Participez au projet Ulm-Kinshasa!
Léonard Dauphant
Depuis plusieurs années, l'aumônerie a la chance de travailler avec une paroisse de la banlieue de Kinshasa,
et particulièrement avec le groupe scolaire qui en dépend.
La situation de la RD Congo
300 ans de chasse à l'esclave, 80 ans de colonisation, 30 ans de dictature Mobutu et 10 ans de guerre atroce (dite «guerre civile»
mais toutes les armées de la région s'y sont mis), voilà pour résumer le passif de ce pays grand comme l'Europe, peuplé comme la France.
En 2002, après le cessez-le-feu entre l'armée nationale et les milices soutenues par le Rwanda et l'Ouganda, un processus de
paix a commencé cahin-caha. Personne n'y croyait vraiment jusqu'à cet été où les élections ont eu lieu. Les premières élections libres depuis 1960!
Après cela, construire une démocratie sera long mais jamais la situation n'a été plus favorable.
Situation sociale et rôle de l'Église
Pour résumer la dégradation des conditions de vie depuis la pourriture du régime Mobutu, les vieux Congolais disent, nostalgiques
: avant, on mangeait deux ou trois fois par jour... Dans les années 1980, la dictature serrée à la gorge par le FMI a démantelé hôpitaux, écoles et en général tout ce qui pouvait ressemblret à un service public.
Il n'y a plus de poste en RD Congo, pour écrire, confiez la lettre à un ami qui prend l'avion.
Il n'y a plus d'écoles ou d'hôpitaux publics, le budget de la santé et de l'éducation n'existe pas encore.
50% des enfants n'iront jamais à l'école. Sur les 50% restant, rares sont ceux qui dépasseront le primaire.
Comme l'État n'existe plus ou pas encore, ce sont les chrétiens qui font marcher ce qui marche dans le pays.
Ce sont des hommes d'Église qui ont
piloté la transition politique et donné les rudiments d'éducation civique aux citoyens. Ce sont les Églises, et en
premier lieu l'Église catholique (sans doute majoritaire,
mais il n'y a pas de recensement)
qui soignent, instruisent, éduquent et parfois nourissent les pauvres (très certainement majoritaires, eux aussi).
Dans les zones en guerre de l'Est, pendant
des années, ce sont les paroisses qui ont hébergé les réfugiés. Les seules écoles bon marché de qualité sont les écoles paroissiales.
S'il fallait résumer et grossir le trait, on voit que les hommes politiques qui vivent sur le pays ne doivent pas
discréditer la formidable énergie de la société civile congolaise, qui a permis au pays de survivre au milieu des épreuves.
Kinshasa et sa banlieue
Une des plus grandes villes d'Afrique, plus de 7 millions d'habitants. Surnommée «Kin», Kin la belle ou Kin la poubelle selon l'humeur ou le quartier.
Avec la crise, de nombreux citadins ont
du s'installer aux portes de la ville, dans la brousse, sans loyer trop cher, là où ils peuvent cultiver un lopin.
Ces nouveaux quartiers n'ont pas d'infrastructures. Si le centre-ville vit au rythme des coupures de courant,
celui-ci n'arrive tout simplement pas jusqu'à la banlieue. Ne parlons pas de l'eau potable.
Mpasa II, quartier à 25 kilomètres à l'est du centre-ville, est un des plus pauvres de la banlieue pauvre et compte près de
15000 habitants.
Autour de la paroisse Sainte-Angèle, un couvent anime un dispensaire, une école maternelle, un centre nutritionnel et un atelier de
couture.
Situé à côté, le groupe scolaire «Institut Bompikiliki» compte 1200 élèves de 6 à 18 ans. Ce sont les seules infrastructures du quartier, et certains enfants
viennent d'autres quartiers pour profiter de l'école, qui n'a pas assez d'argent pour accueillir tout le monde.
Un réseau pour la solidarité
Nous travaillons avec l'association française loi 1901 «Enfants de Kinshasa», basée à Nevers, qui gère l'argent à envoyer
et avec l'association «Enfance Recueillie» de Kinshasa. L'une a été inspirée par le P. Léonard Santédi Kinkupu, prêtre et théologien congolais, l'autre a
été fondée par lui.
Enfin nous sommes évidement en contact avec les responsables de la paroisse et de l'école.
Nos actions
L'aumônerie de l'ENS finance la scolarité de 40 enfants parmi les plus pauvres du quartier et l'emploi de deux infirmiers à mi-temps. Elle aide l'école à
ne pas faire faillite (ce n'est pas rentable, d'éduquer les jeunes de banlieue, savez-vous)
et procède à des envois ponctuels de matériel.
Vous pouvez parainner un enfant ou un ado de l'école. Certains membres du groupe aident également des séminaristes
du Séminaire Universitaire de Kinshasa, qui n'ont pas forcément l'argent pour achever les études. Il y a beaucoup de vocations dans le pays, mais on arrive à cette
situation que les séminaires refusent du monde pour raisons financières...
Un gros projet a été l'envoi d'un groupe électrogène au groupe scolaire, ce qui a pris beaucoup de temps mais
enfin! À l'heure où j'écris ça, il est dans le bateau. Champagne!
Un autre gros projet est de se rendre sur place : sans doute lors de la petite saison sèche en février.
Notre mission est avant tout d'aider par notre argent et notre prière, mais ça n'interdit pas une petite visite.
Etc.
À vous de jouer!
Nous (ou plutôt les enfants de Kinshasa) avons besoin de vous!
Pour rester fidèles à notre engagement, il faut mener ce projet sur le long terme, avec vous :
-
en donnant de l'argent. Bientôt vous serez effectivement salarié 1200 euros par mois, soit 40 euros par jour. C'est ce que coûte un an d'école primaire...
- en prenant le temps de vous informer. Le must : ma page perso, site de l'association Enfants de Kinshasa : www.eleves.ens.fr/home/dauphant
- en parrainant un enfant de Mpasa et en lui écrivant.
- en prenant toutes les initiatives que vous voudrez. Avec plusieurs années, beaucoup de gens investis dans le projet vont
bien devoir s'éloigner : à Paris l'auteur de ces lignes hélas déjà archicube, ou à Kinshasa le P. Santédi, devenu secrétaire de la Conférence Episcopale Nationale Congolaise. Alors place aux jeunes!
- en venant à Mpasa II? Dépaysement garanti. Notre tour-operator est le seul à desservir cette station ;-)
C'est d'autant plus important que c'est compliqué, particulièrement pour les communications et la douane. La RD
Congo n'est pas un «eldorado humanitaire». Tout y est plus complexe, tordu,
et donc plus urgent. Communiquer avec Mpasa prend du temps, mais si nous ne prenons pas le temps d'écouter
ces frères oubliés du monde, qui le fera?
L.D.