Une conscrite au pélé...

Marie-Elizabeth Allamandy


Que peut faire une conscrite à peine sortie du long tunnel de la prépa et du stress du concours sur les routes d'Assise, au milieu de quarante talas ? Apprendre par coeur la vie de Saint-François ? Se creuser la tête pour essayer de retenir la géographie du coin ? Non. Tenter de battre le record du nombre de glaces italiennes mangées en une journée ? Même pas !

Elle regarde, elle écoute, et elle se tait.

Qu'y avait-il donc à voir sur les routes d'Assise ? Il y avait des montagnes, des forêts et des villages. Il y avait une lumière d'une douceur inconnue. Il y avait, chaque soir, le ciel d'août criblé d'étoiles. Il y avait des sanctuaires franciscains accrochés à flanc de colline, en pierre nue. Il y avait des fresques qu'on ne se lasserait pas d'admirer. Et il y avait des visages, quarante visages, quarante sourires, découverts au fil de la marche et de la vie commune.

Qu'y avait-il donc à entendre, sur les routes d'Assise ? il y avait le chant incessant des cigales. Il y avait le glou-glou béni des fontaines quand le soleil italien tape un peu trop fort, l'après-midi. Il y avait les paroles des habitants, des commerçants, des religieux rencontrés tout au long du chemin. Il y avait les chants qui remplissaient la journée, dès le matin avec les laudes, et jusqu'à la veillée. Il y avait chacun, à chaque instant de chaque jour. Il y avait les enseignements du Père Armogathe sur les Béatitudes. Il y avait le silence, celui où parle la voix de Dieu.

Pourquoi se taire, sur les routes d'Assise ? Pour s'imprégner de toute cette beauté. Pour prendre le temps de se retrouver soi-même. Pour se rappeler du Pauvre d'Assise qui avait trouvé le secret du bonheur. Pour "garder avec soin toutes ces choses et les méditer en son coeur". Pour essayer d'être plus profondément en communion avec les autres. Pour prier.

Et à quoi tout cela m'aura-t-il servi ? C'est très simple : sur les routes d'Assise, au milieu de quarante talas, j'ai goûté à la Joie, celle que "nul ne pourra nous ravir". Seigneur notre Dieu, je T'en remercie !

Laudato si !

M.A.

Article paru dans Sénevé


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