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Je suis un Saint overbooké... et c'est mon choix !

Sylvain Perrot













Présentateur1 --- Bienvenue sur TV Sénevé pour votre émission tant attendue ! Aujourd'hui nous avons la chance de recevoir deux grands personnages qui, c'est le moins qu'on puisse dire, ne chôment pas. Honneur aux dames : je vous prie d'accueillir tout d'abord une Sainte qui nous vient des contrées cisalpines, je veux bien sûr parler de Sainte Rita.




APPLAUSE




P --- Votre Sainteté, bonjour. Merci d'avoir répondu à notre invitation. Je crois savoir que vous êtes particulièrement débordée en ce moment.




Rita (avec un fort accent italien) --- S'il n'y avait qu'en ce moment...




P --- Nous allons y revenir dans un instant. Le temp d'accueillir notre second invité, qui comme son nom ne l'indique pas, nous vient du Portugal. Un tonnerre d'applaudissements pour Saint Antoine de Padoue !




Antoine --- Merci, merci. Je vous préviens tout de suite, je n'ai pas beaucoup de temps à vous consacrer. Il faut que je parte d'ici la fin de la page...




P --- Merci à tous deux. Je tâcherai d'être bref. Pourriez-vous donner à nos téléspectateurs, de jour en jour plus nombreux, un rapide aperçu de vos activités ? Commençons par Sainte Rita, si vous le voulez bien. À ce propos, nous allons peut-être avoir besoin d'un interprète : Enrica, vous êtes avec nous ?




R --- Ce ne sera pas nécessaire. Depuis la Pentecôte, les notes des Saints en langues vivantes sont plutôt bonnes ! En ce qui concerne mon travail, j'ai une petite entreprise aux champs assez diversifiés. Je m'occupe de tout ce qui relève des cas désespérés.




P --- Vous avez une spécialité ?




R --- Pas vraiment, mais il est vrai que nous tâchons de toucher un large public. Et comme les jeunes c'est l'avenir, on travaille beaucoup en ce moment sur les examens, concours... Je suis en train de passer un contrat avec un autre Saint sur cette question.




P --- Je crois savoir qu'en France, vous êtes particulièrement honorée dans le Sud ?




R --- En effet, je viens souvent sur la Riviera, mais je n'ai pâs encore pu profiter des plages... Il n'y a pas moyen de se reposer deux minutes : il y a tant de gens qui, dès qu'ils ont un problème, m'appellent au secours...




A --- Il est vrai qu'il est bien difficile d'avoir une minute à soi. Je le disais hier encore à Gabi --- euh pardon, Saint Gabriel, qui court sur les quatre chemins sans arrêt. Toujours une annonce à faire !




P --- Quel est votre domaine d'activités ?




A --- J'ai une petite société prestataire de services spécialisée dans les objets perdus. Si vous saviez ce que les gens peuvent égarer ! Alors dès qu'ils ont perdu quelque chose, une petite prière à Saint Antoine. En général, on me demande de retrouver des clés, mais ça peut être bien plus varié.




P --- Mais vous vous occupez de toutes ces affaires personnellement ? Vous n'avez pas moyen de déléguer un peu ?




R --- Oh si, il y a toujours moyen de s'arranger avec un ami. Par exemple, quand il y a un incendie, je transmets le dossier à Sainte Barbe : d'ailleurs elle n'a pas pu venir aujourd'hui, comme Jeanne, car elles avaient quelque chose sur le feu...




P --- Et vous ne prenez jamais de vacances ?




A --- Le problème, c'est que quand on a signé le contrat de sainteté, on n'a pas lu les petites lignes... On est loin des 35 heures !




P --- Et il n'y a jamais de grève ? Vous n'avez pas de congé de maladie ?




R --- En fait, la sainteté s'accompagne d'une santé à toute épreuve. Enfin, je ne dis pas que certains d'entre nous n'ont pas quelques ennuis. Cécile, par exemple, commence à être sourde... Et pour la grève, on n'a pas encore de syndicat assez puissant pour négocier avec le Grand Patron. Au moins, on a la sûreté de l'emploi !




P --- Certes, vu sous cet angle... Mais vous n'en avez jamais marre ?




A --- Pourquoi ? Si on a une petite baisse de régime, on va voir Côme et Damien, et ils vous remettent sur pied en moins de deux ! Enfin, quand ils ont le temps, parce qu'eux aussi, ils ont un agenda assez chargé. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils ont monté un cabinet à deux. Comme ça, ils se partagent la chirurgie et la médecine générale.




P --- Comment arrivez-vous à gérer le stress ?




R --- Il est vrai que certains perdent pied parfois. Tenez, la semaine dernière, Denis ne savait plus où donner de la tête ! Mais il s'est vite remis : faut dire, avoir un oeil sur Paris et l'autre sur Athènes !




P --- Paris et Athènes sous toutes les deux patronnées par Denis ?




R --- Pas exactement. En fait, Athènes se réclame de Denys et Paris de Denis. Le premier, c'est Denys l'Aréopagite, le premier Athénien à avoir été converti par Saint Paul. L'autre, c'est l'évêque de Paris, qui s'est associé récemment à Geneviève. Mais allez faire comprendre aux gens que ce sont deux saints différents alors qu'ils portent quasiment le même nom. Bref, ils se trompent parfois de Denis... Et il n'est pas le seul dans ce cas, n'est-ce pas Antoine ?




A --- Il est vrai que je suis bien placé pour le savoir. À propos vous connaissez la blague du parachutiste ?




P --- Pardon ?




A --- C'est un parachutiste qui saute d'un avion mais il n'arrive pas à ouvrir son parachute. Voyant le sol se rapprocher, il prie Saint Antoine de le sauver. Une main sort du ciel et le rattrape au vol. Et une voix lui demande : «Quel Antoine ?» Et le parachutiste de répondre, dans son désarroi : «Saint Antoine de Padoue ?». Et la voix : «Dommage...».




R --- Il m'aurait appelée, il n'aurait pas eu ce genre de problèmes ! Ouh là, mais c'est que j'ai encore une pile de dossiers qui m'attend. Il va falloir que je vous laisse. À bientôt sans doute ! (elle s'en va)




P --- Ah oui, l'heure tourne : il est déjà minuit.




A --- Excusez-moi, j'ai reçu un SMS : une jeune fille vient de perdre sa pantoufle. Bon, le devoir m'appelle. Je vous salue. (il disparaît)




P --- Eh bien, merci à vous deux ! Voilà, c'était votre émission C'est mon choix. Merci à nos téléspectateurs de lire le Sénevé ; merci de votre choix !
S. P.

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