Il est déjà bien difficile de traduire pour des étrangers
le nom de l'École normale supérieure. Mais comment rendre
«l'aumônier de l'école normale supérieure» ? Capellano, chapelain, renvoient à des réalités bien
absentes de mes fonctions. Le groupe tala réunit des élèves
catholiques, pas tous les élèves et pas tous les catholiques.
Mais l'aumônerie s'inscrit dans la mission étudiante, et j'ai
été nommé à ce poste, dans le cadre catholique,
par l'archevêque de Paris.
Les dictionnaires français sont trompeurs, de surcroît, qui
par «aumônerie» n'entendent que «charge d'aumônier», et non pas le groupe social réuni autour et à l'occasion
de cette charge. Littré et Robert parlent de «l'aumônier
d'un régiment, d'un hôpital». On peut aussi ajouter
les prisons et même les cimetières. Et les lycées,
et les écoles et les universités, dans la foules des régiments,
des prisons et des hôpitaux. C'est dans les activités de l'aumônerie
qu'a pris consistance ma vocation, dans le clergé diocésain.
Aussi je suis heureux d'en assumer, à mon tour, le service, après
les prêtres qui m'y ont précédé et qui ont marqué
des générations d'enseignants et de chercheurs.
Dès l'école, j'ai commencé des études théologiques,
catholiques et protestantes, à l'Université de Strasbourg.
Quatre ans après ma sortie, j'étais ordonné prêtre,
nommé dans le Quartier latin, à Saint Séverin. Le
scoutisme m'a retenu, à tous les échelons, puis ce fut, au
printemps 1981, ma nomination auprès de l'école par Mgr Lustiger.
J'étais alors à Notre Dame de Paris, chargé des conférences
et de l'accueil. Cinq années comme curé vers les Champs élysées,
deux ans à Saint Germain des Prés, avec la direction du CEP
et l'aumônerie de la Sorbonne : je n'ai pas lâché le
groupe tala. Professeur à Oxford, il m'est arrivé de faire
l'aller-retour pour célébrer la messe hebdomadaire du jeudi
soir et réunir quelques élèves. Cette messe du jeudi
est le coeur de la vie de l'aumônerie ; elle est aussi, depuis tant
d'années, au coeur de ma vie de prêtre.
Ce qui est formidable, à l'aumônerie de l'école, et
à la différence des paroisses (j'ai été aussi
vicaire et curé ), c'est que l'assistance ne vieillit jamais : j'y
retrouve aujourd'hui les enfants de camarades de ma promotion, et il me
semble être plus proche d'eux que de leurs parents, qui ont mon âge.
Les générations d'archicubes s'éloignent, mais le
renouveau des conscrits conserve au groupe catholique son visage de jeunesse.
C'est peut-être là la meilleure image de l'Eglise,
désignée, dans un texte très ancien, proche des origines
apostoliques, comme «une vieille femme au visage de jeune fille».
Dates et faits :
Né à Marseille en 1947,
concours L en 1967, agreg.
Lettres classiques en 1971,
doctorat de Philo en 1972.
Depuis 1970, carrière aux Hautes études (Sciences religieuses), en Histoire du catholicisme, puis en Histoire des idées religieuses
et scientifiques dans l'Europe moderne.
Ordonné prêtre (Paris) en 1976 ; vicaire à Saint-Séverin,
chapelain à Notre-Dame de Paris, curé de Saint-Pierre de
Chaillot, puis de Saint-Germain des Prés.
Aumônier national des Compagnons (Scouts de France) de 1980 à
1985,
directeur de CEP (1990-92) ;
depuis 1992 supérieur de l'Institut Bossuet ( internat pour les
lycéens et prépas des établissements du Quartier latin) ;
chargé de mission auprès du cardinal Lustiger.
Article paru dans Sénevé
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