Ultreļa e sus eļa, Deus aļa nos !

Nous étions plus de quarante cet été à chanter ces paroles sur les chemins de Compostelle. Partis en pèlerinage, à pied, depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, nous avons cheminé pendant dix jours, le sac au dos, la joie au coeur et les ampoules au pied. Le vieux guide sicilien qui m'a dit un jour : ''Quand les anges voyagent, le ciel sourit``, devait avoir raison : pas une seule goutte de pluie n'est venue troubler notre périple, et je puis vous assurer que le soleil brillait non seulement dans le ciel espagnol, mais aussi dans les moindres petits détails de notre vie quotidienne qui, sous l'action manifeste de l'Esprit Saint, sont devenus autant de lieux de rencontre, d'échange et de mutuel enrichissement. Les chemins de Compostelle sont un lieu et un temps bénis. Lieu de désert oł règne la sécheresse, mais une sécheresse féconde dont les fruits peuvent ne se révéler que bien plus tard, lorsqu'on se rend compte que c'est durant ce temps aride que l'on a frōlé une présence ; lieu de grāce aussi, oł tout est possible, dès que l'on arrive à faire silence dans son coeur pour pouvoir écouter ce que Dieu veut nous dire ; lieu de l'espérance enfin, oł se ressource la foi de chacun tout comme la vitalité amicale et spirituelle de tout le groupe. Au seuil de cette nouvelle année que nous allons passer ensemble, en aumōnerie, je souhaite du fond du coeur à chacune et à chacun de pouvoir vivre en vérité cet appel des pèlerins de Compostelle, qui pourrait être celui de tous les pèlerins de Dieu, marcheurs ou non : ``Ultreļa e sus eļa, Deus aļa nos ! Toujours plus haut, toujours plus loin, que Dieu nous vienne en aide !``

Article paru dans Sénevé

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