Au pays du sourire...

Laurence Brochard

Des joyeux bambins au regard pétillant, j'en ai vu tout l'été au Sénégal. Curieux ou apeurés (et oui, un bébé de deux ans qui n'a jamais vu une Toubab1, ça se met à hurler...), timides ou farceurs, plus ou moins sages, ils m'ont fait craquer (dans le bon sens du terme). Il faut dire que c'est un peu pour aller à leur rencontre que j'avais pris l'avion, bien armée de ma moustiquaire et de ma crème solaire, direction Dakar, puis la voiture, direction Nguéniène, village de brousse en plein pays sérère. Et je ne l'ai pas regretté, malgré de nombreuses surprises, malgré la chaleur, et les nuits de mauvais sommeil à cause des piqûres de fourmis...



Naturellement, il était prévu que j'aide quelques enfants du primaire à progresser en français, mais il a d'abord fallu que les plus grands m'apprennent les rudiments de leur dialecte pour que la communication puisse s'élaborer avec les petits, autour de nombreux chants, dessins, et mimes improvisés... Résultat : si au départ ils savaient chanter un semblant d'"Alouette", maintenant ils ont compris qu'il s'agit d'un oiseau. Le progrès est minime, j'en conviens... En tout cas nous avons eu ensemble de sacrées parties de rigolade. Il faut vous dire qu'au Sénégal, on ne perd pas une occasion de se réjouir, et le fait qu'il n'y ait plus rien à manger n'est pas une raison suffisante pour cesser de chanter,ou pour oublier de sourire. Bref, on s'adapte.

Je n'irais pas jusqu'à dire que ma "mission" était facile, loin de là. J'en ai vu vraiment de toutes les couleurs : nombreux malades, nombreux décès, et surtout inquiétude croissante des villageois en raison de l'absence de pluies salutaires pour la terre aride. Et puis je suis revenue sur quelques-unes de mes belles idées sur l'aide à l'Afrique... C'est bien joli de "donner", de faire de "l'humanitaire", mais sur place, pour les Africains, cela confirme le fait qu'il y a des "pauvres" et des "riches", et il ne faudra pas s'étonner de leur implacable exigence (Regarde-moi, je suis pauvre, tu es riche, donne-moi). Je ne voudrais pas trop simplifier, mais un discours destiné à réveiller les consciences d'un quart de la population mondiale : "Vous avez vu comme ils sont misérables... Partageons !", peut contribuer à endormir les trois quarts restants: "Vous avez raison, c'est vrai que nous sommes pauvres... Partagez !"


En tout cas, de tout ce que j'ai vu, j'avais envie de vous parler... Une petite soixantaine de pages, avec des photos et des illustrations sympas. Comme il n'y a rien de plus ennuyeux qu'un "journal de voyage", ce sont vos découvertes et non mes impressions que ce Séjour à Nguéniène veut mettre en scène. Ainsi vous êtes invités au voyage, que vous mènerez à votre guise, selon vos intérêts, votre curiosité. Bien sûr, vous risquez de croiser, vous aussi, des bébés mignons tout plein, au dos des mamans, vous jouerez au foot sur le terrain vague avec les plus grands, ou bien vous apprendrez de nouveaux chants à mes élèves tandis qu'ils prendront le temps de vous apprendre à tresser des lutteurs dans des feuilles de rônier. Si vous préférez jouer les ethnologues, vous irez fureter un peu partout, interrogerez les jeunes et les vieux sur les rites d'initiation, de guérison, sur les contes ; vous visiterez les cases de vos amis, goûterez les plats de mil, apprendrez la langue des Sérères... Vous vivrez quelques semaines à leur rythme, partagerez leur angoisse, approcherez leur détresse, leur joie de vivre.


Voilà, je termine donc ce court "témoignage" par une page de pub : en achetant (pour 20 modiques francs) un exemplaire (relié et tout, pas en couleurs mais presque...) de ce Séjour à Nguéniène, non seulement vous participerez à un super projet d'entraide pour l'un des jeunes du village, mais en plus vous aurez l'occasion unique de vivre dans un village perdu au coeur de l'Afrique. Bientôt envoûtés par les rythmes des tam-tams (ou par un mauvais génie), qui sait seulement si vous pourrez revoir un jour le sol français... Merci de me contacter pour passer commande, Séjour à Nguéniène sortira en janvier.

L.B.

Article paru dans Sénevé


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