Entre terre et ciel.

Gaëlle Féron

Nous aimerions tellement que notre parole soit comprise, et acceptée également. Or, une parole originale peut être parole violente.
Une parole banale peut être tout aussi décapante.
Mais parole si intime, si vibrante, si magnanime.
Une parole non pas creuse, mais qui se creuse, offre ses mots aux autres : une page vierge qui se risque sous une plume parfois avertie, parfois intolérante.
Une parole qui se doit d'être antonymie pour qu'elle soit Une.

Une histoire de limites qui éclatent.
Abandon de soi, retour au Désert qui nous fait basculer vers l'avant.
Courbure de la parole qui se repose sur l'autre pour l'édification d'un pont d'écoute, pour l'édification de soi et de son prochain.
La parole ne fait que nous troubler quand on l'accuse d'altérer nos certitudes. Elle nous ouvre à une altérité qui ne nous dénature pas : elle mène, au contraire, à l'intégrité.

``Ils le tueront ...Il ressuscitera.'' (Marc IX, 30-37)
Qu'il est dur d'écouter une telle annonce ! De même que pour les disciples, elle nous rebute, nous révolte ; elle dérange, en profondeur, une image établie et assimilée de l'instinct d'amour. Elle nous fait pressentir une terrible remise en cause de soi.
``Laissez-vous faire !'' nous dit l'Esprit Saint, ``laissez-vous réconcilier avec Dieu, avec vous-mêmes, avec vos frères.''

De l'opposition apparente ou de l'incompréhension des mots naît la relation.
De la relation naît l'amour, car la découverte est source de connaissance, donc d'amour.
Parole d'Amour.
Parole du Christ.
Parole refusée par l'homme.
Parole crucifiée pour l'homme.
Parole de Vie qui nous ouvre à l'homme et au monde.

G.F.


Article paru dans Sénevé


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