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Revue de presse du monde catholique novembre-décembre 2004

Céline Mistretta

Paris Toussaint 2004

Paris Toussaint 2004 réussi (d'après La Vie -- 2 novembre 2004)

Cette deuxième édition du congrès d'évangélisation (23 oct--1 er nov) a été un vif succès. «Selon l'archevêché, les veillées de prière ont rassemblé jusqu'à 100 000 personnes. La journée du pardon du vendredi a été suivie par 50 000 fidèles. Les concerts de rock chrétien ont été très appréciés avec 30 000 spectateurs sur la seule soirée de samedi, pour la 3ième édition de «Holywins» place Saint Sulpice. Plus intellectuelles, et d'une grande qualité, les soirées-débat ont fait salle comble à l'École des Beaux-arts autour d'invités comme Jacqueline de Romilly, Alain Finkielkraut ou Max Gallo. Dimanche, les paroisses de Paris ont convergé vers Notre-Dame portant les «livres de vie» recueillant les prières de 300 000 anonymes. » Selon le vicaire général de Paris et organisateur de l'événement, la manifestation a touché «en égale proportion des paroissiens fidèles et des personnes éloignées de l'Église. Un engouement marqué surtout dans le centre de Paris, «des églises loin du centre n'ayant pas bénéficié du dynamisme de Notre-Dame», nuance pourtant l'évêque. Rendez-vous à Lisbonne du 3 au 12 novembre 2005.

«Paris Toussaint 2004», une idée pour l'Église de France ? (La Croix -- 3 novembre 2004)

D'après les propos de Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont , «Paris Toussaint 2004» s'inscrit dans une dynamique, alors que nous fêtons les dix ans du rapport Dagens «Proposer la foi dans la société actuelle» (succès inattendu de la visite du Pape en 1996, JMJ en 1997...). Bien sûr, cela parallèlement au «déclin de certaines dispositions institutionnelles de l'Église». Mais face à la question de la mort, l'Église pose plutôt la question de notre avenir. «Maintenant, on se rend compte que Halloween n'a pas fait florès comme on le pensait. Mais l'Église va au-delà du gadget marketing : elle répond à des questions de fond. [...] Qu'on lise le rapport Thélot sur l'éducation, les interrogations sur le suicide des jeunes, le questionnement d'un intellectuel comme Luc Ferry sur Qu'est-ce qu'une vie réussie? On verra qu'on baigne dans le questionnement de «Paris Toussaint 2004 : ``Qui nous fera voir le bonheur?''»

L'Église de France entre dans «la nouvelle évangélisation» (d'après La Croix -- 10 novembre 2004)

La «nouvelle évangélisation» n'est plus une question entre évêques. En effet, l'assemblée 2004 de Lourdes semble avoir marqué la fin d'un débat interne long de vingt ans. Invités à un débat organisé à Lourdes, en marge de l'assemblée, par l'Association des Journalistes de l'Information Religieuse, l'Ajir, Mgr Gérard Defois, évêque de Lille, et Mgr Christophe Dufour, ont chacun à leur manière confirmé cette évolution; la phrase-programme de l'évêque lillois étant «les Béatitudes, un projet de société!» tandis que Mgr Dufour estime que «le christianisme ne fait que commencer». Une vague que les évêques ont également perçue en germe dans le succès de «Paris Toussaint 2004», essai diocésain que Mgr Ricard, président de la Conférence des évêques, veut transformer sur le plan national en appelant à une mobilisation générale pour les JMJ de Cologne.

Prière techno à la cathédrale ( d'après La Vie -- 11 novembre 2004)

Deux DJ, l'un maître de la musique house et l'autre virtuose de l'electro, ont fait vibrer les voûtes gothiques de la cathédrale de Metz, le 5 nov, lors d'une soirée gratuite qui se voulait néanmoins un temps de célébration spirituelle et non un spectacle. Une grande première dans l'Église de l'Hexagone. La veillée, mêlant textes bibliques et effets de techno a attiré entre 2500 et 3000 personnes en majorité des jeunes. Entre les lectures la foule était invitée à danser comme en boîte de nuit. «Ce n'est pas pour autant que la cathédrale était devenue une boîte. J'ai été marqué par la qualité spirituelle de cette expression corporelle et le respect de ces jeunes pour le lieu », explique le chargé de communication. Les 2 DJ et la danseuse de boîte professionnelle qui a bénévolement «joué» Marie-Madeleine au jardin de la résurrection ont été recrutés par de jeunes franciscains mosellans, fascinés par le monde de la nuit, et qui avaient déjà organisé une «mission» avec les 2 DJ en mai dernier, dans leur chapelle de Bonne-Fontaine. Après Metz, J Croix --- c'est le nom de l'association dirigée par les Franciscains --- espère emmener ses artistes dans d'autres sanctuaires, notamment Lyon et jusqu'aux JMJ de Cologne.

