Pélé tala en Terre Sainte. Impressions de voyage, pas forcément
chronologiques
Élodie Jeannot
Sur tes remparts, Jérusalem
Pour ma part, j'ai passé dix-huit jours inoubliables, qui me laissent
bien des souvenirs.
Départ de ma province éloignée le mercredi 3 août, juste à temps pour
atteindre la capitale et le foyer Bossuet avant sa fermeture pour la
nuit. Mise en sac de la nourriture pour les quinze jours, quelques
kilos supplémentaires par pèlerin.
Et là, après une courte nuit, un questionnaire en anglais à l'aéroport
et quelques heures d'avion, c'est le dépaysement garanti : le désert
de Jordanie (celui de Lawrence d'Arabie et des sept piliers de la
sagesse, le Wadi Rum !) est fantastique ; nous avons dormi sous des
tentes de Bédouins, fait du 4*4 dans le sable, visité plus au nord le
site de Pétra et la mosaïque de l'église Saint-Georges de Madaba, sans
oublier le Mont Nebo, au seuil de la Terre Promise.
Wadi Rum
Le Mont Nebo --- La Terre Promise
En Israël, après le désert du Néguev, nous sommes allés en Galilée, à
Sephoris, paradis pour archéologues et dit lieu de naissance et
d'enfance de la Sainte Vierge, à Nazareth pour l'Annonciation, puis
dans les gorges de l'Arbel pour rejoindre Magdala et le lac de
Tibériade, avec le Mont des Béatitudes, Capharnaüm, le lieu de la
multiplication des pains, etc.
Vint ensuite le Mont Thabor pour la Transfiguration, puis le Mont
Carmel avec une évocation d'Élie ; Ein Karem, village d'Anne et de
Joachim et théâtre de la Visitation ; Bethléem, getthoïsée depuis la
construction du Mur, où nous avons dormi au monastère melkite de
l'Emmanuel et célébré Noël après une procession dans les rues,
escortés par un véhicule de police ; la Mer Morte, Qumran et ses
manuscrits. J'en oublie sûrement, tout ça fait une foule d'images vues
en 18 jours !
Et enfin Jérusalem, but et coeur du pèlerinage. Nous y sommes restés
près de six jours, le temps de s'imprégner de ces lieux ; l'atmosphère
est très particulière, hétéroclite, surtout au Saint-Sépulcre, partagé
à l'intérieur en secteurs selon les dénominations religieuses :
franciscains, arméniens, grecs, protestants, coptes et j'en passe !
L'esplanade des mosquées est également impressionnante, plus pour moi
que le mur des Lamentations.
Le temps est passé extrêmement vite, très vite ! Déjà Abu Gosh (un des
emplacements possibles pour Emmaüs) et Césarée Maritime, qui nous
arrachent à la Ville Sainte.
Les talas à Abu Gosh
Nous, c'est un groupe super, très chaleureux et accueillant, 11
garçons et 13 filles, plus le père Armogathe qui nous accompagnait et
n'était pas mal non plus : c'est la 38ième fois qu'il venait en Terre
Sainte ! Autant dire sa poche de soutane et la Holy Earth,
c'est kif kif pour lui !
Il nous a emmenés dans tous les lieux saints (ou pas plus que ça
d'ailleurs pour certains, comme Pétra en Jordanie, vieille cité
nabatéenne) imaginables, depuis le puits d'Abraham jusqu'à l'escalier
du premier siècle descendant dans la vallée du Cedron à Jérusalem, où
c'est sûr, Jésus a marché !!
Avec ce prêtre impressionnant, nous nous sommes presque tous baignés
dans un affluent crasseux du Jourdain, franchement moins attirant que
le lac de Tibériade, que la mer Morte (visqueux et piquant, s'y tremper
est une marque certaine d'héroïsme !!) ou que la mer Méditerranée (pleine
de vagues de ce côté), pour l'unique - mais ô combien suffisante ! -
raison que Jésus s'est probablement fait baptiser dans ce coin !!
De la soutane...
... au Jourdain.
Ce pélé est donc inoubliable : beaucoup de temps de prière quotidiens,
les laudes, les complies, une messe, célébrée selon la liturgie
géographique : nous avons célébré l'Annonciation à Nazareth, Noël à
Bethléem (nous chantions Il est né le divin enfant en
procession dans la rue !), les Rameaux, Pâques à Jérusalem dans les
lieux adéquats (l'église Sainte-Anne, le Cénacle, le Saint Sépulcre),
la Pentecôte à Césarée Maritime...
Quelques aventures folkloriques : en voulant aller à l'esplanade des
Mosquées, beaucoup d'entre nous se sont fait fouiller à fond et
confisquer... les boîtes de pâté de porc Hénaff du pique-nique du
midi, et même l'alcool de menthe de la pharmacie !
Les différences entre les religions et les problèmes que cela entraîne
se superposent au différend Israéliens / Palestiniens : par exemple,
à Bethléem, une soeur du monastère melkite où nous passions la nuit
nous a expliqué que, si l'affrontement entre Israéliens et
Palestiniens s'était atténué depuis la construction du mur de sécurité
(qui entoure la ville de gros blocs de béton, faisant d'elle un
ghetto), il n'en restait pas moins des conflits entre les Palestiniens
eux-mêmes, les Musulmans reprochant par exemple aux Chrétiens de ne
pas avoir résisté aux Israéliens avec la même vigueur qu'eux
(sacrifice de martyrs, jets de pierres etc.). Malgré le fait que le
fameux 17 août, retrait des colonies de peuplement de Gaza, soit tombé
en plein milieu de notre pélé, l'atmosphère, du moins aux endroits où
nous passions, y compris dans Jérusalem, restait étonnamment
détendue. Bien sûr, les contrôles aux check points et autres
frontières étaient très stricts.
Je garde donc un souvenir inoubliable de ce voyage, particulièrement
du désert de Jordanie (au départ, je me suis tout de même demandée ce
qu'ils pouvaient bien tous trouver à cette terre aride et bosselée
pour se la disputer ainsi, mais c'est qu'elle est belle, et sainte
par-dessus le marché !!) et de Jérusalem, où c'est vrai que tout est
assez hétéroclite et qu'il est difficile de se faire une idée
d'ensemble de la ville. Mais quelle progression dans la foi !
E.J.
Envoyés en mission...
... en mangeant du Nutella.