper son obstination qui était de trouver le corps de son Seigneur. A l'appel de son nom elle reconnaît tout de suite Jésus, son berger, et lui dit ``Rabbouni'' que l'on pourrait traduire comme ``petit maître'' ou ``cher maître'', parole affectueuse et tendre dans la bouche de Marie, comme le fut celle de Jésus qui l'appelle par son seul et véritable nom, lui aussi dans un élan d'amour.
La joie de Marie est intense: elle retrouve son Seigneur. Et elle va la manifester en étreignant les pieds de Jésus, en les baignant de larmes, et en les couvrant de baisers. Elle veut le retenir, ne plus le laisser partir; mais son geste d'amour est encore trop possessif, et Jésus, délicatement, le lui fait comprendre: ``Ne me retiens pas car je ne suis pas encore monté vers le Père.'' Cette parole n'est pas une information, elle est une convocation, un envoi en mission: Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Cet envoi accomplit la maternité de la Madeleine: elle porte en elle le message du deuxième avènement de Jésus et la mission de l'apporter à ses frères, de ne pas le retenir en elle, et de devenir ainsi leur mère en esprit.
Marie-Madeleine prend le relais de Jean-Baptiste. Elle est prophète du second avènement de Jésus. Elle ``va dire'' à ses frères sa parole: ``Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.'' Parole de convocation et d'éveil. Après le soulèvement de la Pentecôte, elle pourra se retirer comme Jean-Baptiste en disant: ``Derrière moi vient plus puissant que moi dont je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales; Lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint par le Feu'' (Luc 3, 16).
Prophète et servante de l'Eglise, ``mère des Dieu et des hommes'' elle peut reprendre à son compte la parole du Baptiste:``Il faut qu'Il croisse et que je diminue.'' Etoile dans le ciel, elle nous montre le chemin qui conduit à l'Incarnation de Dieu dans l'histoire des hommes: verbe de Dieu qui a pris chair dans le sein de Marie et Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.




Article paru dans Sénevé


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