L'assemblée plénière des évêques à Lourdes

L'Assemblée plénière de la Conférence épiscopale réunit deux fois par an l'ensemble des évêques en activité résidant en France métropolitaine et dans les départements d'outre-mer.

L'un des deux objets (avec la catéchèse) de la Conférence épiscopale tenue à Lourdes du 4 novembre au 9 novembre 2004 est la réforme du fonctionnement même de l'Église de France. L'idée centrale est de mettre en oeuvre une structure adaptable qui puisse répondre sans délai à toute question nouvelle, notamment par le biais de travaux souples où évêques et experts travailleraient ensemble le temps nécessaire. Cela pourrait aboutir à la disparition, au printemps, des actuelles commissions épiscopales, au profit de «départements» ou de «pôles» (le nom n'est pas encore choisi) organisés selon les champs pastoraux : Église et société, pastorale des enfants et des jeunes... (d'après La Croix -- 9 novembre 2004)

Les évêques de France à Lourdes : décloisonner le travail épiscopal (6 et 7 novembre 2004)

Depuis l'an 2000, les évêques de France planchent sur le dossier de la catéchèse. En février 2003, un texte est publié : «Aller au coeur de la foi, quel avenir pour la catéchèse?», distribué à plus de 10 000 exemplaires. Les évêques demandent alors aux communautés chrétiennes de s'exprimer sur le sujet. Plus de 1500 contributions remonteront au Centre National de l'Enseignement Religieux (CNER). Une synthèse de ces réactions a été élaborée par la Commission épiscopale. La catéchèse n'est pas le seul sujet de travail des évêques de France : ceux-ci réflechissent également à une autre façon de travailler ensemble, en réorganisant leurs instances collégiales, signe d'une volonté de décloisonner le travail épiscopal. Pas toujours facile, quand chaque évêque reste maître dans son diocèse.

La catéchèse rate son examen de passage (d'après La Croix -- 9 novembre 2004)

Sur la catéchèse, l'Assemblée plénière n'a pas réussi à trouver un consensus. Même si tous les évêques conviennent que le système ne fonctionne plus, les débats, parfois serrés, n'ont pas permis d'aboutir à un texte d'orientation. Les évêques ont du mal à savoir quelle direction prendre. Mais quatre possibilités se sont dégagées des travaux :

Initiatives

Le «gâteau catho» se vend comme des petits pains (d'après Le Parisien -- 2 novembre 2004)

C'est sa troisième année d'existence et visiblement il se porte bien : le gâteau de la Toussaint connaît un vif succès dans les quelques 300 pâtisseries de France qui ont décidé de le commercialiser. Cette meringue aux amandes, pistaches et framboises avec crème de citron caramélisée doit correspondre à un strict cahier des charges. Il est vendu accompagné d'une petite carte racontant la vie des saints. Cette opération initiée en 2002 à Paris a été relayée par la plupart des diocèses de France. Avec son prix pluôt attractif (11 euros), le gâteau remplit parfaitement son rôle dans la réappropriation de la fête de la Toussaint lancée par l'Église contre Halloween.

Un appel des évêques européens et africains réunis à Rome (d'après La Croix -- 16 novembre 2004)

Le week-end des 13 et 14 novembre s'est réuni à Rome le symposium «Communion et solidarité» . Les évêques africains et européens ont affirmé que «l'Europe a besoin de l'Afrique et que l'Afrique a besoin de l'Europe, et que l'Europe et l'Afrique ensemble ont un service à rendre au monde». Ils ont rappelé aux pays riches leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l'aide publique au développement et «la nécessité d'une annulation de la dette». Jean-Paul II a d'autre part créé la surprise en annonçant lors de l'audience --- mais sans donner de date --- la tenue d'un second synode des évêques pour l'Afrique, dix ans après le synode africain de 1994. En attendant, le succès du symposium organisé par les conférences d'Europe et d'Afrique a bien été celui de la rencontre.

