Tribulations d'un catholique aux USA

Nicolas Loeuille


En guise d'introduction, je voudrais rappeler que je suis aux Etats-Unis depuis bientôt deux mois et demi. Ecrire pour Sénevé me rappelle donc des tas de bons souvenirs, liés aussi bien aux activités talas qu'aux talas eux-mêmes, mais également que je n'ai pas reçu le dernier Sénevé, bien qu'étant un abonné de la première heure. Méfiez-vous, je suis dans le pays le plus procédurier du monde...


Début février, je me suis donc retrouvé, au hasard d'un stage, à Los Angeles. J'en savais assez peu du catholicisme de cette partie des Etats Unis, mais n'étais pas totalement perdu grâce aux conseils (sobrement distribués) d'une ex-princesse m'y ayant précédé. En tous cas, ce fut sur ce plan comme sur beaucoup d'autres, l'aventure pour moi.


Le premier dimanche, c'est donc animé d'une multitude de bonnes intentions que je me rendais à l'église la plus proche de l'auberge de jeunesse dans laquelle je demeurais temporairement. J'en sortis assez vite. Un peu en retard, j'étais arrivé au milieu d'un sermon donné par quelqu'un qui avait tout d'un prêtre, sauf les mots. Au départ, je pensais que c'était mon anglais qui me trahissait. Aussi il me fallut cinq bonnes minutes pour me convaincre que la personne en question prônait bien une sorte de doctrine néo-nazie. Horrifié, je sortis donc précipitament (et sous les regards désapprobateurs de l'assistance). Après coup, je n'ai pas retrouvé le bâtiment en question, mais il s'agit très vraisemblablement du lieu de culte de l'une des (nombreuses) sectes de la ville.

Le dimanche suivant, je continuais ma découverte de l'Eglise catholique américaine. Entre temps je m'étais trouve une "roomate" (lire colocataire), catholique, qui m'indiqua donc l'église (vraiment catholique cette fois), la plus proche de mon habitation. Ce dimanche là fut donc un peu mieux de ce point de vue : la messe était joyeuse et bien animée (comme toute les messes americaines, les messes francaises sont plus recueillies), mais la deuxieme lecture était en Espagnol (dont je ne comprends pas un mot) et le sermon d'une platitude effarante.

Prenant note de ma remarque, ma roomate m'emmena donc le dimanche suivant dans une autre église de Santa Monica (egalement testée par Aude), California Avenue. Cette église là, outre le fait que l'on pouvait y voir Stallone (ou Schwarzy, je ne sais plus), gardais les bons points de la précédente (gaieté, animation), tout en n'ayant pas les mauvais côtés de celle-ci. Les seuls problemes résidaient dans les réponses, que je maîtrisais assez mal, et le "our Father", que je récitais en Français, à la grande surprise de mes voisins. Pour de plus amples renseignements, vous pouvez retrouver mon église préférée sur le web (la toile pour les puristes) http://www.stmonica.net (avec en prime une superbe photo...)

Pour ceux qui pensent que je vais continuer ainsi et vous conter successivement tous les dimanches que j'ai passés à Los Angeles, je vous rassure, je m'arrête là pour ce qui est de mes errements paroissiaux.

Pour ce qui est de L'UCC (University Catholique Center), deux choses m'ont surpris:


-Le faible nombre de personnes (environ le même que le nombre de
talas, ceci bien que le nombre d'étudiants à UCLA approche les 40000)
-le peu de rencontres organisées.

Mais les gens y sont très sympathiques et il faut bien dire que sans l'aumônerie locale, la semaine sainte n'aurait pas été si agréable.


Enfin ma vie de catholique ici passé également par la Bible Study dominicale, à laquelle je n'assiste au fait qu'irrégulièrement. C'est ma roomate (une fois encore) qui, me découvrant catholique et pratiquant m'a propose d'aller à "sa" Bible Study, qui se déroule chaque dimanche à Camarillo (environ une heure de Los Angeles). Cette bible Study n'est pas à proprement parler catholique, mais plutôt oecuménique. Nous sommes généralement une dizaine. Elle se déroule en quatre temps:


- Le repas, dans la joie et la bonne humeur
- Une étude du texte biblique du jour (dimanche dernier: chapitre 4 de
Thessaloniciens). Cette étude se fait de façon linéaire. Pour chaque
verset, la version classique est confrontée à la traduction directe du
Grec. Chacun réagit comme il veut, intervient de façon totalement
informelle. Cet échange est généralement très intéressant. L'homme qui
mène la Bible Study s'intéresse beaucoup aux questions de théologie, ce
qui rend cette partie de la Bible Study très enrichissante.
-La pause café, plutôt longue...
-Le partage des intentions de prière. Chacun doit prier à haute voix sa
prière devant servir d'intention de prière aux autres le reste de la
semaine. C'est une partie que je n'aime pas ceci pour plusieurs raisons:
1-l'attitude affalée de la plupart des participants, ceci même quand c'est
à leur tour de prier.
2-le fait que chacun DOIVE prier à haute voix (il serait très mal vu de
vous défiler quand c'est votre tour)
3-le fait que tout le monde ou presque prenne des notes de votre prière
et vous demande des tas de détails que vous n'aviez pas l'intention de
donner.

Mais malgré cette dernière partie, je sors généralement content de ces après-midi.


Pour résumer (et même si ça me gêne de tirer des conclusions après seulement deux mois et demi de présence), il me semble que le catholicisme américain repose plus sur le coeur et moins sur l'intellect que le catholicisme européen. D'autre part, il fait une place beaucoup plus importante au contact intracommunautaire (on "hug" la moitié de l'eglise pour se donner la paix, on se tient tous par la main au moment du notre père, on se lave les pieds les uns les autres le jeudi saint, on prends des notes écrites de la prière des autres). Même si la plupart de ces choses peuvent se retrouver en France, de temps à autre, ici c'est généralisé. Pour ma part il en ressort un sentiment fort mitigé. J'aime l'impression de chaleur qui se dégage de ces églises. En meme temps, je trouve cela parfois un peu envahissant pour la prière personnelle.

PS: La "retreat" vécue avec l'UCC une semaine après que j'ai écrit cet article n'a fait que confirmer mes impressions et détruire mes illusions.

N.L.

Article paru dans Sénevé


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