L'amour4 de l'action selon Saint Augustin naît d'une volonté de copier Dieu plutôt que de le servir : cette volonté est proprement l'orgueil. L'âme humaine seule n'est rien, sans quoi elle ne serait pas changeante : tout ce qu'elle a d'être lui vient de Dieu. Servir Dieu, c'est donc vivifier son âme ; vouloir copier Dieu, c'est la vider. Vouloir copier Dieu, c'est en fait vouloir avoir un effet sur les autres âmes raisonnables. Et cet effet, comme on l'a vu, est dû à la perception d'une harmonie inférieure. Ceux qui cherchent donc à copier Dieu dès lors jouent des harmonies inférieures pour accéder aux honneurs et à la gloire, par pur orgueil : pour prendre un exemple simple, ils peuvent miser sur leur beauté, ou afficher une conduite morale irréprochable...
Saint Augustin travaillant
La première est la vertu de la tempérance : ne pas prendre les harmonies inférieures pour l'harmonie divine sans faire preuve de modération dans son ardeur. D'autres vertus sont appelées par Saint Augustin : le courage d'abord, puisque l'âme ne doit redouter aucune adversité, pas même la mort, pour pouvoir contempler Dieu. C'est aussi la justice, qui fait que l'âme sert Dieu seulement et ne cherche à s'assimiler qu'aux âmes les plus pures et à n'assimiler à elles que ce qui est animal et corporel : c'est tout simplement rester à sa place (la justice inclut l'idée de hiérarchie)... La prudence, quatrième et dernière vertu, est ce par quoi l'âme comprend où elle doit s'établir. La charité est la réorientation de l'âme vers Dieu, et par là-même elle est en quelque sorte le principe des quatre vertus. Saint Augustin est habituellement reconnu comme le théologien de l'amour, et la charité, c'est l'amour dans ce qu'il a de pur et de vrai.
Choeurs des Anges, de Gozzoli.