Extrait de La Croix -- 18 novembre 2004

Inxl6 (prononcez in excelsis) est le pari Internet réussi de la conférence des évêques de France à destination des jeunes, mêlant actualité ecclésiale, culturelle et formation de base. Touchant chaque jour 4500 internautes, chiffre en progression constante, il est surtout un lieu d'échange entre jeunes chrétiens, mais aussi au-delà, comme le montre la diversité des contributions sur le forum. C'est aussi le site incontournable pour commencer à préparer les JMJ 2005 à Cologne.

D'après La Vie -- 25 novembre 2004

500 000 exemplaires du Nouveau Testament et des Psaumes ont été diffusés à Lyon, à l'occasion de la fête locale des Lumières, le 8 décembre, et tout au long de l'Avent. La diffusion de ces petits livres a ainsi marqué le 150ième anniversaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception. Par mesure d'économie, ces Bibles, éditées par la communauté de l'Emmanuel, ont été imprimées en Chine. L'opération a tout de même coûté 65 000 euros que Mgr Barbarin espère couvrir par les dons des fidèles. Une opération dans l'air du temps, car à l'occasion d'une «année de la Parole», le diocèse de Bordeaux compte diffuser à son tour 300 000 exemplaires de l'Évangile de Matthieu.

La Semaine chrétienne du cinéma (d'après La Vie -- 2 décembre 2004)

Pour sa 10ième édition, la Semaine chrétienne du cinéma a axé sa programmation sur le thème de la mémoire. De La Chambre verte de François Truffaut à Nuit et Brouillard d'Alain Resnais en passant par Sonate d'automme d'Ingmar Bergman, une vingtaine de films ont ainsi été projetés au Cinéma des cinéastes (Paris XVIIième) et suivis par des débats. Depuis 1995, en effet, la Semaine chrétienne du cinéma invite les spectacteurs à échanger sur les films visionnés afin de ne pas rester passif face aux images.

L'Église explore les «chemins du bonheur» (d'après La Croix -- 1 er décembre 2004)

Le 10ième congrès de la pastorale familiale a réuni, à Francheville, près de Lyon, 300 responsables diocésains sur le thème du «bonheur familial» (week-end des 27 et 28 décembre 2004) , après avoir abordé en 1998 la place du père et celle des enfants en 2001. Sortir du pessimisme ambiant : tel était l'impératif de ce colloque.

Le «oui» d'un évêque (La Vie -- 2 décembre 2004)

«Oui à la constitution européenne» : c'est le message du diocèse de Grenoble publié dans un document de 3 pages qui réfute tous les arguments des opposants à ce texte... Un plaidoyer disponible sur le site www.cathisere.com

Les hôpitaux catholiques soignent leur identité (d'après La Croix --2 décembre 2004)

La tension entre questions éthiques et impératifs économiques fut au centre d'un colloque des hôpitaux catholiques d'Île de France organisé le 2 décembre au Centre Sèvres à Paris. Une large place fut donnée à des expériences concrètes menées au sein de ces établissements pour «inventer de nouvelles manières d'être hospitalier» à l'égard des personnes malades ou atteintes de handicaps.

L'hommage aux «morts de la rue» redonne de la dignité aux sans-abris (d'après La Croix -- 2 décembre 2004)

Mardi 30 novembre 2004 au soir, 500 personnes ont participé à une cérémonie interreligieuse en l'église Saint-Eustache à Paris où ils ont écouté la litanie de 107 vies s'étant achevées dans l'anonymat de la rue. L'origine de cette initiative date de l'hiver 1999 lorsque le fondateur du mouvement «Aux captifs la libération», le père Patrick Giros, publiait le premier «faire-part» avec une liste de noms.

L'hymne des JMJ sur Internet (d'après La Croix -- 8 décembre 2004)

L'hymne officiel des prochaines JMJ (du 15 au 21 août 2005 à Cologne) s'intitule Venimus adorare eum ce qui veut dire «Nous sommes venus l'adorer», thème de ces journées. Le texte et la partition sont d'ores et déjà disponibles sur le portail jeune de l'Église catholique de France : http://www.inxl6.org . Pour plus de renseignements : site officiel des JMJ de Cologne : www.wjt2005.de

Croire aujourd'hui fait peau neuve (d'après La Croix -- 14 décembre)

Avec sa nouvelle formule, le bimensuel animé par des jésuites (qui existe depuis 1996 sous ce titre) se veut plus proche de son lectorat. Si la forme évolue, le contenu reste sensiblement le même : «l'enjeu de cette revue est d'articuler la foi et la vie», rappelle le P. François Boëdec dans son éditorial du 1 er décembre. Les 4 rubriques principales subsistent : le dossier central traitant une question d'actualité, les «repères pour vivre sa foi», l'espace «forum», «les signes des temps». Au coeur de la revue, un petit cahier central : les commentaires sur les évangiles de chaque dimanche de la quinzaine. «Sur la route de la foi, nul ne peut avancer seul», poursuit François Boëdec. La revue s'adresse non seulement aux chrétiens engagés dans la transmission de la foi mais aussi aux personnes en recherche et aux «recommençants».

