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Quand le laboratoire était oratoire...

...quelques alchimistes chrétiens et la Création.

Lise Barucq

«Qui notre pierre dans l'art édifiera,
Sur le début de la nature méditera.
Quels sont des métaux principe et nature?
L'art par nous fait la plus haute teinture.»
C.H. vom Hoff,
Petit livre sur l'art.






Tout a commencé avec la question : «Quel rapport peut bien avoir un chimiste avec la Création? » Et au hasard de quelques errances dans l'histoire de la chimie, me voilà plongée dans le monde de l'alchimie. Monde qui se réduisait pour moi à l'image d'une bande d'allumés acharnés à leur fourneau, à la recherche d'un caillou à «effet Midas». Monde que je restreins ici à quelques alchimistes allemands du xviième siècle, période où la part de spéculation sur la nature, Dieu et l'Homme s'exagère1. Et de tout allumés qu'ils sont à nos yeux de scientifiques modernes, on verra que ces alchimistes ont mené une véritable réflexion sur la Création, leur permettant d'interpréter leurs observations et de poursuivre leur OEuvre.

Un peu de décor pour commencer

L'alchimie est vraisemblablement apparue en Égypte à l'époque des Ptolémées, et s'est développée entre autres autour de la fabrication du verre. Le mot égyptien chamé signifierait noir, et chemmis --- terme utilisé par Zosime le Panopolitain (iiiième siècle) pour désigner pour la première fois l'alchimie --- pourrait donc signifier art noir ou art sacré. L'alchimie prospère ensuite dans le monde arabe, avant de connaître deux «flambées» en Europe. La première autour du xiiiième siècle, grâce aux «moines érudits », comme Albert le Grand (qui décrit entre autres la technique du bain-marie!), Roger Bacon, ou Thomas d'Aquin (qui faisait des pierres précieuses artificielles). La deuxième à la Renaissance, alors que le retour à l'Antiquité permet la traduction des livres hermétiques2 et que le courant appelé anti-Renaissance voit fleurir superstition, occultisme, sorcellerie (penser à la bulle de 1484 qui lance une véritable chasse aux sorcières) en même temps que se développent les connaissances et l'attrait pour l'expérience. Ce point culminant de l'alchimie, avant sa lente disparition3, sera marqué par les figures de Basile Valentin, le premier à rapporter la synthèse de l'acide nitrique et de l'acide sulfurique, et de Paracelse, médecin alchimiste suisse titulaire de la première chaire de chimie au monde, qui fit de nombreux disciples.

L'univers de l'alchimie s'étend donc historiquement et géographiquement, ce qui contribue à le rendre très hétéroclite. L'«Art sacré» compte comme ministres des souffleurs de verre et des céramistes, des chercheurs de la Pierre, des médecins, les premiers pharmaciens (et les premiers géologues?), des rêveurs, des mystiques, des expérimentateurs précis et appliqués et aussi sans doute un grand nombre de charlatans. Il est donc difficile de dresser un portrait-type de l'alchimiste et de son activité. Cependant, une première constante dans cet univers des alchimistes est la volonté de «cryptage» de leur travail. Ainsi autant les substances chimiques utilisées que les procédés de préparation sont voilés derrière allégories, images, termes aux sens multiples, jeux sur les étymologies, références mythologiques ou religieuses. Voici par exemple un extrait de «mode opératoire» alchimique :

«Du ciel, rosée ici s'écoule
Humidifiant au tombeau le corps sans vie.
L'âme alors se lance du haut des airs
Afin de restaurer le corps sans vie
La voici, du corps la clarification,
Sur terre il resplendit de toutes les couleurs,
Proclamons-le ainsi, le Mercure des philosophes.»
Ce cryptage répond d'abord à une volonté élitiste des «maîtres» de ne pas confier le «secret» à l'adepte non averti, parfois à une nécessité pour échapper aux accusations de sorcellerie ou pour tromper son monde, mais c'est aussi le moyen d'écriture qui exprime l'entrelacs entre les opérations des alchimistes et les références avec lesquelles ils les interprètent, les intègrent dans leur vision de la nature. Une deuxième constante serait en effet l'interaction alchimie-mythologie-religion. Depuis les premiers alchimistes égyptiens, la réalisation de l'OEuvre s'accompagne d'une interprétation de l'ordre du monde, de la construction de théogonies et cosmogonies, cosmologies, anthropologies. D'où l'intégration, dans les travaux de nos premiers alchimistes égyptiens ou grecs, de personnages divins comme représentants des éléments chimiques (penser au mercure), ou de légendes illustrant les affinités entre ces éléments, rendant compte des réactions qu'ils observent. Chez les alchimistes chrétiens à partir du Moyen-Âge, on retrouve dans leurs observations des schémas bibliques : la Trinité, la Chute, la Rédemption.

