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Des nouvelles de Kinshasa

Léonard Dauphant


Présentation générale du groupe Ulm-Kinshasa

Une coopération à trois

L'association laïque Enfants de Kinshasa (loi 1901), fondée à Nevers en 2002, travaille avec des élèves de l'Ens depuis 2004 : cette antenne Paris autonome permet d'ouvrir de nouvelles perspectives solidaires pour l'aide au groupe scolaire de la Persévérance, dans la banlieue pauvre de Kinshasa. Notre objectif : améliorer les conditions de vie des enfants de l'école, dans tous les domaines. Notre action n'est qu'une aide, avant tout financière : les projets sont ceux des responsables de l'école et de la paroisse...

La RD Congo et le quartier Mpasa II

La République Démocratique du Congo compte 58 millions d'habitants, 400 peuples, 5 langues officielles et une économie en ruine après 30 ans de dictature Mobutu et 10 ans de guerre et d'occupation ; ses richesses naturelles immenses (or, diamants, cuivre etc.) sont pillées par des mafias armées par les pays voisins. Kinshasa, la capitale, est la 3ième ville d'Afrique, avec environ 8 millions d'habitants.

Depuis l'effondrement de la dictature Mobutu (1992--1996), l'État ne finance plus ni l'éducation ni la santé, l'école est payante. Depuis 1998 et l'invasion du Congo par ses voisins (Rwanda et Ouganda soutenus par les USA), le taux de scolarisation est tombé à moins de 40%. Beaucoup d'écoles ont fermé, ne restent plus que les écoles privées très chères et, pour les pauvres, la rue ou les écoles paroissiales, moins chères, mais qui ne sont pas rentables. 80% des enfants n'atteignent pas la fin de l'école primaire.

Le quartier Mpasa II, à 30 kilomètres du centre de Kinshasa est très récent et un des plus pauvres de la ville. Il a peut-être 15000 habitants, beaucoup ont fui le centre-ville pour trouver un lopin de terre à cultiver en banlieue. Il n'y a ni eau, ni électricité, ni transports, ni travail. La paroisse catholique Sainte-Angèle y a été fondée en 1992, le groupe scolaire paroissial de la Persévérance peu après. Le seul collège-lycée compte 800 élèves et offre une formation professionnelle. Un an d'école coûte souvent 100 $ par an, mais l'École de la Persévérance ne demande que 40 $ aux familles : c'est encore beaucoup trop pour les démunis.

Des nouvelles du Groupe Ulm-Kin

Bilan de l'an passé (2004--2005)

Bilan, c'est-à-dire merci aux anciens ! Merci tout d'abord pour vos soutien, enthousiasme et prières. Merci aussi pour votre soutien financier, sans lequel ce qui précède reste très incomplet. Campagnes d'Avent et de Carême et dons mensuels des membres du groupe ont permis de récolter près de 5000 euros. Nous avons donc pu scolariser directement une dizaine d'élèves du groupe scolaire de la Persévérance1, boucler le budget de l'association Enfants de Kinshasa (comprenant entre autres le transfert du groupe électrogène et la dette de l'envoi de matériel scolaire de l'an précédent), permettre l'embauche d'un infirmier (encore à mi-temps...2) pour les mille cinq cents enfants du groupe3.

À signaler : pas de devis valable pour permettre le forage d'un puits pour l'eau potable. Gros échec et de l'argent qui dort. Espérons que la situation va se débloquer.

Projets pour cette année

Tout dépendra de deux facteurs :
Nous envisageons :
Enfin, un vaste travail de partenariat est à engager en France entre différentes personnes et petites associations (gérées par des Français ou par des réfugiés congolais) engagées dans le même combat pour le développement et la justice en RDC, pour mettre informations et projets en commun. Notre groupe peut jouer un rôle de charnière très profitable.

Institut Bompikiliki. Effectifs prévus 2005--20064

Rappelons que la paroisse Sainte-Angèle du quartier Mpasa II, en banlieue de Kinshasa, compte un centre nutritionnel, une école maternelle, une école primaire et un institut, c'est-à-dire dans le système scolaire congolais, un collège-lycée. Les chiffres ci-après concernent l'Institut, appelé Bompikiliki, c'est-à-dire, en lingala, de la Persévérance.

Les deux premières années sont vouées à l'enseignement général, les quatre suivantes préparent à l'équivalent du Bac professionnel, avec une option qui permet d'exercer ensuite un métier : à la Persévérance, soit Pédagogie, pour devenir enseignant, soit Scientifique (ou Biochimie, centrée sur l'agronomie, la bio, etc.)5.


Classes Effectif
1 ère année A 45
1 ère année B 45
1 ère année C 45
2ième année A 45
2ième année B 45
2ième année C 45
3ième scientifique 50
3ième pédagogique 50
4ième scientifique 45
4ième pédagogique 45
5ième scientifique 42
5ième pédagogique 42
6ième scientifique 40
6ième pédagogique 40
Enfants en difficulté matérielle Garçons Filles Total
Orphelins 39 53 92
Déplacés de guerre 13 10 23
Enfants abandonnés 31 19 50
Autres 62 76 138
Total 145 158 303
 
 
Total 1 ère année 135 élèves
Total 2ième année 135 élèves
Total 3ième année 100 élèves
Total 4ième année 90 élèves
Total 5ième année 84 élèves
Total 6ième année 80 élèves
Effectif total 624 élèves



L'effectif devrait atteindre 630 élèves pour 2006--2007. À noter le très fort taux d'abandon entre les 2ièmeet 3ièmeannées, ce qui correspondrait à notre passage en 4ièmeet l'érosion des effectifs d'une année à l'autre jusqu'au bac : la plupart ne viennent pas de difficultés scolaires, mais de la pauvreté. Ceux qui atteignent le collège sont en fait déjà des privilégiés. On voit aussi le grand nombre d'adolescents qui peuvent faire des études sans en avoir les moyens financiers : l'École de la Persévérance est structurellement déficitaire et c'est grâce à notre aide, nous écrit le P. Bankita, qu'elle sort «enfin la tête hors de l'eau».