«La lumière de Bethléem» se propage en France (d'après La Croix -- 16 décembre 2004)

Cette année le mouvement a dépassé l'Europe puisqu'une délégation d'Afrique du Sud était présente. Pour la France, qui participe depuis l'année dernière à cette opération, l'opération est relayée par les Scouts et Guides de France (catholiques) et les Éclaireurs et Éclaireuses unionistes de France (protestants). Depuis 18 ans, la petite lumière est transmise de Bethléem aux Scouts d'Europe via Vienne. Allumé le 23 novembre dans la grotte de la nativité à Béthléem puis apporté en Autriche, ce symbole de paix a été transmis samedi 11 décembre, au cours d'une célébration dans la cathédrale de Vienne, à des délégations de jeunes venus de toute l'Europe. En France, les scouts porteurs de cette lumière l'ont transmise le 12 à l'oratoire du Louvre à 59 délégations de toute la France. Ainsi se propagera-t-elle petit à petit dans toute la France. L'opération «Lumière de Béthléem» a été lancée il y a 18 ans par la radio publique autrichienne ORF. Chaque année, depuis 1986, les mouvements scouts de toute l'Europe viennent chercher la lumière à la cathédrale de Vienne. De nombreuses personnalités ont reçu la «Lumière de Béthléem» de la main des scouts dont Jean-Paul II, l'ancien Président de la Commission européenne Romano Prodi ou le roi Hussein de Jordanie.

L'actualité des associations catholiques

D'après La Croix -- 8 décembre 2004

L'ACAT (Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture) fête en 2004 son trentième anniversaire. L'action des membres de cette association est d'abord fondée sur la prière. Ensuite, ils écrivent aux gouvernements pour demander la libération de prisonniers, pour que ces derniers ne soient pas exécutés ou pour que les gouvernements adoptent des lois protégeant les droits de l'Homme. L'ACAT contribue à libérer 300 personnes chaque année.

Les Associations familiales catholiques ont 100 ans (D'après La Croix -- 10 décembre 2004)

Un prêtre de l'Ain, l'abbé Joseph Tournier, lance une association cantonale en 1905 pour «faire observer la neutralité religieuse inscrite dans la loi» suite aux plaintes déposées par des pères de famille contre les propos anticléricaux tenus dans certaines écoles publiques. Non confessionnelle, l'association est ouverte aux pères et mères de famille de l'école publique. L'idée se propage dans les départements voisins. En 1909, on compte 73 associations familiales qui se regroupent en Union des Associations Catholiques de Chefs de Famille (ACCF). La priorité est alors la question scolaire. L'entre-deux-guerres est une période difficile : les ACCF, d'un poids faible, s'engagent alors aux côtés de la puissante FNC (Fédération Nationale Catholique) dans la lutte contre la politique anticléricale du Cartel des gauches. Après la deuxième guerre mondiale, durant laquelle le mouvement se divise, et après le réforme créant l'UNAF (l'Union Nationale des Associations Familiales), les ACCF se concentrent à nouveau sur la question scolaire. Le but : défendre l'école libre, touchée par la suppression en 1945 de ses subventions publiques. Les années 1950 marquent un tournant : les ACCF deviennent les AFC ( Associations Familiales Catholiques). Au début des années 1960, c'est une «période de forte turbulence» d'après l'historien Michel Emmanuel (1961 : 1 er planning familial, puis loi Neuwirth, loi Veil...) Autant de projets auxquels s'opposeront les AFC qui «proposeront toujours des alternatives constructives», note encore M. Emmanuel. Sursaut dans les années 1980 avec une nouvelle génération et l'arrivée de Jean-Paul II. Elles s'engageront dans 2 dernières «bagarres» : celle de «l'école libre» (1984) et plus récemment celle du PACS. Depuis, elles ont aussi lancé des groupes de «chantiers éducation», sortes de formations pour les parents, très ouverts vers l'extérieur car «50% des gens qui les fréquentent ne sont pas des adhérents AFC» (M. Emmanuel) Le colloque des AFC, 1 er acte du centenaire, qui s'est tenu le 11 décembre à Paris avait pour thème la revalorisation du mariage.

