Alliances

Papageno et Papagena


L'idée de cet article nous est venue en feuilletant un album photo intitulé ``les copains au mariage de Papageno et Papagena'' : en effet les photos, magnifiques de tendresse, des mariés de l'an passé et de l'année à venir nous plaçaient dans une sorte de chaîne. Au-delà de notre joie en ce jour si désiré et si intensément vécu, nous apercevons soudain la foule de ceux qui nous précèdent et nous suivent. Se marier, c'est comme partir en pélerinage : c'est mettre ses pas dans les pas d'autrui, faire siens un habit, des traditions, une histoire. C'est aussi un sacrement, ce qui signifie que cet habit, ces traditions, cette histoire nous parlent de Dieu.


Les chrétiens sont des rêveurs éveillés. Ainsi ils prétendent que l'amour sans limites est non seulement possible mais tout à fait conseillé, ils affirment que la sainteté est la seule bonne manière de vivre. Tout ce qui n'est pas donné est perdu, le grain de blé tombé en terre s'il ne meurt pas ne germera pas.


A l'origine de cette religion du don, il y a le Dieu créateur, source de toute vie. Il y a le don que Jésus nous a fait dans l'Incarnation et la Passion, et le don permanent, actif de l'Esprit (exercice : développez le sujet du don trinitaire. Vous avez 7 heures, le texte ne devra pas comporter plus de 5000 mots et la copie ne doit porter aucun signe distinctif).


Ce don trinitaire se réalise en particulier dans les sacrements de l'ordination et du mariage, sacrements du don de sa propre vie. Qu'un mariage soit un authentique moment d'\'Eglise, ceux qui ont suivi les sermons d'Armogathe aux mariages tala (Cécile et Fix l'an dernier, Cécile et Philippe cet été, Patrick et Aurélie juste après Compostelle) en sont persuadés. La chorale tala, qui est un des moteurs de notre vie liturgique, en était un signe visible assez fort.


Ce qui est moins évident, c'est l'influence réciproque de la vie de la communauté chrétienne et de la vie du couple au quotidien. Nous avons reçu des lettres nous remerciant simplement d'être là, heureux et unis, au milieu des talas. Mais quelle importance cela peut-il avoir ? Le bonheur conjugal et familial n'est-il pas une affaire ``privée'', qui ne concerne que les intéressés ? C'est ce que l'époque incite à penser, mais nous allons voir que la foi va plus loin. Vous êtes le sel pour la terre ; Vous êtes la lumière pour le monde. L'injonction du Christ est claire : vous avez reçu ce qui vaut mieux que la vie, ne le gardez pas pour vous. Être chrétien et s'aimer, c'est déjà être témoin : c'est avoir un message à transmettre et une espérance à communiquer. A l'heure où le divorce est si répandu qu'une députée a proposé de le renommer ``démariage'' et d'en faire une simple formalité (bref de réduire la mariage à un genre de PACS), s'engager pour l'éternité n'est pas seulement du non-conformisme : c'est donner un signe fort à nos proches et à l'époque, c'est rappeler que l'espérance ne meurt jamais et que la sainteté est le seul chemin du bonheur. L'amour ne fait pas de nous des héros, mais la vocation en fait certainement des hérauts.


Notre histoire est, par ses circonstances mêmes, très liée à la vie tala : comme Cécile et Fix, comme Cécile et Philippe, nous sommes deux talas et nous avons fait connaissance à l'aumônerie; et l'un des premiers signes d'amour que me donna Aurélie fut de s'arracher au lit pour venir aux laudes avec moi. Mais l'importance des communautés chrétiennes (St Médard, les talas, ) dans notre vie est plus qu'anecdotique. Car la liturgie de l'amour, que chaque couple s'invente avec des petits gestes et de simples paroles, s'alimente dans la liturgie de l'Église. Car nul ne parle mieux aux jeunes amants que le Dieu d'amour et de joie. Et personne mieux que Marie, mère de Dieu, qui a tout donné et n'a rien perdu, ne peut leur servir de guide et d'exemple. Et dans chacun des talas c'est un ange envoyé par Jésus et Marie pour éclairer notre chemin que nous avons rencontré. Merci à tous, merci mille fois. Aider un jeune couple par l'amitié et la prière, ce n'est pas tenir la chandelle : c'est prendre sa place dans la vie de l'Église, se faire pierre vivante et -- ni plus ni moins -- hâter le retour du Christ dans la gloire.

P. et P.


Article paru dans Sénevé


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