Si petite, je les étonne !

Thibaut Klinger

Si la philosophie commence par l'étonnement, l'enfance est placée également sous le signe de ce dernier. C'est d'abord l'étonnement devant la vie qui s'annonce1. On apprend progressivement qu'un petit être habite le ventre de l'épouse. Quand bien même on peut s'y attendre un peu, cet événement étonne : la vie surgit de si peu de choses...


Ce peut être, éventuellement, l'étonnement du moment que choisit la vie pour se manifester : c'est sans doute un étonnement oublié ou méconnu, à l'époque de la ``programmation'' des naissances (planning familial, ou autres). S'il est probablement irresponsable de ne rien prévoir, il est dommage de ne plus laisser de place à la surprise, qui, dans ce domaine, est finalement toujours bonne...


Les longs mois qui suivent, longs pour celle qui doit porter un fardeau de plus en plus lourd, longs aussi pour celui qui est impatient de voir son enfant, ces longs mois apportent l'étonnement devant la femme qui devient mère. Les fatigues, les malaises, mais également la surprise de voir (la crevette aperçue à l'échographie ou la bosse qui bouge sous le ventre) et de sentir bouger le bébé dans le ventre...


Heureusement arrive l'étonnement de la délivrance. Avec un peu de chance, c'est la grande découverte : fille ou garçon ? Il faut ensuite plusieurs heures pour bien prendre conscience que c'est son enfant (peut-être plus pour le père, qui, en attendant une sinistre invention médicale, ne l'a pas porté). J'ai donc engendré ce petit être ? La mère aussi est étonnée d'être délivrée. Soulagée au début, mais, si la grossesse n'a pas été trop pénible, il faut peu de temps pour que cela lui semble étonnant d'avoir le ventre vide. En croisant une femme enceinte, dans la rue, il s'en faut de peu que celle-ci ne lui fasse envie...


Avec le nourisson, que d'étonnements en perspective ! Les jolis pleurs (même ceux de 2h, puis de 5h, voire de 8h du matin...), le plaisir de la tétée ressenti par bébé, son sourire d'ange lorsqu'il est repu. Ah certes, impossible alors d'aller au cinéma, de se promener, voire d'aller à la messe ensemble, ou même seul... Le petit être a besoin de vous, et rappelle ce qui est essentiel, la vie et l'innocence.


Petit à petit, les parents s'étonnent devant les progrès de l'enfant, rapides la première année. L'être humain est globalement programmé dans son développement, on sourit, on s'assied, on trotte à tel âge, mais en même temps c'est étonnamment neuf pour chacun. L'étonnement est aussi celui de l'enfant qui découvre le monde. Tout petit, il apprend à percevoir les bruits et la lumière. Quelques mois après, il est heureux de vous montrer pour la centième fois (dans le meilleur des cas), avec la même joie que pour la première, son cher chien en peluche qu'il ne quitte plus...


Et après ? De nombreux étonnements qu'il nous reste à éprouver et que nous n'avons pas encore expérimentés. En attendant, pour ne pas oublier, bientôt un nouveau bébé... ``Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre...''.


T.K.

Article paru dans Sénevé


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