Une conclusion commune

Xavier Morales


Ces deux études appellent une conclusion commune. D'abord parce que toutes deux avaient pour sujet une figure. Une figure est quelque chose de double. C'est premièrement une personne et un personnage: une personne, c'est-à-dire quelqu'un qui a vraiment existé et qui a eu une part dans l'histoire du salut. Ainsi Marie a vraiment donné chair au Fils, sans elle rien ne serait arrivé. Et un personnage: quelqu'un qui a une place dans un récit, en l'occurence celui de la Bonne Nouvelle. Ainsi Jean Baptiste occupe-t-il la place de celui qui enclenche le récit, c'est par lui que l'histoire racontée dans les Évangiles commence.
Deuxièmement parce qu'une figure, sans qu'on supprime la réalité de la personne et du personnage, va plus loin que cette réalité: la personne et le personnage deviennent fonction. Plus exactement, Marie comme Jean le Baptiste définissent des situations, des attitudes dans l'Église. L'Église, à la fois comme Corps et comme réservoir des dons de l'Esprit, contient des places, des fonctions, des talents divers. Bien plus, elle dispense dans la liberté imprévisible de la sagesse divine les dons de l'Esprit à chaque membre selon cette même sagesse imprévisible. Bref, Marie et Jean, comme les autres personnages de la Bonne Nouvelle, sont pour l'Église les images d'attitudes de réception. Ils reçoivent tel ou tel don, pour Marie l'obéissance du oui donné à l'ange, ou l'expérience silencieuse de Dieu en soi, pour Jean, l'appel de l'Esprit et la Joie de désigner le Sauveur... Ils deviennent figures; en eux, les Évangélistes nous donnent des attitudes exemplaires que nous pouvons reprendre dans telle ou telle situation de réception. Ainsi Marie peut-elle par exemple être offerte à la contemplation des célibataires consacrés qui ont reçus de l'Église le don de la fécondité virginale, pour qu'en elle ils perçoivent la profondeur de ce don, et la profondeur de l'attitude de réponse qu'il exige. De même pour Jean Baptiste, qui pourrait nourrir la contemplation des pasteurs et des missionnaires appelés à diminuer devant la Lumière qu'ils annoncent. Encore faut-il prendre garde qu'une figure, parce qu'elle appartient à la Parole de Dieu, et est informée par elle, est toujours infiniment profonde, et ne peut être épuisée. Aussi ces deux études ne sont-elles que des esquisses, des parcelles de contemplation.
Ces deux études ont un autre point commun, qui est leur but. Elles sont avant tout des contemplations: elles veulent exprimer que l'on peut voir le mystère de Dieu. Elles veulent encourager, par les esquisses qu'elles dessinent, le regard chrétien à se laisser emporter dans la profondeur de ces figures, qui est le Christ même et, en lui, à contempler le mystère divin.
Enfin, ces études sont toutes deux tournées vers le Fils, comme le pont focal ou convergent les deux figures de Marie et de Jean. L'un comme l'autre ne peuvent être contemplés que comme des figures tournées vers le Christ et tournant vers le Fils: plus on les regarde, plus on les compare, plus on comprend l'unité de celui qui les informe, le Fils, l'Agneau. Nous tournant vers lui, nous pouvons à notre tour utiliser les mots de Marie et de Jean:



X.M.


Article paru dans Sénevé


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