Sur La Puissance de la Louange (Power in Praise) de Merlin
Carothers
Antoinette Sütterlin
La première fois que j'ai entendu parler de ce livre,
c'était il y a deux ans : un prêtre dont les yeux luisaient de sainteté
m'en a donné lecture comme pénitence en m'affirmant qu'il était en train
de le lire, et que cela changeait sa vie... Je me suis dit : si cela
change sa vie à lui, combien la mienne va changer !! Et puis j'ai oublié,
je ne l'ai pas vraiment cherché dans les librairies, j'ai laissé le temps
passer... jusqu'à cet été, sur la route des JMJ, quand au cours d'une
discussion, une amie me confie qu'elle a lu ce livre et qu'il est vraiment
extraordinaire. Ça a fait tilt ! Je me suis rappelé que j'étais censée
l'avoir lu... Alors, de retour des JMJ, je me suis précipitée pour
l'acheter, je l'ai dévoré en quelques jours, et oui, vraiment, ça change
la vie !
La Puissance de la Louange est un livre écrit par un
pasteur méthodiste, mais qui s'adresse véritablement à tout chrétien. J'ai
d'ailleurs mieux compris en le lisant combien le centre de notre foi est
partagé par tous les chrétiens d'autres confessions : c'est le Christ
notre Sauveur, Dieu fait homme, mort et ressuscité pour nous. Ce livre est
publié en millions d'exemplaires depuis des années ! Je l'ai moi-même
conseillé plusieurs fois, et un prêtre, qui l'a lu parce que je lui posais
des questions sur certains passages, l'a déjà fait lire à trois ou quatre
de ses paroissiens... depuis septembre !
Voici la découverte de ce pasteur : il s'agit de méditer et de suivre à la
lettre les conseils de saint Paul, «Restez joyeux. En toute
condition, soyez dans l'action de grâce . C'est la volonté de Dieu sur
vous dans le Christ Jésus» (1, Thessaloniciens, 5, 18).
Être dans l'action de grâce en toute circonstance, cela veut dire
même quand ça va mal. Rendre grâce pour quoi ? et bien précisément pour la
circonstance elle-même. Je suis chômeur, malade, dépressif ? Merci Seigneur !
Non pas un merci vague et abstrait dans l'espoir qu'un jour, ça ira mieux, mais
merci justement pour ce qui m'arrive, pour ma maladie, pour mon chômage, pour ma
dépression... Je vous vois déjà froncer les sourcils... Non mais, et puis quoi
encore ? Remercier pour la souffrance, pour le malheur ? Comme si c'était Dieu
qui en était à l'origine ? Comme si c'était un bien ? Non, vraiment, c'est trop
!
Et pourtant... Cela repose sur un postulat simple : Dieu est
tout-puissant et Il nous aime absolument et personnellement. Sa toute-puissance a
vaincu le mal. Rappelons-nous que sur la Croix, le Christ a définitivement
remporté la victoire sur la mort et sur le mal. Pourquoi reste-t-il tant de mal
sur cette terre alors ? Parce que cette victoire n'est pas comme nous
l'imaginons. La méthode divine pour vaincre le mal, ce n'est pas de l'éliminer,
en tout cas pas tout de suite, mais c'est d'en tirer un plus grand bien. C'est
là que le démon est bien attrapé : le mal est nécessaire, mais il est largement dépassé
et sert la volonté de Dieu, notre bonheur.
La matrice de tout cela, c'est l'histoire du Salut : bien sûr, le
jardin d'Eden, c'était bien. Mais notre monde est encore mieux, nous devons le
croire, car c'est un monde où Dieu s'est fait Homme, Dieu qui a habité parmi
nous et qui nous a sauvés de la mort et du péché. Ne dit-on pas lors de la
vigile pascale : «bienheureuse faute qui nous a valu un si grand Sauveur
!» ? Nous n'avons pas tellement de regret à avoir à l'égard de la Chute,
car, par elle, Dieu s'est fait Homme pour nous sauver. Dieu a su tirer de ce
malheur que fut la désobéissance de l'Homme un bien encore plus grand :
l'Incarnation de Son Fils unique. Par elle, Dieu a partagé notre condition
humaine et se donne à nous dans le sacrement de l'Eucharistie.