Les Chrétiens au coeur de la solidarité européenne (d'après La Croix -- 10 décembre 2004)

Les intervenants du collectif «Aux captifs la libération» se sont interrogés sur la responsabilité des chrétiens en Europe. Pour la 3ième année consécutive, le colloque «les clés de la ville» a récemment réuni des représentants issus de l'entreprise, du monde de l'éducation, du monde des arts et des lettres, des associations mais aussi des politiques et des représentants des Églises pour répondre à cette question : comment construire une Europe sociale?

La mission de France : une vocation spécifique ( d'après La Croix -- 21 décembre 2004)

C'est un diocèse étrange, comptant un évêque, 205 prêtres et diacres, un séminaire mais n'ayant ni peuple ni territoire. Dispersé sur tout l'Hexagone et un peu à l'étranger, c'est l'aiguillon missionaire de l'Église de France, surtout auprès de «tous les incroyants du Christ». Elle est née dans les années 1940 à travers l'action des prêtres et séminaristes de tous les diocèses de France dans l'annonce de l'Évangile auprès des plus défavorisés et déchristianisés en partageant leur vie de tous les jours, comme l'a fait Madeleine Delbrêl. Mais un malentendu naît entre la Mission ouvrière et la Mission de France. La Mission de France n'en sera pas moins affectée par la condamnation des prêtres ouvriers en février 1954. Paradoxalement c'est dans ce contexte que Rome lui accorde un statut canonique spécifique. La Mission de France est officiellement dotée d'un statut canonique propre par la Constitution apostolique Omnium ecclesiarum de Pie XII, le 15 août 1954. Elle célèbre donc cette année le cinquantième anniversaire de sa reconnaissance officielle. A cette occasion, Mgr Patenotre succède à Mgr Gilson comme prélat de la Mission.

Débats

STOQ : késako ? (d'après La Vie -- 11 novembre 2004)

Les autorités catholiques organisent à Rome un vaste programme universitaire consacré aux relations entre science et foi, intitulé STOQ (Science, Theology and the Ontological Quest) et qui questionne la notion de hasard dans les théories de l'évolution. Le projet STOQ a été créé en 2002 pour un cycle de 2 ans. En 2004, un nouveau cycle intitulé STOQ II a été reconduit pour 2 ans. Trois universités pontificales sont concernées où 60 000 étudiants suivent les cours en complément d'autres formations. L'initiative romaine dépend directement du cardinal Poupard, président du Conseil pontifical de la Culture. Cependant, 3 ans après son lancement, le projet STOQ demeure inconnu du grand public et curieusement aussi de la communauté scientifique. Ce programme fait appel à des intervenants enseignant des thèses parfois controversées. Ainsi, l'apport de l'université interdisciplinaire de Paris au sein du projet STOQ suscite-t-elle des inquiétudes. Créée en 1995, elle anime des colloques ds le domaine de la science et des religions sous l'impulsion de son secrétaire général le Français Jean Staune, qui ne cache pas ses critiques à l'encontre du darwinisme classique. Il ne remet pas en cause l'idée d'évolution mais le fait qu'elle soit régie par le hasard : Dieu aurait donné des coups de pouce réguliers pour que l'évolution des espèces s'oriente vers la naissance de l'Homme. Pour ce qui est de la doctrine du Vatican, elle reste celle émise par le Pape en 1996. Lors d'un discours sur la théorie scientifique des espèces, Jean-Paul II y avait reconnu «plus qu'une hypothèse». Puis il avait ajouté «plus que de la théorie de l'évolution, il convient de parler des théories de l'évolution», laissant ouvert le débat sur le hasard. L'Église cherche-t-elle à aller plus loin en ouvrant une troisième voie entre une approche créationniste et le darwinisme? Le débat mérite en tout cas de sortir des cercles restreints de Rome.

