Pâques 2005 : Le Travail
Dès que le thème de ce nouveau Sénevé a été annoncé, l'équipe de
rédaction a croulé sous les propositions d'articles. Apparemment, nous
autres, étudiants, nous nous sentons très directement concernés par le
travail. C'est sans doute parce que cette activité ascétique et noble
occupe l'essentiel de nos journées, de nos pensées, de nos prières ; aussi
avons nous tous des réflexions et méditations bien préparées sur le sujet
-- bien plus que sur celui de la nourriture ! Nous ne pensons à cette
dernière que parce qu'il le faut bien ; nous en parlons beaucoup moins dans
nos prières parce qu'elle n'est pas la marque de notre effort méritoire !
Cependant le travail est tellement pour nous un effort, arraché à notre
paresse, que lorsqu'il s'est agi de composer l'article qu'on avait prévu ou
de boucler à temps l'édition, les premières ambitions de ce numéro ont
fondu comme neige au soleil. Si bien que le Sénevé qui aurait dû
être le plus travaillé a failli être le moins nourri !
Mais au fil des articles, une toute autre conception du travail se dégage :
tout d'abord -- qu'on se le dise -- qui étudie ne travaille pas ! L'étude
chez les anciens est de l'ordre du loisir, certainement pas du travail. Et
dans la tradition juive il doit bien y avoir également, une profonde
différence entre travail et étude puisque le premier est formellement
proscrit du Sabbat tandis que la seconde en est une des activités
principales. En tant qu'étudiants, notre principale « activité »
est de jouir du fruit du travail des autres : notre nourriture matérielle
est le fruit du travail des agriculteurs et des cantiniers, et même notre
nourriture intellectuelle est presque toujours le fruit des élaborations de
nos illustres précurseurs sur les chemins de la pensée.
Nous voyons ici s'établir un rapport plus intime entre travail et
nourriture (qui ne passera pas trop, j'espère, pour une transition
laborieuse et capillotractée) : le travail est ce qui produit notre
nourriture, dans tous les sens du terme. Mais qui prétendrait que nous
produisions quoi que ce soit ? C'est toujours Dieu qui nous donne tout ce
qui nous nourrit ; c'est toujours Dieu qui travaille, avant de contempler
la beauté de son oeuvre : s'il nous est donné de participer à cet
effort créateur, nous devons être détachés à l'égard des fruits qui ne
viendrons jamais que de Dieu lui-même, et non de notre travail.
Remercions Dieu qu'il ait accordé, dans ces pages, quelque fruit à notre effort !
Remercions Le pour tout ce qu'Il a accompli en la personne de son serviteur
Jean-Paul II. Parce que, suivant le chemin tracé par le Christ et inauguré
par Marie, il a laissé Dieu agir et travailler en lui, parce qu'il n'a jamais
épargné sa peine pour permettre ce travail divin, le Seigneur a fait de lui une
lumière resplendissante pour éclairer son peuple et toutes les nations.
Puissions nous, grâce à son exemple, nous montrer aussi disponibles à l'action de Dieu.
Jean-Baptiste Guillon et Éric Levieil
Hommage à Jean-Paul II
Isaïe, chapitre 49
1 Îles, écoutez-moi, soyez attentifs, peuples lointains! Yahvé m'a appelé
dès le sein maternel, dès les entrailles de ma mère il a prononcé mon nom.
2 Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m'a abrité à l'ombre de sa
main; il a fait de moi une flèche acérée, il m'a caché dans son carquois.
3 Il m'a dit : «Tu es mon serviteur, Israël, toi en qui je me
glorifierai.»
4 Et moi, j'ai dit : C'est en vain que j'ai peiné, pour rien, pour du
vent que j'ai usé mes forces. En vérité, mon droit est avec Yahvé et mon
salaire avec mon Dieu.
5 Et maintenant Yahvé a parlé, lui qui m'a modelé
dès le sein de ma mère pour être son serviteur, pour ramener vers lui Jacob, et
qu'Israël lui soit réuni; - je serai glorifié aux yeux de Yahvé, et mon Dieu a
été ma force;
6 il a dit : «C'est trop peu que tu sois pour moi un
serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d'Israël.
Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités
de la terre.»
7 Ainsi parle Yahvé, le rédempteur, le Saint d'Israël, à
celui dont l'âme est méprisée, honnie de la nation, à l'esclave des tyrans : des
rois verront et se lèveront, des princes verront et se prosterneront, à cause de
Yahvé qui est fidèle, du Saint d'Israël qui t'a élu.
8 Ainsi parle Yahvé :
Au temps de la faveur je t'ai exaucé, au jour du salut je t'ai secouru. Je t'ai
façonné et j'ai fait de toi l'alliance d'un peuple pour relever le pays, pour
restituer les héritages dévastés,
9 pour dire aux captifs : «Sortez», à
ceux qui sont dans les ténèbres : «Montrez-vous.»
Jean-Paul II le jour de son élection : «N'ayez pas peur !»
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