Éditorial.


Justice pour tous. Exigence simple, raisonnable, terrible; exigence posée par un Dieu à qui il nous faudra rendre des comptes, accomplie parfaitement dans le Christ. Car qui pouvait y répondre mieux que Jésus, fils de Joseph le Juste ?
Mais j'entends déjà crier dans les chaumières:``Ah ces chrétiens ! Pour une fois ils semblaient vouloir se pencher sur les problèmes concrets des gens, et voilà qu'ils nous ressortent leur théologie, leur Nazaréen, leurs dogmes ! Quelle bande de déconnectés !''
Soit. Mais regardons un peu ce que c'est que justice:
``Justice'' se prend en plusieurs sens, social, éthique, judiciaire, sans même parler de l'acception religieuse selon laquelle le Juste ``s'ajusterait'' aux volontés de Dieu. Je prétends l'approche chrétienne, issue de la contemplation du Christ mort et ressuscité, éminemment pertinente à tous ces aspects. Jésus, Messie annoncé aux bergers sans logis, Jésus en qui on n'a pu trouver de mensonge, Jésus condamné sur de faux témoignages, obéissant jusqu'à la mort, nous a laissé la Croix, dont les branches arrêtées dessinent la balance à jamais égale élevée entre ciel et terre. Justice pour le Christ ! Car Il est en agonie jusqu'à la fin du monde, dans tous les méprisés, torturés, mourants de faim; Il dort dans nos métros, gît sur nos places, crie à nos portes. Louis Aragon l'a appris des chrétiens et en a fait le fond de ses plus beaux poèmes:



Words, words, words ? Celui qui reste à terre, blessé, est le même qui agit dans le bon Samaritain, justice reçue et donnée. S'il est si difficile de parler concrètement de justice, c'est qu'il vaut mieux la faire qu'en parler. Vous pouvez encore vous associer à notre action de Carême en faveur des prisonniers de Madagascar, vous engager dans les centaines d'associations qui attendent des bras, des cerveaux, des coeurs, vous former pour un monde meilleur. ``Tout ce que vous faites en mon nom à l'un de ces petits qui sont les miens, c'est à moi que vous le faites'', dit le Seigneur.
EN SON NOM, nous pouvons témoigner que la Vie de Dieu et la vie de l'homme sont une désormais, et que le Ciel descendu parmi nous laboure à ras de terre. C'est pourquoi la ``justice sociale'' peut surgir brusquement au détour d'une réflexion théologique, poétique, biblique, plus pure d'être puisée à sa Source vitale. ``Voici que je crée un monde nouveau, ne le voyez-vous pas ? Il germe déjà !'' Que le Christ ressuscité, justifié dans l'Esprit, prémices du monde qui s'avance, nous donne la force de guetter les humbles signes où s'annonce l'espérance et d'accompagner activement leur croissance. Nous sommes déjà ressuscités dans le Christ, prouvons-le, avec l'aide de Dieu et pour Sa plus grande gloire.


Joyeuses Pâques !


Article paru dans Sénevé


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