L' "oecuménisme" fait partie de ces "choses" pour lesquelles on milite, dont on parle, que l'on "fait", sans savoir au juste ce que le terme désigne. Des rencontres ponctuelles pour lesquelles il faut rendre grâce à Dieu ? Une action commune entre les chrétiens de confessions différentes, dans un but caritatif ?
En ce temps de l'Avent, où retentit plus que jamais en nous l'appel du
Prophète : "Convertissez-vous !", dans ce Sénevé qui nous invite à
méditer le "grand retournement" proposé par les Béatitudes, inscrivons
la démarche oecuménique dans le champ - et non à côté - de la conversion à laquelle nous sommes appelés.
Cette conversion est constitutive de l'identité chrétienne. Elle est scellée par le baptême qui à la fois nous offre de façon définitive une vie de grâce et nous engage dans une dynamique de foi.2
L'acte sacramentel définit le chrétien comme pélerin, en chemin vers Dieu, dans le cadre d'une Eglise, elle-même pérégrine et qui tend à travers ses membres à se convertir de façon permanente à l'Evangile.
Cet Evangile l'appelle, de façon radicale, absolue, à l'unité : "qu'ils soient un, afin que le monde croie " (Jean 17). Il s'agit ici de la mission de l'Eglise ici bas, mais aussi de la foi du chrétien, que la prière du Christ inscrit dans le cadre de la foi en l'Eglise une. L'unité est un impératif de foi. En tant que telle, elle met en jeu ce que nous croyons, cette Vérité à laquelle l'Esprit nous appelle : c'est en elle que nous accéderons à la Vérité tout entière. Aucune confession ne peut donc revendiquer pour elle-même cette Vérité, mais toute confession qui, dans une démarche de conversion et parce qu'elle se définit comme chrétienne, tend à cette Vérité, tend aussi à cette unité qui la révèlera pleinement comme Eglise.
Les conséquences d'une telle affirmation sont multiples :
- aucune confession membre de l'Eglise du Christ ne peut se contenter d'une "coexistence pacifique" telle qu'elle est vécue trop souvent à l'heure actuelle
- aucune confession ne peut s'octroyer seule le titre d'Eglise du Christ ; toutes les confessions sont en "manque d'ecclésialité" 3.
Cela suppose, dans le cadre d'une démarche oecuménique "authentique" :
- "que chaque confession reconnaisse qu'il y a chez elle matière à conversion, c'est-à-dire matière pour un progrès réel dans la fidélité à l'identité chrétienne et ecclésiale"4.
- que chaque confession tente de porter sur les autres un regard
purifié par l'Evangile (ce qui exige que l'on se corrige
mutuellement... et qu'on accepte d'être corrigé).
- que chaque confession soit attentive en particulier au "point le plus fort de son identité qui est aussi le plus vulnérable à la tentation" 5
.
Quel est le but de cette démarche ? "Quand elle sera accomplie de façon universelle et complète, chaque groupe confessionnel sera Eglise dans la pleine reconnaissance de l'ecclésialité des autres. Il n'y aura plus pour personne, ni chez soi, ni chez les autres, d'ecclésialité partielle, incomplète." 6
La Semaine de prière est placée cette année sous le signe de l'Esprit Saint : qu'Il nous aide à être le reflet de la communion trinitaire, et à nous porter les uns les autres dans l'amour.
Article paru dans Sénevé
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