Le Message de saint Louis-Marie Grignon de Monfort
Louis (Marie) Corpechot
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur,
de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier
commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: tu aimeras ton
prochain comme toi-même. Tout ce qu'il y a dans l'Écriture --- dans la Loi et
les Prophètes --- dépend de ces deux commandements1.
C'est parce qu'il sut mettre ces commandements en pratique que Louis-Marie
Grignon de Montfort a été canonisé. Ordonné prêtre en 1700, à l'âge de 27 ans,
cet originaire de Montfort-sur-Mer (Ille-et-Vilaine) a été un missionnaire
itinérant en Bretagne, en Normandie et en Poitou. Il lutta contre le jansénisme
et répandit la dévotion mariale. Il est le fondateur d'une congrégation
hospitalière féminine (fille de la Sagesse, 1703) et d'une congrégation
missionnaire (compagnie de Marie ou «Pères montfortains», 1705). Il est aussi à
l'origine de la congrégation enseignante des frères du Saint-Esprit2.
Il rendit l'âme en 1716 à Saint Laurent-sur-Sèvres. Avant de mourir, il se
redressa sur son grabat et chanta ce couplet d'un de ses nombreux cantiques:
Allons, mes chers amis,
Allons en Paradis!
Quoi qu'on gagne en ces lieux,
Le paradis vaut mieux.
C'est le chemin vers le Paradis qu'a ouvert le Christ, ce chemin que nous
suivons quand nous mettons en pratique dns nos vies le «grand commandement».
En tant que saint, Louis-Marie est un exemple pour chaque chrétien. Mais il a en
plus laissé une oeuvre littéraire apte à nous aider à suivre Jésus. Il y
explique entre autres ce qu'est la vraie dévotion à Marie qu'il prêcha
inlassablement pendant sa vie. Il s'agit d'un abandon total de nous-même à la
conduite de la Mère du Fils de Dieu, notre Mère.
Voici ce qu'en dit Jean-Paul II dans l'encyclique sur la Mère du Rédempteur,
quand il commente le texte de Jean: «Dès cette heure-là, le disciple
l'accueillit chez lui3»: «La dimension mariale
de la vie d'un disciple du Christ s'exprime précisément, d'une manière
spéciale, par cette offrande filiale à la Mère de Dieu, qui a commencé par le
testament du Rédempteur sur le Golgotha. En se livrant à Marie, le chrétien
comme l'apôtre Jean, [...] cherche à entrer dans le rayonnement de l'amour
maternel avec lequel la Mère du Rédempteur prend soin des frères de son
Fils, à la naissance et à l'éducation desquels elle apporte sa
coopération4.»
Et il invite à aller jusqu'au bout de la démarche montfortaine quand il écrit:
«J'aime évoquer, parmi de nombreux témoins et maîtres de cette spiritualité, la
figure de saint Louis-Marie Grignon de Montfort qui proposait aux chrétiens la
consécration au Christ par les mains de Marie comme moyen efficace de vivre les
promesses du baptême.»
Les raisons d'une dévotion à Marie
L'Immaculée Conception est celle qui a parfaitement aimé Dieu et son prochain.
Jésus le dit, elle est d'abord sa mère pour cela: «Quiconque fait la volonté de
Dieu, celui-là m'est un frère, une soeur et une mère5.»
Et puisque nous savons que la Vierge est toujours exaucée par Dieu, en raison de
l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre, c'est à elle que nous devons nous adresser
pour demander à Dieu. C'est elle qui a «trouvé grâce auprès de
Dieu6.» et qui obtient le Messie pour sauver
l'humanité. C'est elle qui obtient le premier miracle de Jésus à Cana.
Elle est bien sûr un bon sujet pour un numéro de
Sénevé7 , mais elle est en
fait le sujet idéal: «Marie est l'excellent chef d'oeuvre du Très-Haut, dont
il s'est réservé la connaissance et la possession8.» Elle
est l'Immaculée Conception par une grâce anticipée de la Résurrection de son
Fils. Elle est la création admirable, la beauté parfaite et sans tache restée
ainsi que le Père la pensa. Elle est sage, charitable, libérale, puissante et
fidèle. En elle se trouvent les vertus théologales et cardinales sous leurs
formes les plus parfaites. Elle est le grand et divin monde de Dieu, où il y a
des beautés et des trésors ineffables.
Il faut croire et concevoir que Dieu s'est incarné en son sein. Quel ciel
immense est Marie pour contenir ainsi le Tout!
Le tabernacle qu'est la Vierge Marie, les trésors infinis qu'il renferme sont
restés longtemps ignorés d'un grand nombre de gens. La place de la Mère de Dieu
dans l'Évangile est modeste:
Dieu, pour l'exaucer dans les demandes qu'elle lui fit de la cacher, appauvrir
et humilier, a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance,
dans sa vie, dans ses mystères, dans sa Résurrection et Assomption, à l'égard de
presque toute créature humaine. Ses parents même ne la connaissaient pas; et les
anges se demandaient souvent les uns aux autres: Quae est
ista9? Qui est celle-là? Parce que le
Très-haut la leur cachait; ou, s'il leur en découvrait quelque chose, il leur en
cachait infiniment davantage.
Les évangélistes sont pourtant explicites: Jésus est
venu par Marie et elle est restée près de lui pendant sa vie et au Calvaire.
Regarder Marie c'est regarder Jésus. Pour obtenir Jésus il faut demander à celle
à qui il a été donné. Pour obéir à Dieu il faut demander de l'aide à celle qui
sait le faire parfaitement.
Et puisque Marie est la Reine de la Création, il faut la louer et bénir en
récitant le Rosaire, qui est la prière préférée de Dieu après la Messe. C'est
aussi la prière préférée de Jean-Paul II qui a proclamé année du Rosaire
l'année qui vient de commencer, d'octobre 2002 à octobre 2003.
Mais saint Louis-Marie parle bien mieux de la Vierge, dans un excellent
français du xviiième siècle. Ses OEuvres complètes sont
disponibles mais nous vous conseillons le Livre d'or qui contient les
textes principaux pour suivre Jésus en Marie.
Pour finir, sachez qu'il est possible d'embrasser la Vierge Marie: il suffit de
trouver un crucifix et de baiser les plaies du Christ, car embrasser le Fils
c'est embrasser la Mère.
Mais où est-ce que ma plume me conduit? Pourquoi est-ce que je
m'arrête ici à prouver une chose si visible10? Si on ne veut pas qu'on se dise esclave de la
Sainte Vierge, qu'importe! Qu'on se fasse et qu'on se dise esclave de
Jésus-Christ! C'est l'être de la Sainte Vierge, puisque Jésus est le fruit et
la gloire de Marie. C'est ce qu'on fait parfaitement par la dévotion dont nous
parlerons par la suite11.
L.(M.)C.