BOcal numéro 162 du 29/06/95 au 27/09/95



Sommaire



Le mot du bureau

Appel aux personnes motivées toujours, cette fois-ci pour la plaquette. Celle-ci commence en effet à se faire vieille et devrait être remplacée (en principe) pour le printemps prochain. Mais il y a un léger hic : le responsable actuel part au service militaire. Il faudrait donc un nouveau responsable pour contacter l'imprimeur, pour faire la mise en page, etc.

Bref, si vous êtes intéressés, n'hesitez pas à vous faire connaître.

Le bureau.

P.S. : toutes nos félicitations aux organisateurs de la soirée du 28/6, ainsi qu'à tous ceux qui les ont aidés.

P.P.S. : Bonnes vacances à tous...


Hayek, l'anti-Marx

Dans un numéro précédent, je vous recommandais "la route de la servitude", où déjà, à la fin du cataclysme mondial, Hayek dénonçait les effets désastreux du socialisme sous toutes ses formes, au moment où tous les courants dominants de pensée en dérivaient. L'assurance de son style était parfois désagréable, mais ses arguments se révélaient toujours convaincants. Quarante quatre ans après, et un prix Nobel d'économie plus tard, la conviction de Friedrich A. Hayek n'a pas diminué, ni la solidité de son argumentation. Dans sa dernière oeuvre, "La présomption fatale - les erreurs du socialisme" ("The Fatal Conceit - The Errors of Socialism", 1988), c'est aux fondements même du socialisme qu'il s'en prend. Pour cela, il aura réinventé sans s'en apercevoir, et sans avoir été au courant des développements concurrents avant d'y être arrivé, des principes que je qualifierai de cybernétiques, vers lesquels principes auront convergé aussi bien économistes que biologistes, physiciens, informaticiens, mathématiciens, anthropologues, et philosophes, héritiers de ce fait, nolentes volentes, de la pensée libérale. Par ses analyses, Hayek remonte aux sources du mal, et les démythifications auxquelles il se livre vont bien plus loin qu'une critique du socialisme. Souvent, on se surprend à être victime des idées reçues que Hayek démonte; alors on souhaite que Hayek se trompe; on voudrait le surprendre dans les excès inverses de ceux qu'il dénonce; on cherche une évidence de partialité dans ses affirmations; tout cela en vain. Non que le livre soit irréprochable, mais les propos centraux sont un exemple de rigueur et de cohérence; tout juste pourrions-nous regretter l'éclairage partiel qu'il donne de certains faits, lequel ne nuit cependant pas à la solidité de la démonstration. Dans ce livre, qui deviendra j'en suis sûr un grand classique, Hayek se montre donc l'opposé complet de Marx: Dans son fameux Capital, Marx déploie toute une panoplie de raisonnements fallacieux et autres techniques de malhonnêteté intellectuelle qui ne résistent pas à l'épreuve de la logique: argumenta ad hominem, ad ignorantiam, ad numerum, ad lazarum, ad populum, ad verecundiam, aut ad novitatem, hommes de paille et bifurcations, hypothèses insidieusement sous-entendues et usage systématique de mots à fortes connotations; Hayek refuse explicitement de tels procédés, et les dénonce quand ils sont repris en toute bonne foi. Tout dans le Capital repose sur une vision statique de l'économie et un rationalisme naïf mêlé d'angélisme; Hayek montre comme le monde est essentiellement dynamique, et reconnaît les limites de la raison comme des instincts, sans négliger tout ce que la tradition a placé entre les deux. Marx a un style chaud et inexact; Hayek a un style froid et précis. Marx séduit; Hayek convainc. Marx est un prophète; Hayek est un scientifique.

Faré.

PS: je tiens à exprimer ma compassion envers mes camarades philosopho-chastrés pour leur détresse face à la faillite de leurs illusions, et pour la douleur de se voir confrontés, par obligation scolaire, à des idées qu'ils ne peuvent ni ne veulent comprendre, comme en témoigne la vacuité injurieuse qui leur tient lieu de discours (pour laquelle ils ont d'ailleurs bien moins de talent que Marx), parue dans le dernier numéro du BOcal.


