I
``Du point de vue où je me suis placé
[par exemple dans l'essai L'Éternel Féminin],
la chasteté n'est plus la suppression,
mais la sublimation du féminin."
P. Teilhard de Chardin, au P. Valensin,
11 novembre 1934.
Tempête dans un désert
qui est l'intime du coeur
le sable s'est soulevé
on n'y voyait plus rien
Et quand le vent s'est retiré
comme la mer laissant ses ondulations sur la plage
ou la nuée fendant l'eau et découvrant le sec
la forme est apparue du féminin
Terrible, horriblement
Solide,
si différente de la rose
Rondeur du raisin
Quelque chose est là
De toute la force du est
De toute la force du là
Comme une énorme pierre
qu'on ne peut soulever
que le fendeur seul a soulevée
horrible arrachement sur la terre
forme arrachée à la terre, à l'intime du coeur
forme arrachée à moi-même comme une côte
Ce sont mes entrailles, c'est la figure de mon désir
c'est l'antitype d'un creux repoussé au burin
Forme qui prend forme sous mes mains qui la touchent
qui gonfle comme la mer qui éclate et se retire
pour laisser apparaître le sec.
Sec où je me tiens debout, solidité absolue
comme le ciel qui pèse sur la terre
et la femme assise -Assise de l'homme
II
Désert=Désir
Cavernes et retraites, replis renfoncements
Le sable comme de l'or mat
Dans le noir un seul trait du cercle brûlant brûle
Une flaque au creux seul humidité des pierres
Brûlantes A la nuit la lune même est chaude
Arbuste main brûlée par elle
Fer porté jusqu'au blanc Pierres fendues au vent
Qui siffle de chaleur Le gris brûlant scintille
Pierres tranchées qui hurlent
Au vent qui brille
Terreur du roc sans ombre ou si portée à l'est
Quand suent les pierres
Sueur de soleil rouge Un seul et grand oiseau
Pour ombre ailes de pierre.
Désert essaim de sable
Pour seul silence au roulement des dunes
Sur le roc sévérité des stries
Des strates du silex cristaux de sel
Article paru dans Sénevé
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