Mais voyons ce qui fait la particularité de nos alchimistes allemands du xviième siècle, dans la mouvance paracelsienne.

À la recherche de la première Sagesse

Les textes alchimiques allemands du xviième laissent apparaître une nouvelle thématique quant aux fondements et objectifs de cette science. L'obtention de la Pierre Philosophale n'est plus le but unique de son discours et des efforts de ses adeptes, mais la réalisation de la Pierre devient partie (ou conséquence) de l'acquisition d'une intelligence globale de la nature, d'une sagesse universelle. En effet tous évoquent, en décrivant l'origine de leur art, la sagesse adamique, celle qui fut transmise aux patriarches, à Moïse, Esdras, Salomon4... En effet pour l'auteur de L'Apocalypse d'Hermès : «Cette essence spirituelle et chose unique [la Pierre, qui supprime la corruption et prolonge la vie] a été révélée d'en haut à Adam, les saints patriarches en ont nourri un désir particulier.» Et selon Gerhard Dorn, «le premier inventeur de tous les arts, c'est Adam, Adam qui a eu de tout parfaite connaissance, avant et après la chute5», et cette science universelle se serait ensuite répandue par fragments, expliquant la spécialisation des connaissances en différents domaines. C'est cette Sagesse, confiée à l'homme dès la Création, que l'alchimiste se propose de chercher.

Or cette sagesse, une et totale, est donnée par Dieu. Pour Franciscus Kieser, l'homme est fait à l'image de Dieu, donc possédait avant la chute toute la connaissance, mais après la chute il doit «peiner, oeuvrer, beaucoup péniblement pour tout apprendre»6 et recevoir une instruction qui n'est pas humaine, mais communiquée par Dieu. Et vom Hoff, en citant entre autres Ex 31 2-5 (Yahvé institue Belçaléel premier alchimiste!) et Sg 7 (Salomon reconnait avoir été instruit par la Sagesse grâce à la prière et l'invoquation), conclut : «J'ai repoussé tous les livres inutiles, vains, erronés, [...] et j'ai supplié Dieu de m'accorder sagesse, intelligence et connaissance, de me permettre d'entrer dans le jardin des sages, afin de [...] trouver la chose de toutes les choses, ce trésor caché dans le champ dont parle Christ au chapitre treizième de Matthieu, en même temps que les perles fines.» On entrevoit donc ici le lien étroit entre prière et travail de laboratoire, qui donne à l'expérience mystique un statut aussi important que l'expérience «matérielle» et qui permet l'entrée d'une grande part de spéculatif dans la réalisation de l'OEuvre.



Symbolique alchimiste ésotérique

Outre le fait que l'alchimiste se met sur les pas de Salomon, inspiré par Dieu, la réussite de son projet est conforme au premier commandement divin (chronologiquement parlant): «Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la. » En effet, l'alchimiste plierait la nature par son art à la création de richesse, à l'obtention de la santé, mais surtout la dominerait par la connaissance intégrale qu'il en aurait acquise.

Ainsi, la démarche de nos alchimistes est ancrée dans une tradition biblique, voire «Genétique».

De la lumière de la nature.