Site Internet du programme STOQ : www.stoqnet.org

40 après, Vatican II a-t-il été trahi? (d'après La Vie -- 18 novembre 2004)

Le 21 novembre 1964, il y a 40 ans, les évêques du monde entier adoptaient la constitution Lumen gentium, l'Église «Lumière des nations». Une véritable révolution dont la plupart des catholiques se réclament encore. Jamais jusque-là un concile n'avait consacré ses travaux à l'Église. En 1870, le concile Vatican I s'était essayé en tentant de redéfinir l'Église catholique. Mais l'annexion de Rome par l'Italie l'avait contraint à s'arrêter au dogme de l'infaillibilité pontificale. Un siècle plus tard, le monde avait considérablement changé (1905, influence des «maîtres du soupçon» : Marx, Freud, Nietzsche). La première version du document distribuée le 23 novembre traduisait une conception assez classique, l'Église catholique se trouvant encore caractérisée essentiellement par sa hiérarchie. Mais dès les premiers débats, les évêques belges font voler en éclat cette approche. En coulisses, une autre version circule déjà : c'est ce texte remanié qui servira à la future constitution dont le début est une réflexion sur ce qui fonde l'Église. Son titre Lumen gentium reprend la première phrase de la constitution que l'on peut traduire en français par «le Christ est la lumière des nations». Avant d'être un organigramme, l'Église existe d'abord par sa mission : réfléter la lumière du Christ pour le monde. L'Église, c'est d'abord le «peuple de Dieu»; la hiérarchie ne venant qu'après, étudiée dans un troisième chapitre du document. 40 ans après, on doit des avancées majeures à ce texte, notamment, la réhabilitation du diaconat qui avait disparu depuis des siècles ou l'engagement des laïcs dans la société. Nuance : selon les critiques des néoconservateurs, Vatican II et Lumen gentium auraient banalisé la fonction du prêtre. À trop s'engager dans le monde, les laïcs auraient oublié de nourrir leur foi en délaissant la vie liturgique? La révolution de Lumen gentium a t-elle été bafouée ou accomplie? Le débat reste ouvert.

Une place pour la religion dans la République laïque (d'après La Croix -- 26 novembre 2004)

Samedi 20 et dimanche 21 novembre s'est tenu au Palais de Justice de Paris, le 20ième congrès des juristes catholiques autour du thème «La religion dans la République laïque». Ce colloque réunissant des universitaires, juristes, politiques s'est ouvert sur le rappel des origines chrétiennes de l'idée même de laïcité. Dans les Actes des Apôtres, ne sont-ce pas les premiers chrétiens, minoritaires dans la société romaine, qui revendiquent la liberté religieuse? Dans l'Évangile, Jésus n'exhorte-t-il pas à «rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu»? L'idée de distinction entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel est ensuite développée par les grands penseurs chrétiens, mais l'idée de séparation est née au xixième siècle. Mais l'édifice de 1905 tient-il toujours? Les uns veulent une réforme, notamment pour contrôler le financement de l'Islam, d'autres refusent de toucher à une loi si sensible. La conclusion retenue fut qu'on peut, et qu'on doit, séparer les Églises et l'État, mais qu'on ne peut séparer la religion de la société.

Société

Denier du culte en chute (La Vie -- 2 décembre 2004)

Le nombre de donateurs décroît (1,4 M de foyers) alors que les charges augmentent plus vite que les ressources : l'Église emploie 30 000 personnes (dont 10 000 laïcs), pour 446 millions d'euros de recette en 2003.

La foi s'exprime de façon plus visible dans le monde du spectacle (d'après La Croix -- 1 er décembre 2004)

Depuis peu, des personnalités du monde du spectacle (Britney Spears, Madonna, Mel Gibson...) mais aussi des journalistes (Isabelle Morini-Boscq, journaliste à RTL et Canal+), des publicitaires, des écrivains, ne cachent plus leurs convictions religieuses et vont jusqu'à les porter en étendard. À quelle fin s'interroge La Croix? Réagir à un environnement hostile est l'une des raisons qui pousse à s'exprimer. Ainsi, le cinéaste Wim Wenders s'est senti dans l'obligation d'opposer «son» christianisme à celui de George W. Bush (cf. son dernier film Land of plenty, clairement militant). Est-ce un simple effet de mode ? (tant de gens se disent athées qu'il devient chic de se déclarer catholique...) Des signes invitent à penser que le phénomène est plus profond. Le monde des lettres témoigne ainsi d'une sensibilité au sujet religieux jusqu'ici fort peu présent dans la création littéraire française contemporaine. De même, la musique sacrée a de plus en plus la cote parmi les compositeurs.

«Chrétiens en France, l'aventure continue»

Pendant cinq semaines (du 8 novembre au 13 décembre) le journal La Croix s'est proposé d'aller à la rencontre des chrétiens dans la société française. Il ne s'agissait pas d'étudier le christianisme dans ses dimensions spirituelles ou théologiques mais dans son rapport avec la société dans la mesure où le service des hommes, l'amour du prochain, fait partie intégrante, avec l'annonce de l'Évangile, de la mission des chrétiens. La première semaine a permis de rendre compte de la diversité des chrétiens en France. Les trois semaines suivantes furent l'occasion d'explorer trois domaines où les chrétiens sont présents : l'attention aux personnes, l'organisation de la société, le monde des idées et de la culture. La cinquième semaine s'est voulu une porte ouverte vers le futur.

