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Aux néophytes, sur le Saint-Sacrement

Sermon 2721

Foi et intelligence

Saint Augustin d'Hippone, évêque, Père et docteur de l'Église





Ce que vous voyez sur l'autel de Dieu, vous l'avez déjà vu la nuit dernière. Mais qu'est-ce ? Qu'est-ce que cela veut dire? Quel grand mystère s'y cache-t-il? Vous ne le savez pas encore.

Que voyez-vous dis-je? Un pain et une coupe. Vos yeux d'ailleurs vous en ont averti. Mais votre foi entend en savoir davantage: ce pain est le corps du Christ, cette coupe est le sang du Christ. Courte formule, mais qui suffirait peut-être à la foi? Non, la foi est plus exigeante: Si vous ne croyez, disait le prophète, vous ne comprendrez pas2. Vous pouvez donc me dire aujourd'hui: « tu nous as demandé de croire, fais-nous à présent comprendre!» [...].

Nous sommes le corps du Christ

Mes frères, ces mystères portent le nom de «sacrements», parce que l'apparence ne correspond pas à leur réalité profonde. Que voit-on? Un objet matériel. Mais l'esprit y discerne une grâce spirituelle. Veux-tu comprendre ce qu'est le corps du Christ? Ecoute l'Apôtre dire aux fidèles: Vous êtes le corps du Christ et ses membres3. Si donc vous êtes le corps du Christ et ses membres, c'est votre propre symbole qui repose sur la table du Seigneur. C'est votre propre symbole que vous recevez. A ce que vous êtes, vous répondez: «Amen», et cette réponse est votre adhésion. Tu entends: «Le corps du Christ», et tu réponds: «Amen». Sois un membre du corps du Christ, afin que ton «amen» soit vrai.

Comment ce pain est-il donc le corps du Christ? Ne proposons pas ici d'opinion personnelle, mais écoutons encore et toujours l'Apôtre, qui déclare à propos de ce sacrement: Quoique nombreux, nous sommes un seul pain, un seul corps4. Comprenez et réjouissez-vous! Unité. Vérité. Piété. Amitié. Un seul pain: qui est ce pain unique? Quoique nombreux, un seul corps. Rappelez-vous que le pain n'est pas formé d'un seul grain, mais d'un grand nombre. Au moment des exorcismes, vous étiez comme broyés. Au moment du baptême, vous avez été comme imbibés d'eau. Et quand vous avez reçu le feu de l'Esprit-Saint, vous avez été comme passés à la cuisson. Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes.

Voilà comme l'Apôtre a parlé du pain. Désormais le sens de cette coupe ne vous échappe plus, quoique l'on n'en ait rien dit. En effet, pour donner au pain une apparence sensible, on a mélangé dans l'eau des grains nombreux qui n'ont plus formé qu'une pâte, symbole des premiers chrétiens dont parle l'Ecriture sainte: Ils n'avaient qu'une âme et qu'un coeur pour Dieu5. Il est de même du vin. Frères, rappelez vous comment on fait le vin. Les grains pendent, nombreux, à la grappe, mais ils se fondent en une seule et même liqueur.

Un sacrement de paix

Tel est le modèle que nous a donné notre Seigneur Jésus-Christ. Il a voulu que nous adhérions à lui, et il a institué sur sa table le sacrement de notre paix et de notre unité. Celui qui reçoit le sacrement de l'unité sans garder le lien de la paix, reçoit, en guise de sacrement profitable, un témoignage qui le condamne.

Tournons-nous vers le Seigneur, notre Dieu et Père tout-puissant, et d'un coeur pur, dans la mesure de notre faiblesse, rendons-lui d'immenses et sincères actions de grâces. Prions avec toute notre âme sa munificence extrême, afin que nos prières lui plaisent et qu'il daigne les exaucer. Qu'en sa puissance, il chasse l'Ennemi de nos actes et de nos pensées. Qu'il multiplie en nous la foi, qu'il gouverne notre esprit, qu'il nous inspire des pensées spirituelles, et nous conduise jusqu'à sa félicité. Par Jésus-Christ son Fils. Amen.
St A.

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