L'alchimiste est avant tout un observateur de la création (chose créée). Il observe les minéraux, les métaux mais également les êtres vivants, qui, pour certains, interviennent dans la synthèse de la Pierre mais qui servent également de modèles de compréhension (ainsi, de même qu'il faut un temps de germination à la graine ou de gestation à l'embryon animal, il faut un temps de maturation au métal, au minéral pour acquérir sa matière et sa forme). Pour citer Franciscus Kieser: «Or celui qui regarde cette lumière resplendir dans la nature entière, dans toutes les créatures, sans excepter la plus humble de toutes, que ce soit dans le firmament, dans les astres, dans l'air, sur terre, dans les monts et les vallons, dans les créatures des eaux et des profondeurs marines, dans les métaux et dans les minéraux, bref dans toutes les créatures visibles qui la contiennent, selon les termes de Salomon : ``Seigneur, ton Esprit pérenne est dans toutes les créatures!'', celui donc qui la regarde resplendir et qui le comprend, porte le titre de mage, il est un mage7.» Et l'alchimiste veut se distinguer, par cette observation de la nature, des théologiens et kabbalistes : «Donc il convient de distinguer les trois lumières et les trois esprits : la magie est la lumière naturelle et l'esprit naturel. La kabbale est une lumière et un esprit surnaturels, une lumière angélique. La théologie, c'est la lumière de Dieu, l'Esprit Saint.» (Franciscus Kieser) C'est dit, il veut repérer les lois universelles dans les créatures visibles, sa science est une «philosophie naturelle».

D'ailleurs, le labourant doit se plier aux «possibilités de la nature» pour poursuivre l'OEuvre, il ne peut aller à leur encontre. Donc une observation de la nature lui épargnerait bien des efforts et des dépenses à des recherches vaines, comme le rappelle l'auteur du Secret magique. Et je prends en exemple la démonstration qu'il fait de la possibilité naturelle de la «transmutation métallique». Il postule que la matière primaire est une et identique8 ; tous les métaux sont donc constitués de la même matière, mais diffèrent par la plus ou moins grande quantité de «superfluité»9 et leur degré de «digestion»10 (ceci est confirmé par la couleur des métaux : le cuivre est moins impur que le fer car sa couleur est plus proche de celle de l'or). Or naturellement, un «feu essentiel» comme le soleil permet la «digestion» de la matière qui donne lieu aux créatures vivantes. Donc avec un «feu essentiel» propre au métal à purifier on peut lui faire prendre sa forme parfaite, celle de l'or11. Par cette démonstation, l'alchimiste s'appuye donc sur la recherche de la «lumière de la nature» pour vérifier que ce qu'il entreprend est possible, mais également pour trouver le moyen de sa réalisation, puisqu'on voit s'ajouter ici la nouvelle tâche de trouver ce «feu essentiel».

Le terme de «lumière de la nature» est récurrent dans les textes alchimiques cités ici ; il désigne, simultanément ou non, la «Sagesse contenue dans la nature» et le «principe qui fait aller les choses», autrement dit les «lois» et la «force motrice» de la nature.

Voilà comment tout a commencé.

Cette recherche de la «lumière de la nature» fait souvent remonter nos alchimistes à la Création première. Ainsi on peut lire en fin d'introduction du Secret magique : «Puisque nous déterminons comme postulat de départ que chaque chose doit être reconnue à partir de son principe, cherchons d'abord le fondement de la création première de toute chose [...]. Je commence donc par décrire la création, selon l'intelligence qui m'en a été donnée, et d'après ce que me révèlent l'Esprit Saint et la prophétie, avant d'édifier et de placer sur ce fondement les trois pierres magiques». De même pour Franciscus Kieser : «C'est que le début détermine la suite, dont il est la propriété et la nature, et le semblable ne crée pas le dissemblable. La première création du ciel et de la terre détermine donc non seulement dès le début la forme et les figures, mais également les énergies naturelles.» Ce que nos deux alchimistes vont chercher dans leur reconstitution de la Création initiale, c'est donc une réflexion sur la matière et la forme, ainsi que sur «l'énergie» qui anime toute créature.

