Echos de Saint-Jacques

Sébastien Fagart

Le pèlerinage de Saint-Jacques, pour moi comme pour beaucoup, c'était un vieux rêve... Partir avec le minimum d'affaires et marcher. N'avoir que son corps et son coeur, et découvrir dans le silence et la solitude la mystérieuse présence de Dieu. Quitter tout ce qui est en trop pour affronter l'essentiel. Voilà pourquoi j'ai suivi l'aumônerie sur les routes de Santiago...

Mais l'Esprit Saint nous prépare souvent des surprises : la route n'est jamais telle que nous l'imaginons et tant mieux ! Pour ce qui est du minimum d'affaires, je me suis retrouvé, après un tri extrêmement sélectif, avec un sac de quinze kilos. Quant à la solitude, nous étions quarante-deux selon les autorisés et quarante-cinq selon les organisateurs (les trois personnes de la Trinité en plus !). Je n'ai donc pas trouvé dans ce pèlerinage exactement ce que j'y cherchais... et pourtant, ma soif était comblée.

Ce fut une expérience d'Eglise unique. La véritable Eglise, non pas la seule hiérarchie raillée par les journalistes de notre époque, mais le Corps du Christ que nous formons, malgré nos diversités et nos infidélités. Il était saisissant, pendant cette petite douzaine de jours, de constater tant de différences parmi nous (``tratras``, ``chachas``, ``jésuitisants``...), de formations (chimistes, matheux, physiciens, historiens, philosophes, antiquisants, linguistes, sans parler des chartistes, accordeur de piano, médecins...), et au coeur de toutes ces différences, une même foi, une même ouverture, une même écoute de l 'autre. Il n'y a guère eu de tensions durant le séjour et les agacements, inévitables dans la vie de groupe, ont eux-mêmes contribué à notre unité. Car c'est en nous acceptant mutuellement avec tout ce que nous sommes et en apprenant à dépasser les réactions épidermiques par l'amour que nous découvrons la vraie communion. Juste un pas à faire !


Chercher Dieu et rencontrer l'Eglise : voilà l'expérience que j'ai faite et que je souhaite à tous les conscrits de faire à travers l'aumônerie. Pour cela, comme pour un pèlerinage, il faut ,à l'exemple d'Abraham ``quitter son pays, sa famille et la maison de ses pères''. Quitter ses préjugés, ses idoles et ses peurs, prendre le large pour découvrir, dans le peuple de Dieu, le visage rayonnant du Christ.

S.F.


Article paru dans Sénevé


Retour à la page principale