Enquête CSA -- La Croix : 2 Français sur 3 se disent catholiques (d'après La Croix -- 24 décembre 2004)

Même si l'affirmation de l'appartenance au catholicisme et la pratique régulière reculent, près de 30 millions de Français adultes se déclarent catholiques. On constate par ailleurs une adhésion renforcée chez les jeunes. La lente érosion du catholicisme en France se poursuit : c'est le principal enseignement de l'enquête réalisée par l'institut CSA et publiée par le journal La Croix le vendredi 24 décembre 2004. En 2001, 69% des Français se disaient catholiques. En 2004 : 64,3% ce qui est bien loin des 80% du début des années 1960! Mais cela correspond en fait au recul du nombre de Français déclarant avoir une religion (ils ne sont plus que 73%). Et même si l'affirmation de l'appartenance au catholicisme recule ce sont tout de même près de 30 millions de Français adultes qui se déclarent catholiques. La baisse de la pratique régulière (i.e. la fréquentation mensuelle de l'office dominical) est passé en trois ans de 10% à 7,7%. Mais l'enquête innove en proposant l'étude du noyau dur des «catholiques pratiquant», un groupe qui représente encore plus de 3,5 millions d'adultes en France. Deux profils se dégagent : 1) une femme plutôt âgée, vivant en milieu rural, peu diplômée. 2) le catholique vivant en région parisienne et ayant un haut niveau d'éducation. Mais la question vitale est : peut-on mesurer la vitalité du catholicisme à la seule pratique dominicale? Loin de l'image morose d'une France catholique vieillissante se dégage une réalitée plus complexe et mouvante à travers une multititude d'initiatives, de réseaux, d'innovations... On constate par ailleurs une adhésion renforcée chez les jeunes.

La vie religieuse

Diacres permanents : servir, à l'exemple du Christ (d'après La Croix -- 20 novembre 2004)

Le 21 novembre 1964, les pères du Concile Vatican II restauraient le principe de l'exercice du diaconat permanent, abandonné depuis des siècles. Les premières ordinations diaconales ont eu lieu en France en 1970. Les débuts sont lents, tâtonnants. Aujourd'hui, les diacres sont près de 1800 en France (il y en a plus de 30 000 dans le monde), la plupart étant mariés. Un colloque organisé par la Faculté de théologie de Lyon et intitulé «Le diaconat permanent. 40 ans d'expérience française», est revenu les 20 et 21 novembre sur l'expérience française.

Le diaconat permanent cherche encore ses marques (d'après La Croix-- 23 novembre 2004)

Le colloque organisé à Lyon a révélé l'originalité en même temps que la fragilité du diaconat permanent. Marquée par la pénurie de prêtres, la restauration du diaconat a obligé a repenser la théologie du ministère et du sacrement de l'ordre. Au bout de 40 ans, les interrogations ne se sont pas dissipées. Mais pour l'évêque de Nevers «la collaboration diacres-prêtres est une des clés de l'avenir». À condition de la considérer non en termes de suppléance mais de complémentarité.

La vie religieuse traverse l'épreuve d'une profonde mutation (d'après La Croix -- 30 novembre 2004)

Le 1 er décembre s'est ouverte à Lourdes la 3ième assemblée de plus de 400 supérieurs majeurs d'instituts masculins et féminins de France pour se pencher sur les évolutions de la vie religieuse. On connaît la diminution dramatique et le vieillissement des effectifs. Mais on ignore encore que, si les vocations se font rares, plus de la moitié viennent d'Afrique et d'Asie. Par conséquent, la plupart des instituts sont désormais confrontés à des problèmes liés à des difficultés de nationalités et de cultures. La vie de l'Église aussi s'internationalise de plus en plus !

