«L'homme est créé pour louer, révérer,
et servir notre Seigneur,...»
Ignace de Loyola,
Exercices spirituels,
«Principe et fondement"»
En proposant de dire l'une des heures de l'office divin, l'aumônerie ne cherche pas à «monaciser» sa spiritualité, ou à «adapter pour les laïcs» la double charge (l'officium) dont sont responsables les moines et les clercs, respectivement prier au long du cycle du jour pour sanctifier le temps et s'acquitter d'un charisme particulier pour l'église, de la prière de l'église-épouse à son Seigneur et Maître.
Nous ne pourrions arriver à rien, nous qui n'avons d'une part pas quitté le monde pour consacrer radicalement notre temps à Dieu, ni d'autre part n'avons reçu une charge ou un souci (un «ministère») pour l'église. Seulement, nous ne saurions déroger à la sentence fondamentale soulignée par saint Ignace de Loyola au début des Exercices : nous avons été, nous aussi, créés pour la louange. La relation qui nous lie à Dieu est une relation de double reconnaissance, pour le don qu'est la vie et pour le don que Dieu Lui-même est pour notre vie. (Comme pour un enfant, sa vie est un don à lui fait par sa mère, et sa mère elle-même est pour lui un don.) Cette reconnaissance, qui est un sentiment en général --un sentiment qui ne dépend pas de nos sentiments, mais qui s'impose à nous comme condition a priori--, réclame de notre part l'acte du respect : rendre grâce et rendre gloire.
Rendre grâce : c'est exprimer, par une charge, un office, un pensum
(Règle de St Benoît), notre reconnaissance de la sollicitude
divine. Ainsi chaque matin, notre première action est-elle de nous
tourner vers le Créateur de toutes choses, aussi réguliers que
le soleil, sinon aussi fidèles que Dieu est fidèle.
Rendre gloire : c'est extérioriser, avec les mots du psalmiste,
ce respect que fait naître le don de Dieu toujours plus grand que
notre attente : la Création, où chaque fleur qui éclôt,
chaque papillon qui sort de sa chrysalide est une surprise dépassant
la promesse du bouton, du cocon. La vie de foi et de grâce, l'étonnement
devant l'oeuvre de ce Dieu qui nous façonne chaque jour de notre
vie ; l'inattendu qui ne manque jamais d'être l'autre, l'ami, tout
homme rencontré, parfois nous déconcertant à la limite
d'être désemparé (chose bien difficile à apprendre
que le respect de ce qu'est l'autre).
Voilà pour le fondement : pratiquement, dire les laudes, tous
les matins de semaine, à 8 heures, en cave tala --dans le couloir
du sous-sol de l'Ecole-- ou dans la thurne «communautés
religieuses» de Jourdan, c'est, lorsqu'on choisit de le faire, quelque
chose qui nourrit la vie de foi du chrétien. Cela peut, certains
jours, paraître contraignant1 ou routinier. Mais cela engage notre
foi, notre fidélité : sommes-nous prêts à consacrer
ce moment à Dieu, dès le matin, au lever du jour, pour reprendre
et mâcher la psalmodie de «l'Opus Dei» ?
Article paru dans Sénevé
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