Non, vous avez bien lu,
nous parlons des enfants de Kinshasa, la
capitale du Congo Démocratique 1, avec ses
6, 8 ou 10 millions d'habitants et son taux de scolarisation tombé à 40
%. Des bidonvilles à perte de vue, loin de la guerre mais perdus dans la
brousse, jusqu'à 35 km du centre pour celui dont je vais vous parler. Là
vivent des milliers de déracinés, sans eau, électricité, sans travail et
sans transports. Le matin, les parents partent faire 25 bornes à pied pour
trouver un emploi à la sauvette.
Pour les enfants... Hem. Il y a eu l'école de la Persévérance, d'abord
primaire seulement dans les années 90, mais pour ceux qui atteignaient la
limite d'âge on2 créait une
classe supérieure par an. L'an dernier, certains des «anciens» sont
entrés a l'université. L'école va maintenant de 6 à 18 ans et a 800
eleves. 800 seulement car l'année coûte 40 $ - il faut bien que les profs
mangent.
Le Père Santedi
40 euros donc. Un jour3, en 1ère année
peut-être, un
dimanche après-midi de rouille intense vautré sur ma poire4, je me suis demandé combien de
thunes je gagnais par jour. Depuis je ne me prélasse plus sur ma poire
mais le chiffre m'est resté pour toujours dans la tête5.
L'an dernier6, on
7 a créé un potager dans
l'école. Les enfants mangent donc le matin.
h]13cm
***************Rapport de l'UNICEF ****************
«Rester deux jours sans manger est mauvais pour l'apprentissage
scolaire»
*****************Fin du rapport
******************
A propos de bouffe, combien de repas par jour fait un séminariste à
Kinshasa8 ? C'est aussi un projet de les
aider, pas pour améliorer leur ordinaire (n'abusons pas) mais pour
permettre aux plus pauvres de pouvoir y entrer (un an de formation coûte
800 $, on en demande 80 aux familles, c'est lourd pour beaucoup). Si vous
avez suivi l'esprit de la note 2, vous comprenez que les prêtres sont
quasiment les seuls à pouvoir faire bouger les choses dans le pays. Aider
les séminaristes, c'est former les cadres congolais. La banque mondiale l'a
compris, son projet de (re)construction de la RDC distribue le financement
aux Églises, pour qu'elles reconstruisent les routes, les ponts,
etc. Intéressant, non ? Je ne vous détaille pas le programme de notre
action, ça suffit. Je concluerai simplement :
Y aller ne sert à rien. Les chrétiens de Kinshasa n'ont pas besoin de
touristes mais d'argent et de prières. Dans les années 80, on disait que la
seule chose qui marchait encore au Zaire était le yacht de son Excellence
le président Mobutu. Aujourd'hui hélas, c'est pire9. Sur 25
millions d'enfants, 15 ne sont pas ou plus scolarisés, c'est un colossal
gâchis10, une immense génération perdue. Or avec 40
euros par mois ou même par an, on peut changer bien des choses.
La prière ensuite. Ce pays va (peut-être) vivre l'an prochain les premières
élections libres de son histoire. C'est pas gagné11. Je vous supplie donc, que ce projet présent vous
intéresse ou non, de prier pour l'avenir de ce peuple, d'intercéder pour
ses dirigeants. Ces élections peuvent devenir une farce, une tragédie ou un
tournant historique pour ce pays de 60 millions d'habitants.
La République démocratique du Congo
Vue satellite de Kinshasa (le long du fleuve, au
sud-ouest12)
«Il ne s'agit pas de vous ruiner en soulageant les autres, mais
d'établir l'égalite. Alors, ce que vous avez en trop compensera ce qu'ils
ont en moins, pour qu'un jour, ce qu'il auront en plus compense ce que vous
aurez en moins.»13
Pourtant quand on gagne 365 fois plus que ce qu'il faut à un autre frère en
un an, l'égalité est impossible. Je le dis tristement, nous ne
ferons pas l'égalité sur terre, la situation est trop grave. Mais nous
pouvons quand même éviter la géhenne de feu14.