L'Engagement scout

Bruno Lemaire


Le pilier sur lequel repose l'engagement chez les scouts est la promesse. Prononcée de manière générale lors de la première année à la troupe, elle a pour but de faire prendre aux scouts des responsabilités adaptées à leur âge. Chez les scouts d'Europe, le texte de la promesse est le suivant :


Sur mon honneur et avec la grâce de Dieu, je m'engage
à servir de mon mieux Dieu, l'Eglise, ma patrie et l'Europe,
à aider mon prochain en toutes circonstances,
à observer la loi scoute."

Le jeune éclaireur qui arrive à la troupe n'a souvent jamais pris d'engagement par lui-même. Il n'a généralement eu l'initiative ni de son baptême, ni de sa première communion. Ainsi, la promesse est pour lui un pas important puisqu'on lui demande de prendre ses responsabilités. Des responsabilités adaptées à son âge bien sûr : tenir son rôle dans le petit groupe de la patrouille, participer aux contraintes ménagères à la maison, commencer à réfléchir sur sa vie de jeune chrétien, etc.

Le jeune éclaireur prononce sa promesse sur sa parole d'honneur. Ce seul fait exige de lui qu'il respecte cette parole, qu'il apprenne à ne plus mentir : on doit pouvoir compter sur sa parole de scout.

Il ne s'engage pas à être parfait, mais à faire de son mieux pour progresser sur le chemin de sa vie d'homme. On lui apprend le sens de l'effort et du travail bien fait. L'exigence du scoutisme peut ainsi pallier le laxisme de certains parents qui acceptent tout de leurs enfants, ainsi que celui de l'ecole où le sens de l'effort n'est plus au goût du jour dans les petites classes.

Dans un monde extrêmement individualiste, le scoutisme permet de retrouver le sens de la communauté : communauté chrétienne, communauté nationale, communauté des peuples d'Europe. C'est pouquoi le scout s'engage à servir Dieu, mais aussi l'Eglise, sa patrie et l'Europe. Le sens de la communauté s'acquiert grâce à des choses toutes simples : la fleur de lys, symbole du scoutisme, l'uniforme qui rassemble des milliers de scouts par delà les frontières, le foulard d'unité. Loin de noyer le caractère de chaque individu dans le groupe, l'uniforme apporte une contribution notable à la camaraderie scoute, qui est illustrée de la façon la plus visible dans les grands rassemblements (jamborees). Le scout, dans son attachement à la communauté, n'est pas servile, il prend peu à peu conscience que ce qu'il doit donner est à la mesure de ce qu'il a reçu.

Le ``toujours prêt" est le symbole de la vocation du scout à servir (``Le scout est fait pour servir et sauver son prochain", troisième article de la loi scoute). A la troupe, le scout acquiert le réflexe du service, par l'exercice de la bonne action quotidienne, qui lui est présentée comme un jeu. Elle requiert de lui qu'il sorte de son égoïsme pour se mettre à l'écoute de ceux qui l'entourent, afin de trouver un service à rendre, ce qui n'est pas toujours aussi facile qu'il y paraît. Tout le monde a en tête la caricature du jeune scout qui force une vieille dame à traverser avec lui alors qu'elle aimerait poursuivre son chemin : ce jeune scout n'a pas encore tout compris à la bonne action quotidienne.

Troisième et dernier point de la promesse : observer la loi scoute. Certains se demandent sûrement pourquoi on veut faire entrer des enfants de douze ans dans le carcan d'un règlement. Mais ce qu'ils n'ont pas compris, c'est que le but de la loi est l'épanouissement du jeune scout, et pas son embrigadement. Les dix articles de la loi permettent au scout de trouver ses marques. Ils portent sur la fidélité à la parole donnée (Le scout met son honneur à mériter confiance), la loyauté (Le scout est loyal envers son pays, ses parents, ses chefs et ses subordonnés), le service (Le scout est fait pour servir et sauver son prochain), l'amitié (Le scout est l'ami de tous et le frère de tout autre scout), la courtoisie (Le scout est courtois et chevaleresque), le respect de la nature (Le scout voit dans la nature l'oeuvre de Dieu, il aime les plantes et les animaux), l'obéissance et la persévérance (Le scout obéit sans réplique et ne fait rien à moitié), la maîtrise de soi (Le scout est maître de soi, il sourit et chante dans les difficultés), le respect des choses (Le scout est économe et prend soin du bien d'autrui), la pureté (Le scout est pur dans ses pensées, ses paroles et ses actes). Tous ces articles cherchent à forger le caractère du scout, de sorte qu'il ne fonde pas à la première pluie ou qu'il ne s'envole pas au premier coup de vent.
La promesse m'a tant marqué que j'y pense encore souvent, huit ans après. Et les articles de la loi m'ont été aussi utiles à seize ans qu'à douze.


B.L.


Article paru dans Sénevé


Retour à la page principale