Si c'est vrai pour l'histoire du Salut, ça l'est aussi pour chacune de nos
histoires personnelles. Dieu nous aime absolument, parfaitement,
personnellement, et Il veille sur nous, dans chaque détail de notre vie. Même
nos cheveux sont comptés ! Il a un plan d'amour sur nous, par lequel Il veut
nous conduire au bonheur. Et ce plan d'amour n'est aucunement perturbé par tous
les événements heureux ou malheureux qui nous arrivent. Quoi qu'il survienne, Il
sait le tirer à notre avantage. Mais à une seule condition, que nous Lui
fassions suffisamment confiance pour Le remercier de ce qui nous arrive, pour
voir que malgré l'horreur la plus sordide, malgré le trouble le plus obscur, Il
est présent, Il veille sur nous, Il nous aime, et Il agit.
Bien sûr, on peut objecter que cela ressemble juste à une méthode
psychologique de dédramatisation, style « méthode Coué». Mais l'action
de la louange ne se limite pas à des effets psychologiques. Le livre de M.
Carothers regorge d'anecdotes relatant l'histoire des personnes à qui il arrive
les pires ennuis et qui, au moment où elles se mettent à remercier le Seigneur
pour ces ennuis, voient ceux-ci se résoudre, s'arranger, disparaître...
miraculeusement. Ces personnes s'étaient déjà tournées vers le Seigneur dans le
désespoir, en criant vers Lui, en Le suppliant de les aider, mais Il semblait
sourd à leurs appels et les ennuis demeuraient. Mais lorsqu'avec une confiance
absolue, elles se remettent entre Ses mains et Le remercient, alors Il répond
avec une force et une efficacité inouïes. Car le Seigneur a la puissance d'agir
dans nos vies, mais Il ne le fera pas sans notre permission, trop soucieux de
respecter notre liberté. Il attend que nous ayons toute confiance en Lui, que
nous reconnaissions Sa présence et Son amour dans l'obscurité la plus totale...
Si nous avons vraiment foi en Lui, si nous espérons vraiment en Lui, nous serons
capables de Le remercier en toute circonstance, et d'admettre qu'il mène à
bien Son plan d'amour sur nous.
Et cela fonctionne même pour les détails insignifiants de notre vie
: vous venez de rater votre bus ? Réjouissez-vous, car le Seigneur vous réserve
une surprise ! Vous ouvrez votre frigo et il est vide ? Remerciez-Le, car Il
vous prépare quelque chose ! Vous venez de vous faire virer ? Ne doutez donc pas
de Sa toute-puissance ! Ayez confiance, Il ne le permet que parce qu'Il
sait comment en tirer un plus grand bien.
Alors, bien sûr, cette louange continuelle peut paraître un peu
excessive, déplacée, et «illuminée». Et pourtant, elle seule témoigne de
notre absolue confiance en Dieu. Jésus Lui-même, après avoir pleuré la mort de
son ami Lazare, rend grâce à Son Père, et c'est ensuite que Lazare est
ressuscité, parce que Jésus a eu une confiance telle en Son Père qu'il l'a
remercié alors même qu'il avait perdu un de ses amis les plus chers
(Jean, 11, 32-43). Mais la louange ne signifie pas l'exaltation bruyante
de chants et de cris de joie, c'est une attitude intérieure d'action de grâce.
On ne peut décemment exulter face aux guerres et aux maladies, mais on peut
décider d'avoir confiance en Dieu, de reconnaître qu'Il est présent et vivant,
et qu'Il a une idée bien précise en tête en permettant ces malheurs. Il sait
qu'Il peut en tirer un bien plus grand encore. En un sens, Il contrôle tout à
fait la situation. Le tourment de notre monde ne Lui échappe pas du tout, Il est
tout-puissant, Il sait utiliser toute chose pour servir Sa volonté, qui est tout
simplement de nous rendre heureux en nous faisant partager Sa vie divine.
Bref, il FAUT lire ce livre, ne serait-ce que parce qu'il est très agréable à
lire : l'auteur apporte force preuves à son propos en alternant anecdotes et
commentaires bibliques. Le tout est réellement très convaincant. J'expérimente
moi-même la puissance de la louange chaque jour, et c'est une libération, je
découvre l'amour personnel que Dieu a pour moi et je recueille les fruits
innombrables d'une confiance renouvelée en cet amour.
Vous doutez de tout ce que je vous raconte ? Vous êtes dans une
période de sécheresse spirituelle ? Vous n'arrivez pas à louer le Seigneur en
toute circonstance ? Rendez-Lui grâce pour vos doutes, votre sécheresse, votre
manque de confiance, votre faiblesse, car Il saura les tourner à votre avantage.
Mais pour cela, laissez-Lui la place qu'il convient de Lui laisser pour qu'Il
agisse : la confiance ! Et quelle confiance plus grande que de remercier
quelqu'un alors qu'on ne voit pas du tout où il veut en venir...
A.S.