Les JMJ à Rome avec Jubilatio !

Martin Dumont


C'est, il faut l'avouer, un transfuge qui parle ici, n'étant pas parti aux JMJ avec l'aumônerie mais avec le groupe Jubilatio ! Petite infidélité qui me permet néanmoins de vous donner un autre aperçu de ces JMJ à Rome. Jubilatio !, créé par des dominicains (essentiellement) et des fransiscains pour animer le Festival de la Jeunesse à Paris en 1997, avait bénéficié du renfort de dernière minute d'une cinquantaine de jeunes qui, partis comme volontaires, y trouvèrent une expérience originale. À la fin de l'été 1997, ils souhaitèrent reconduire la formule pour l'Incontragiovanni (rencontres de la jeunesse) du Jubilé.


C'est donc à eux que je me joignis avec quelques amis l'année dernière, participant de temps à autres aux réunions de la «cave du 222» (rue du faubourg St Honoré), dans le couvent des dominicains, qui alternaient soirées de méditation et de jubilation, selon les deux mots d'ordre de Jubilatio !.1


Mais la véritable formation du groupe eut bien sûr lieu à Rome même, où nous étions près de 400, au milieu des problèmes d'organisation qui se résolvaient dans la bonne humeur, dans la patience et la bonne volonté. Rien de prévisible ni d'attendu donc dans ce que nous vécûmes là-bas, si ce n'est la belle expérience d'être «passés de l'autre côté de la barrière», en accueillant les pèlerins dans dix cafés disséminés dans Rome, sur des parvis d'églises ou dans des cloîtres. En réalité, une fois intégrée l'équipe du café «St Augustin», sur la place de l'église du même nom, à deux pas de la place Navone, le sentiment nous gagna très vite que nous recevions beaucoup plus que nous ne donnions, ne serait-ce qu'en décourant la Ville Éternelle. Nous bénéficions de l'immense dévouement de deux paroissiennes et de deux chanoines augustins, maîtres du lieu, qui le faisaient vivre de leur présence discrète, recueillie et souriante. Occasion de mieux découvrir la spiritualité de l'ordre augustinien, toute de méditaton et d'apostolat, à travers les offices en commun, les visites guidées de l'édifice que nous proposions aux pèlerins, et les discussions avec les frères qui étaient autant de pauses dans le tourbillon de l'accueil des pèlerins. Impression toujours de recevoir face à la Vierge des pèlerins du Caravage exposée dans une chapelle de l'église, dont notre compréhension fut quotidiennement enrichie par sa fréquentation régulière...et par les informations beaucoup plus précises que les nôtres de certains visiteurs ! Rencontres fugitives ou plus approfondies, retrouvailles par hasard d'amis de longue date, prières partagées avec certains groupes à la fin d'une visite : nous ne vécûmes pas de l'«autre côté» d'une barrière que nous croyons avoir franchie en devenant «organisateurs», mais bien au coeur des JMJ, synonymes de rencontre fraternelle avec d'autres jeunes croyants, dans cet espace pourtant circonscrit d'une église et d'un parvis noyé de chaleur où toute ombre était précieuse. Et les animations se succédèrent spontanément, sans que nous soyons pour rien dans leur avènement : des lectures étaient organisées dans l'église, la pièce du pape, la Boutique de l'orfèvre, était jouée chaque soir sur le parvis, laissant dans la journée à la disposition de qui voulait une scène ouverte, où chaque groupe qui passait nous offrait qui un moment de musique, qui un mime, un témoignage, une lecture. Le tout dans cette ambiance quelquefois trop exubérante mais toujours joyeuse des JMJ.


Le groupe Jubilatio ! fut surtout un bel exemple de la vie de l'Eglise dans sa plus grande diversité, car, si le noyau dur en est formé de dominicains, ils ont associé à leur oeuvre le plus possible de familles religieuses différentes. C'est là la grande richese de ce mouvement, qui permet à ceux qui y participent de toucher du doigt le nombre impressionant de demeures qu'il y a dans la maison du Père, et de faire ainsi connaissance avec des personnes et des spiritualités très variées. C'est cette image qui reste d'une semaine à Rome : le côtoiement festif des robes grises, noires, brunes ou blanches des religieux, et toutes les nuances de ces couleurs, réussite des JMJ qui donnent à voir la beauté des différentes facettes de l'Eglise et donnent surtout envie de mieux les connaître.

M.D.


Article paru dans Sénevé


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