Témoignages
Des princes en Terre Sainte
Si je devais juste donner un
souvenir personnel et frappant, c'est à Nazareth, visite des caves du couvent où nous logions et où on a fait
des découvertes archéologiques sur la présence romaine en Palestine. À ce
moment-là on se rend compte que sur la voie Romaine où nous marchons, il y a 2000 ans, un petit enfant qui a habité cette ville, a
certainement joué comme tous les enfants. Et là j'ai pris un grand coup
sur la tête. J'ai réalisé, et même plus que réalisé (on peut dire vécu),
que Jésus était bien là, enfant (puis adulte), qu'il a vécu parmis les
hommes. On vit de façon directe et unique le mystère de Jésus présent
parmi nous.
Si j'ai choisi ce souvenir, c'est parce qu'au-delà de l'ensemble des
sanctuaires que l'on visite, et dont on ne peut ressortir sans que sa
foi soit renouvelée (voire bouleversée), celui-là m'a beaucoup marqué par
la simplicité du lieu que l'on visite (il n'y a pas de construction
moderne ou autre sur ce lieu..), simplicité qui rend encore plus
profond le message que l'on vit d'une manière totalement unique.
J'espère que ce message permettra d'encourager les indécis à venir.
Personnellement, ce que l'on découvre là-bas est tellement bouleversant --
et inattendu -- que je ne peux dire qu'une seule chose: IL FAUT Y ALLER.
Pierre Cladé
Les gorges d'Ein Avdat
Quelques souvenirs en vrac:
-
Le désert. Il fait chaud, ça faire sortir les toxines spirituelles
-- dès le tarmac de l'aéroport.
- Nazareth : Hic verbum caro factum est. Saisissant. Hic verbum caro
factum est.
- Bethléem, ville fermée. Une sensation presque physique de pauvreté
dans la ville où est né le Fils de Dieu. Derrière la petite porte, la
grande basilique, la grotte, la messe, les franciscains.
- La Galilée, c'est joli. Le lac de Tibériade numéro 1 à mon
classement international des eaux de baignades.
- Capharnaüm, sa maison de Saint Pierre, sa soucoupe volante, sa
synagogue, son pain de vie.
- La Mer Morte, c'est salé.
- Jérusalem, que ma langue s'attache à mon palais si je t'oublie.
Gethsémani. Dans la Basilique le Golgotha et le tombeau vide,
incontestablement vide. Pâques. Et puis une ville très attachante.
- Et tout le reste : le Mont Thabor, Armageddon, les soldats, les
compétitions musicales entre grecs et latins, les petites clarisses de
Nazareth et Charles de Foucauld... Que des souvenirs forts.
Louis Paulot
Coucher de soleil sur Jérusalem depuis Gethsemani
Contrairement à la Grèce (c'est l'helléniste qui parle), riche d'un
passé glorieux et de nombreux monuments du passé, la Terre sainte n'est
pas morte, mais vit toujours de la même vie. On ne visite pas des ruines
ou des sites archéologiques, même lorsque l'on rencontre des empilements
de vieilles pierres, mais des lieux encore vivants. Soit habités, soit
manifestant encore ce qui les a rendus vivants.
Une vie particulière, cependant. D'un côté le peuple juif, toujours le
même, à la fois puissant, riche, moderne, et religieusement démuni, ne
conservant de son passé qu'un mur et quelques pierres, tentant d'inscrire
dans le présent, de nouveau, la vie qui était la sienne il y a 2000 ans
et avant. Avec succès ? L'impression est très mitigée. D'un autre côté,
les chrétiens, divisés en plusieurs confessions qui s'entendent tant bien
que mal, et dont la longue histoire se marque dans des architectures
parfois inattendues, complexes, difficilement lisibles, enchevêtrées : le
Saint Sépulcre étant à cet égard particulièrement exemplaire, mais on peut
songer à Bethléem, aussi : le moindre pas implique non seulement 3000 ans
d'histoire, mais encore une histoire qui n'est pas finie, et enfin qui est
l'histoire du salut.
D'où de vives impressions : le désert, que l'on traverse vraiment ;
l'arrivée à Nazareth après ces jours de sécheresse, de pierre et de
soleil, qui est comme une fontaine de vie, la rencontre saisissante avec
la jeune Marie qui reçoit cette extraordinaire nouvelle de l'Incarnation ;
la beauté du Lac et la densité des lieux d´évocation qui le bordent ; le
mont Thabor et la journée de désert ; la basilique de la Nativité, peu
auparavant lieu de combats violents et meurtriers ; le retour au désert
pour l'histoire juive tardive de Massada et Qumran, à nouveau la chaleur,
la sécheresse, l'intensité des lieux ; et Jérusalem, vue et invoquée
depuis le Mont des Oliviers, arpentée pendant trois jours, la
juxtaposition et la superposition des époques, des civilisations, des
architectures, des religions, et tout qui dit néanmoins l'histoire de Dieu
et des hommes : une heure de méditation sur le panorama de Jérusalem est
quelque chose d'unique, tant tout s'y concentre sous un seul regard,
depuis le Mont des Oliviers jusqu'au Saint Sépulcre.
Mais aussi, pour alléger un peu l'évocation, la richesse d'un groupe,
les échanges, les discussions, les débats, les chants ; les baignades, à
Eilat, dans le Lac, ou dans le Jourdain lui-même ; la succession
rapprochée des paysages, désert, plaine irriguée, mer Morte et mer
Méditerranée, etc., etc.
Jérôme Moreau