Notre aumônier, l'abbé Jean-Robert Armogathe

Jean-Robert Armogathe


Il est déjà bien difficile de traduire pour des étrangers le nom de l'École normale supérieure. Mais comment rendre «l'aumônier de l'école normale supérieure» ? Capellano, chapelain, renvoient à des réalités bien absentes de mes fonctions. Le groupe tala réunit des élèves catholiques, pas tous les élèves et pas tous les catholiques. Mais l'aumônerie s'inscrit dans la mission étudiante, et j'ai été nommé à ce poste, dans le cadre catholique, par l'archevêque de Paris.
Les dictionnaires français sont trompeurs, de surcroît, qui par «aumônerie» n'entendent que «charge d'aumônier», et non pas le groupe social réuni autour et à l'occasion de cette charge. Littré et Robert parlent de «l'aumônier d'un régiment, d'un hôpital». On peut aussi ajouter les prisons et même les cimetières. Et les lycées, et les écoles et les universités, dans la foules des régiments, des prisons et des hôpitaux. C'est dans les activités de l'aumônerie qu'a pris consistance ma vocation, dans le clergé diocésain. Aussi je suis heureux d'en assumer, à mon tour, le service, après les prêtres qui m'y ont précédé et qui ont marqué des générations d'enseignants et de chercheurs.


Dès l'école, j'ai commencé des études théologiques, catholiques et protestantes, à l'Université de Strasbourg. Quatre ans après ma sortie, j'étais ordonné prêtre, nommé dans le Quartier latin, à Saint Séverin. Le scoutisme m'a retenu, à tous les échelons, puis ce fut, au printemps 1981, ma nomination auprès de l'école par Mgr Lustiger. J'étais alors à Notre Dame de Paris, chargé des conférences et de l'accueil. Cinq années comme curé vers les Champs élysées, deux ans à Saint Germain des Prés, avec la direction du CEP et l'aumônerie de la Sorbonne : je n'ai pas lâché le groupe tala. Professeur à Oxford, il m'est arrivé de faire l'aller-retour pour célébrer la messe hebdomadaire du jeudi soir et réunir quelques élèves. Cette messe du jeudi est le coeur de la vie de l'aumônerie ; elle est aussi, depuis tant d'années, au coeur de ma vie de prêtre.
Ce qui est formidable, à l'aumônerie de l'école, et à la différence des paroisses (j'ai été aussi vicaire et curé ), c'est que l'assistance ne vieillit jamais : j'y retrouve aujourd'hui les enfants de camarades de ma promotion, et il me semble être plus proche d'eux que de leurs parents, qui ont mon âge. Les générations d'archicubes s'éloignent, mais le renouveau des conscrits conserve au groupe catholique son visage de jeunesse. C'est peut-être là la meilleure image de l'Eglise, désignée, dans un texte très ancien, proche des origines apostoliques, comme «une vieille femme au visage de jeune fille».


Dates et faits :


J.A.


Article paru dans Sénevé


Retour à la page principale