Pour ce qui est de la matière, on peut lire ceci dans Le secret chimique : «Dieu le Père créa les choses par le Verbe, [...] point cependant en leur être final, mais uniquement en une première matière confuse, entendons une matrice dans laquelle se trouvait brassée la nature toute entière du monde tout entier. Ainsi les philosophes et l'Écriture sainte parlèrent d'abysse et de terre, d'une chose qui tenait toute chose cachée, d'une première matière qui était eau, eau sur laquelle planait l'Esprit de Dieu.» Et voilà pour le verset 1 du premier chapitre de la Genèse. Les versets 6 à 9 sont lus ainsi : «Ce bref vocable ``firmament'' implique donc la propriété selon laquelle le ciel, au delà de tout entendement conceptuel, [...] doit porter et tenir joints, d'une manière ferme et immuable, les autres corps visibles des éléments, cependant que la composante la plus grossière contenue dans la première matière, à partir des trois premiers principes12, se trouve ultérieurement scindée pour donner l'élément terre.» Puis ce sont d'autres scissions au sein de cette matière première, bien ordonnées, qui donnent les corps des éléments (l'air, le soleil, la lune, les étoiles), et les fruits de la terre, ce qui doit servir de nourriture à l'homme. Pour Franciscus Kieser, la séparation des eaux (Gn 1 7) se fait entre eau supérieure ou «ignée» (âme), eau intermédiaire (esprit), qui forme le corps spirituel du firmament, et eau inférieure (corps), de laquelle naîtra la terre et toute matière ultérieure.



L'harmonie cosmique des principes

La recherche de la matière primaire est le premier mystère auquel se consacre l'alchimiste. Mystère qui se trouve être triple, ou plutôt trinitaire, car la Prima Materia, ou «substance universelle» se trouve être composée de trois éléments : le Soufre, principe fixe et mâle, qui représente les propriétés visibles (couleur, éclat, étendue, dureté, combustibilité), le Mercure, principe volatil et femelle, qui représente les propriétés latentes (malléabilité, fusibilité, volatilité), et le Sel, moyen d'union entre les deux éléments précédents. Il reste donc à trouver, pour nos chercheurs, ces trois éléments et les justes proportions redonnant la matière première.

Il faut remarquer que matière, forme et énergie se trouvent dissociées, et en effet dans les «récits» de la Création que donnent La kabbale chimique et le secret magique se retrouve ce point : toute chose a d'abord été créée sans vie, «puis l'Esprit de Dieu infusa la nature, entendons l'esprit vivant et invisible de la quintessence, qui maintient et gouverne les corps élémentaires». Plus précisément, c'est à la parole divine: «Croissez et multipliez-vous!»13 que se serait mis à dominer le «feu invisible» qui «incite la nature à accomplir les opérations implantées en elle» (Franciscus Kieser). Ce feu déclenche le mouvement, la force attractive entre les astres et la Terre qui permet pour nos alchimistes l'union entre forme et matière, et l'énergie vivifiante qui permet la reproduction. Il est souvent confondu dans nos textes avec la «lumière naturelle». Ce «feu» est le deuxième mystère auquel se frottent nos mages : le «feu essentiel» qui permettra la maturation, la croissance de leur pierre, et qui révèlera le pourquoi du comment de l'existence de toute créature, doit être découvert et reproduit.

Et pour nos auteurs, l'union entre matière, forme et énergie (y voir corps, âme et esprit) s'opère en permanence dans cette création, fixée entièrement dès ses premiers instants14, mais non figée pour autant. Voici comment, de l'avis de Franciscus Kieser : une première union au ciel et au firmament, lors de laquelle la «semence» d'une créature (c'est-à-dire sa nature) reçoit le «feu essentiel», détermine la forme de la créature et lui donne l'énergie qui lui permet de se multiplier et de descendre sur terre ; puis sur terre, cette semence trouve une matière dans laquelle elle se multiplie et devient corporelle. Ce sont donc les astres qui, en projetant leurs rayons dans le firmament, renouvellent la création en permanence15.