Dans l'actualité congolaise.

Transition : l'enlisement ?

La «Transition» politique mise en place au sortir officiel de la guerre de 1996--2002 devait finir le 30 juin 2005 avec l'organisation des premières élections libres depuis 1960. En raison du manque de préparation, les élections ont été repoussées (le recensement des électeurs venait à peine de commencer), mais le bain de sang attendu n'a pas eu lieu. Quelques morts seulement quand la police a tiré sur des opposants de l'UDPS6 qui protestaient à Kinshasa. L'UDPS, seul parti exclu des institutions de la transition, est en bonne position pour dénoncer ce que tout le monde au Congo a bien compris7 : les politiciens-chefs de guerre ennemis qui se sont partagé le pouvoir en 2002 bénéficient de postes confortablement financés par les donateurs internationaux et ne sont pas pressés d'organiser des élections qui risqueraient de les en chasser. D'autant qu'ils se sont partagés légalement ce qu'ils avaient conquis par la terreur : les revenus juteux des sociétés minières publiques.

Que va-t-il se passer ? De vraies élections, après 45 ans de dictature ? Un énième partage du pouvoir entre les acteurs de la transition devenus «légitimes» ? Une nouvelle guerre menée par les miliciens ayant perdu ? Dieu seul le sait encore. En tout cas, le recensement se poursuit convenablement. Les élections sont possibles, mais seront-elles démocratiques ?

Grèves des instituteurs

Un nouveau mois de grève en septembre-octobre dans l'enseignement catholique à Kinshasa, pour finir sur pas grand-chose : éviter de priver les élèves d'une année scolaire, et faire, une fois de plus confiance au président qui a promis de payer les professeurs 60 dollars par mois (soit deux fois plus que les actuels 30 $ mensuels, payés de temps en temps). Le corps enseignant demandait 200 $, comme promis par des accords de 2004... Ces nouvelles promesses minimales seont-elles suivies d'effet ?

Occupation : le début de la vérité ?

L'invasion étrangère de 1996, principalement conduite par le régime rwandais, a débouché sur une terrible occupation du pays et une longue guerre jusqu'en 2002. On savait que les troupes rwandaises tutsies avaient pourchassé les réfugiés hutus rwandais et commis de gigantesques massacres dans les camps, comme à Tingi-Tingi, près de Kisangani8. On savait aussi que, sous prétexte de «venger» le génocide de 1994, les officiers rwandais voulaient s'emparer des richesses du Congo et perpétraient le massacre de tous ceux qui pouvaient s'opposer à eux. Cela allait de la communauté de religieuses hachée à la mitrailleuse jusqu'au massacre de tous les fonctionnaires d'une ville, jetés ensuite dans le fleuve avec des pierres dans le ventre, en passant par des massacres semblables à notre Oradour-sur-Glane en 1944 : tous les habitants du village enfermés dans l'église et on y met le feu.

On savait tout cela, quand on voulait bien le savoir, et peu de gens de par le monde s'en sont vraiment offusqués. Mais en ce début du mois d'octobre, quelque chose de nouveau a eu lieu. Des gens de Rutshuru, une ville du Kivu tout près de la frontière rwandaise, ont découvert de vastes charniers. Ce qui est vraiment nouveau, ce n'est pas ce genre de découvertes, mais le fait qu'on l'ait su à l'extérieur : le black-out de l'information, orchestré par les Rwandais et leurs complices du RCD-Goma, se fissurerait-il ? Jusqu'ici, aucune info mettant en cause les occupants rwandais tutsi ne passait, les seuls miliciens dénoncés étant les rebelles hutus, opposés au régime rwandais et prétexte de l'occupation9. On a même vu alors dans Jeune Afrique L'Intelligent (www.jeuneafrique.com) des témoignages de rescapés de Rutshuru en 1996. Ils décrivent, juste après la prise de pouvoir de la «rébellion congolaise» menée par les troupes rwandaises, ces mêmes troupes rassemblant les populations dans le centre-ville, sous prétexte de Meeting patriotique. Pendant ce temps, les soldats creusent des dizaines de fosses en périphérie. Au Meeting, on sépare les gens d'origine Hutu des autres, et on massacre les premiers, sans distinction de sexe ou d'âge.

En clair, si tout cela était confirmé, on aurait ici plus que les horribles massacres précités, mais bien un début effectif de génocide, orchestré en représailles de celui de 1994.

Renseignements pratiques

Soutien financier

Par vos dons, vous pouvez aider les enfants à aller à l'école et à améliorer leur santé en équipant l'infirmerie. Parrainer un enfant permettra d'entamer une correspondance (malgré le problème de la poste au Congo...). Chèques à l'ordre d'Enfants de Kinshasa, donnant droit à une déduction fiscale de 60%.

Contacts

L.D.




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