Figures

Les habitants d'Ivry poursuivent le dialogue ouvert par Madeleine Delbrêl (d'après La Croix -- 3 novembre 2004)

Elle aurait eu 100 ans le 24 octobre. Mais à Ivry (Val-de-Marne), Madeleine Delbrêl vit toujours dans les coeurs et les esprits. Et pas seulement parmi les catholiques. Pour rendre hommage à cette petite femme énergique, décédée en 1964 et dont la cause de béatification a été introduite par Rome en 1993, la municipalité communiste et l'évêché se sont justement unis. Toute la journée du samedi 23 octobre a été consacrée à une fête des gens ordinaires avec des manifestations diverses (bal...) et des tables rondes. Née dans une famille athée, Madeleine Delbrêl rencontre la foi chrétienne à 19 ans et souhaitant «vivre la vie ordinaire de gens ordinaires», elle débarque à Ivry pour animer un centre d'action sociale dans la paroisse. A la Libération , le maire communiste Venice Gosnat, voit arriver «une petite bonne femme qui [lui] dit : je me mets à votre disposition». Des liens d'amitié et de respect se tissent entre Madeleine et Venice, qui après leurs morts respectives n'ont jamais été rompus. Depuis quelques années, ils se sont même renforcés. Ainsi, une amicale complicité semble toujours unir les personnalités du maire et du curé actuels (organisation commune de débats, de réveillons de solidarité...).

350ième anniversaire de «la nuit de feu» de Pascal (d'après La Croix -- 25 novembre 2004)

C'est en 1663, à la mort de Pascal, qu'on trouva dans son manteau le récit intime et brûlant de sa conversion dans la nuit du 23 novembre 1654. Une veillée anniversaire a été organisée en l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas où des projections et des lectures de textes de Pascal et de sa famille ont été commentées par le professeur Jean Mesnard.

Au Latran, Henri IV veille toujours sur la nation française (d'après La Croix -- 15 décembre)

«Pour manifester sa bienveillance à l'égard du Siège apostolique qui lui avait accordé l'absolution pour ses erreurs passées», Henri IV fit don aux chanoines du Latran des revenus d'une abbaye que les malheurs des temps avaient vidée de ses moines : Clairac dans le Lot-et-Garonne. Le 22 septembre 1604, des lettres données à Fontainebleau unirent l'abbaye de Clairac à la basilique Saint-Jean-de-Latran. Elles prévoyaient notamment la célébration chaque année en la basilique d'une messe à la Sainte-Lucie, jour anniversaire du roi (13 déc). La révolution avait fait disparaître la messe du 13 décembre, mais on a fini par revenir à cette tradition. On a prié en cette année du 400ième anniversaire de l'événement pour la France et plus précisément lors de la prière universellle «pour la nation française et ceux qui ont la charge de la gouverner, afin que Dieu dirige les esprits et les coeurs au service de la justice et de la paix». Noter que depuis Henri IV, les rois de France et après eux les présidents de la République sont «premier et unique chanoine d'honneur» de la basilique.

Charles de Foucauld bientôt béatifié (d'après La Croix -- 21 décembre 2004)

Le décret de reconnaissance d'un miracle obtenu par son intercession en ce matin du 21 décembre ouvre le chemin de la béatification du Père de Foucauld, plus de 80 ans après sa mort. Ce délai est dû aux interruptions dans l'enquête lors de la deuxième Guerre mondiale et la Guerre d'Algérie, mais aussi à la vie même du «frère universel», une vie parfois tumultueuse et complexe. Né le 15 septembre 1858 à Strasbourg, il est orphelin à 6 ans et est élevé par son grand-père maternel. En 1870, la famille est expulsée de Strasbourg par les Allemands et choisit de conserver la nationalité française. Charles perd peu à peu la foi. Il choisit la carrière militaire, mais d'un tempérament rebelle, il la quitte pour un voyage de reconnaissance au Maroc. Bouleversé par sa rencontre avec des musulmans «vivant dans la continuelle présence de Dieu», il commence à s'intéresser au christianisme. Il a 28 ans quand il se convertit : il renonce alors à tout pour ne vivre que de Dieu. De passage dans l'ordre cistercien, plus tard prêtre à Viviers (Ardèche), il se fixe finalement à Tamanrasset en Algérie où il se bâtit un ermitage, «offrant sa vie pour la conversion des peuples du Sahara». Mais des préoccupations politiques et patriotiques --- à travers ses carnets --- ont pu choquer ceux qui voulaient cantonner l'ermite au domaine spirituel et font qu'aujourd'hui, il conserve une image équivoque. Constatant le peu d'intérêt des Français pour les colonies, il vient en France sensibiliser les catholiques à son désir d'aider les populations musulmanes ou animistes. Mais la guerre de 1914 éclate. Le soir du 1 er décembre, il est surpris par une bande de pilleurs, fait prisonnier et victime d'un coup de feu du garde.
C. M.


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