Anti-Faré ou L'Idéologie Normande

De Russell à Hayek en passant par Locke, le parcours est sans faute et nous l'avions prévu. Quel plaisir d'apprendre du Père Nobel et de Saint Faré que l'impartialité de la logique permet de réduire Marx à "un rationalisme naïf mélé d'angélisme". Il est vrai que la rationalité de l'entrepreneur en situation de concurrence pure et parfaite a des leçons de naïveté à donner au matérialisme dialectique. Heureusement, Son Impartialité triomphante Friedrich von Kopeks nous démontre que "le monde est essentiellement dynamique", ce qu'il a compris en observant les yuppies de Wall Street et les managers au regard d'aigle, qui ne s'en laissent pas conter par la courte vue "statique" de leurs petits employés "chauds et inexacts" qui ne voient pas "les limites de la raison et des instincts", qui, nous nous en excusons mais c'est comme ça, excluent absolument toute hausse des salaires avant l'horizon 2050, date à laquelle, soyons "froids et précis", la reprise nous permettra de reconsidérer dynamiquement notre politique cybernétique. Saint Faré mon ami, sais tu que c'est avec des oppositions aussi grossières que celle du "scientifique" et du "prophète" que ton ennemi juré, le marxisme, a justifié ses prétentions au monopole de l'intelligence pendant 20 ans ? Crois-tu vraiment que si le "fameux Capital" du camarade Karl se réduisait, comme cet article, à des arguments ad Faretum et à des "mots à forte connotation" (il est vrai que Marx aurait pu remplacer "Exploitation" par "entraide" et "Plus-value" par "pourboire"), crois-tu que l'ultra-libéral Hayek aurait pris la peine de le réfuter avec cet acharnement ? Tu ferais peut-être mieux de relire l'Introduction à la Critique de l'Economie Politique et autres ouvrages, où Marx montre que le prétendu rationalisme de tes idoles est d'une naïveté sans fond, naïveté proprement idéologique qui consiste à prendre ses conditions d'existence de bourgeois londonien ou viennois pour l'alpha et l'oméga de la nature humaine et de l'histoire universelle. Sais-tu que dans les sciences humaines et la philosophie (elles existent encore, non ?, malgré la convergence qui, selon toi, fera triompher le libéral-cybernétisme), les choses ne sont pas aussi simples qu'en logique, et que le doux nom de "science" recouvre une fois sur dix la rationalisation sincère (et irréprochable d'un point de vue logique) de présupposés idéologiques (autrement plus redoutables que tes "hypothèses insidieusement sous-entendues") dont on n'a pas été capables de se déprendre ?

Nous ne prétendons pas être nous mêmes sortis de l'idéologie (car on n'en sort jamais, comme disait Louis) mais nous en avons marre qu'on nous assène des évidences de positiviste condescendant ("froid et précis" dans ton vocabulaire d'expert du F.M.I.). Nous en avons par dessus la tête de voir le nouveau consensus contemporain se donner des airs critiques de champion de la vérité persécutée (ça dure au moins depuis les "Nouveaux philosophes" si je ne m'abuse), en s'acharnant sur le cadavre de Marx (qui, guoguenard, les nique d'autant plus qu'ils croient l'avoir dépassé et réfuté, ces fétichistes de la marchandise et de l'inférence valide). Mais nous nous emportons et nous devenons presque sérieux... Revenons à Faré et ses 7 nains : Locke, Russell, Hayek, Stuart Mill... Qui trouveras-tu pour compléter la liste l'an prochain ? Probablement, si ce n'est pas déjà fait, Popper, Friedman, Nozick et Guy Sorman voire Raymond Boudon... Mais la méchante Sorcière de Marx et ses vilains trolls (Karl, Groucho, Chico, Harpo, Zeppo) n'est pas vaincue et il lui reste encore beaucoup de pommes empoisonnées à te faire avaler.

Les Hommes de Paille de la Panoplie des Raisonnements Fallacieux.

P.S. : Oublie ta compassion, ô Magnanime Faré, car nous ne voulons pas de tes passions tristes. Quant à notre détresse et nos illusions, elles n'existent pas car nous vivons dans la Béatitude éternelle des sages qui possèdent une idée adéquate de l'essence de Dieu et de la manière dont l'essence singulière de chaque chose s'en déduit. Nec ridere, nec flere, neque detestari, sed intelligere (c'est dur parfois !).


La traque par TMOY : encore et toujours

Eh oui, les traques ça continue... Il y en aura encore une à la fin de la semaine prochaine, vraisemblablement jeudi 6 juillet. Avec le rendez-vous habituel à 22h30 au bureau du COF.

TMOY.


Sans titre

Les résultats du thurnage sont affichés sur le panneau DG, vérifiez-les ! (la DG n'est pas infaillible...)

Si vous décidez de vous externer, il faut le faire avant le 15/9/95 par écrit aux services financiers, sinon vous paierez les 343F de septembre.

Si vous voulez une place en thurne de jour ou d'externe, il faut mettre un mot dans le casier DG en expliquant votre raison.

La DGT.


La CD-Thèque ferme

Il n'y aura plus de permanences.

Les derniers CD sont à rapporter au bureau en laissant son nom.

Si vous tenez absoluement à détruire le chèque de caution vous-mêmes, passez le prendre au bureau. Sinon je peux m'en charger pour vous. (Il va de soi que les chèques des retardataires seront conservés en vue d'un encaissement...)

Le Vice-Trésorier.


Nouvelles de la BD-thèque

La BD-thèque, cette année, a vu son fonds s'accroître de quelques 500 titres. Néanmoins, il se pourrait que certains volumes, par accident, aient quitté leur place pour une destination mal précisée dans l'Ecole. Si les BD-nappeurs rapportaient leurs proies très rapidement, cela faciliterait le classement de fin d'année.

Laurent Vissière.


Le rendez-vous des quais

Les bouquinistes des Quais figurent parmi les principaux fournisseurs de la BD-thèque ; et certains d'entre eux acceptent de faire une remise de 10% à tout Normalien, sur présentation (éventuellement) de sa carte. Alors, profitez-en !

Voici leurs adresses :

sur la rive droite, en face du 2bis quai de la Mégisserie ; et face au métro Pont-Marie, quai de l'Hôtel de ville.

La Bouquinerie M.V., 212 rue St-Jacques (magasin qui a remplacé le Bloody Mary).

Laurent Vissière.


Bonnes vacnces

La rédaction.


Le dernier BOcal de l'année parait le vendredi à 1100 exemplaires

Rédacteurs en chefs : the Glass et Reno


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