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À quoi servira-t-il de dire que vous êtes de Son côté lorsque vous verrez tout l'univers naturel s'évaporer comme un rêve et quelque chose d'autre --- quelque chose que vous n'auriez jamais pu concevoir --- arriver dans un terrible vacarme, quelque chose de si beau pour certains et de si terrible pour les autres qu'il ne restera plus de choix à aucun d'entre nous? Car cette fois ce sera Dieu sans voile, quelque chose de si écrasant que chaque créature sera frappée soit d'amour irrésistible soit d'horreur irrésistible. Il sera trop tard pour choisir son côté... Nous découvrirons alors quel côté nous avons choisi. C'est maintenant, aujourd'hui, en ce moment, que nous pouvons choisir le bon côté. Dieu patiente pour nous donner cette chance. Cela ne durera pas éternellement. C'est à prendre où à laisser.27Le jugement dernier dans LB se passe ainsi de manière très simple: les bêtes parlantes de Narnia passent devant Aslan, et certaines d'entre elles en le regardant prennent une expression horrifiée qui, finalement, leur fait perdre la conscience et le don de la parole, et partent à gauche dans les ténèbres, tandis que les autres «l'aim[ent], bien que certaines [aient] en même temps très peur» et entrent, à droite, dans le Jardin. Chacun se rappellera la parabole évangélique correspondante. Nous ne devons pas oublier, si terrible que nous paraisse ce jugement, qu'il est la manifestation de la bonté de Dieu qui vient remettre les choses à leur juste place: ainsi l'immense joie qui parcourt le livre de l'Apocalypse résonne lorsque, dans GD, arrive enfin «le lever du soleil qui abat le Temps avec des flèches d'or et met en fuite toutes les formes fantomatiques», tous s'écriant: «Dormeurs, réveillez-vous! Il vient!»28
là, tous sont entièrement remplis de ce que nous appellerions la bonté, comme un miroir est rempli de lumière. Mais ils ne l'appellent pas bonté. Ils ne l'appellent pas du tout. Ils n'y pensent pas. Ils sont trop occupés à regarder la source dont elle vient.37Le Paradis n'est donc pas, comme on l'entend souvent, une récompense à gagner qui nous rendrait intéressés dans nos efforts pour l'atteindre. «Le Ciel n'offre rien qu'une âme mercenaire puisse désirer.»38 Tout est purement gratuit et n'a rien à voir avec nos mérites personnels, qui sont, de toute façon, nuls. Dieu n'a pas besoin de nous dans Sa demeure, pas plus que nous n'y sommes nécessaires aux autres créatures bienheureuses. Nous n'y serons que par pure grâce. «Nous n'aurons plus besoin l'un de l'autre: nous pourrons commencer à aimer vraiment.»39 Chaque être dans son unicité est infiniment utile à la Création dans son ensemble, et en même temps est infiniment superflu à Dieu dans Sa grandeur40.
Enfin ils arrivaient au début du chapitre premier de la Grande Histoire que nul sur terre n'a lue, qui continue éternellement, où chaque chapitre est meilleur que le précédent.
Comme notre terre entre toutes les étoiles, ainsi sans doute sommes-nous, nous les hommes et nos préoccupations, au milieu de toute la création; comme les étoiles dans l'espace lui-même, ainsi sont toutes les créatures, tous les trônes et les puissances, les plus grands des dieux créés, devant l'abîme de l'Être qui existe par Lui-même, qui est pour nous Père et Rédempteur et Consolateur qui habite en nous, mais dont aucun homme ni aucun ange ne peut dire ni concevoir ce qu'Il est en Lui-même et pour Lui-même, ni ce qu'est l'oeuvre qu'Il «fait du début jusqu'à la fin»54. Car ils ne sont tous que choses dérivées et insubstantielles. La vue leur fait défaut et ils se couvrent les yeux devant l'intolérable lumière de la réalité absolue, qui était, est et sera, qui n'aurait jamais pu être autre, qui n'a pas de contraire.