Les alchimistes chrétiens sont interpelés par la durée de la création autant que par l'ordre d'apparition des créatures. Ainsi on peut trouver cette remarque, dans Le secret magique : «Dieu créa donc toute chose en respectant le bon ordre, il ne créa rien qui s'opposât à ladite nature, excepté bien entendu la première matière, source de toute création ultérieure, matière faite de rien [...]. Si Dieu avait voulu à partir de cette matière quelque chose qui fût contraire à la nature, il n'aurait pas eu besoin de six journées, il n'aurait pas non plus écrit une chose après l'ordre, suivant l'ordre rigoureux de la nature. Bien au contraire : il aurait pu créer toutes les créatures en un unique instant en dehors de l'eau. Mais il ne voulait pas faire des esprits, mais des créatures naturelles.» Voilà pourquoi tout a été créé dans un mélange informe, que l'Esprit, ou la Sagesse, est chargé de «démêler».

Voilà donc quelques extraits de la vision de la première création par nos alchimistes, variations sur le schéma, finalement assez lâche, de la Genèse.

Quel pouvoir pour l'alchimiste?

Si l'alchimiste est observateur de la création, interprète de la Création, il se veut également acteur. Et dans la réflexion qu'il engage sur les pouvoirs conférés par son art, on le voit osciller entre mesure et démesure. Que l'on songe à son projet : la Pierre Philosophale est censée prolonger la vie, protéger les corps de la destruction. Elle permettrait même de ramener tous les corps à leur forme parfaite, une Rédemption de la nature entière grâce au retour à l'unité de la matière. Il n'est donc pas loin d'affirmer pouvoir maintenir en vie toute chose et de prendre un rôle de nouveau Rédempteur... En tout cas, il affirme parfois que la réussite de son entreprise le rend maître de la nature, cette nature que même Dieu ne peut plier : «Sache néanmoins que l'art de l'homme, qu'il a hérité de Dieu, dépasse de loin la nature. Il ne la suit pas, c'est elle qui est son esclave ; l'homme règne sur la nature, il accomplit des oeuvres qu'elle est incapable de réaliser.» (Franciscus Kieser). Donc dans le même temps, il reconnaît que son art et donc ses «pouvoirs» lui viennent de Dieu. Son entreprise s'inscrit dans les limites de l'oeuvre divine, comme le rappelle l'auteur de L'Apocalypse d'Hermès : il n'existe pas de moyen de libérer de la mort le corps destructible, puisque «La mort a été la punition infligée à nos aïeux : Adam, Ève et leurs descendants ne peuvent s'y soustraire.» Par ailleurs, nos alchimistes sont souvent en contradiction avec eux-mêmes quant à leur pouvoir sur la nature, reconnaissant quand-même ne pas pouvoir la contraindre. Pour citer Gerhard Dorn : «Elle, elle seule connaît par elle-même la séparation des éléments!» Donc le rôle de l'alchimiste serait plutôt de déterminer les éléments nécessaires à l'oeuvre naturelle, et de lui «mâcher le travail». D'où l'importance du «vaisseau» de l'alchimiste (pour casser la poésie : il s'agit de son ballon de réaction, ou la casserole qu'il met sur le feu), lieu de l'union des éléments, et de la concentration des énergies naturelles. Mais ceci ne diminue en rien la grandeur de la tâche qu'il s'est fixée, à savoir repérer les lois universelles dans les objets naturels. Ainsi, l'alchimiste ne prétend pas être un nouveau Créateur ou un nouveau Rédempteur, il est un spectateur au premier rang de la création, spectateur qui, grâce au dialogue particulier avec le Créateur qu'il contemple, pourra devenir véritable catalyseur de l'oeuvre divine.

Cet article ne fait que survoler les grandes idées qui ont agité l'immense réflexion de ces quelques alchimistes allemands sur la Création. Il manquera aussi de conclusion. Je laisse alors le dernier mot à Gerhard Dorn : «Voilà comment nous voulons brièvement conclure le grand mystère de la noble pierre philosophique dont nous avons tout dit, rendant grâces, honneur, louange éternelle et célébration au Dieu tout puissant pour la grâce importante, pour le bienfait qu'il a accordé par la révélation de la pierre, tout en conduisant à ouvrir le trésor suprême que ne peut payer tout le bien de ce monde. Que Dieu nous accorde sa grâce et sa bénédiction, ainsi soit-il!»

L.B

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